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Actualités - ANALYSE

Les conflits actuels, un paravent pour une bataille inavouée...

Cet ancien ministre trouve «absurde que l’on ouvre des dossiers litigieux en une phase terminale où on ne peut leur apporter aucun traitement. Il faudrait, à son avis, attendre le prochain régime en laissant l’actuel achever tranquillement son temps en se contentant d’expédier les affaires courantes…». Sauf que les remous et les tensions ainsi provoqués sont une fin en soi. Les sujets soulevés importent bien moins que la charge de conflit qu’ils recèlent. Autrement dit, le but ce n’est pas de traiter tel ou tel problème mais d’entretenir un climat de bataille en rapport avec la présidentielle. Comme les décideurs n’ont toujours pas donné le coup d’envoi de la compétition et insistent pour que les candidatures restent sous pli fermé jusqu’à la fin de l’été, il faut bien que les luttes d’influence s’exercent sur d’autres thèmes qui servent donc de prétexte ou d’exutoire. Par contre, «on trouve difficilement une explication à l’effroyable montée en puissance de la criminalité dans le pays» reprend l’ancien ministre. Pour lui, «cette recrudescence, qui s’allie aux scandales divers qui éclatent ici ou là, comme l’affaire du Bureau du médicament ou les pannes de l’électricité, peut également s’inscrire dans le cadre des présidentielles. Dans ce sens que le climat d’inquiétude et de malaise que tout cela suscite favorise certaines configurations de candidatures et fait pencher la balance a priori en faveur d’un homme à poigne…». Sauf, là aussi, que tout cela ne compte pas vraiment, le seul élément déterminant restant bien évidemment le choix des décideurs. Et il n’est pas dit, peut-être même au contraire, que le climat actuel les incite à opter pour ledit «homme fort», un pouvoir qui n’aurait plus tellement besoin de soutien pouvant difficilement les intéresser. Saturation En tout cas, quelles qu’en soient les motivations politiques occultes, ce sont de vrais problèmes auxquels le pouvoir se trouve aujourd’hui confronté: — D’abord, l’échelle des salaires dans la fonction publique. Pas de désaccord sur le projet même, mais sur les moyens de le financer, étant entendu que le Trésor ne veut pas y aller de sa poche, pour ne pas aggraver le déficit budgétaire. Car il ne faut pas fâcher la Banque mondiale, très stricte à ce sujet et qui menace de supprimer son aide si ce déficit devait comme l’an passé dépasser les 50%. Il faut donc trouver des sous ailleurs que dans les caisses publiques, ailleurs aussi que dans l’endettement. Le premier réflexe des argentiers, toujours le même depuis l’avènement de M. Hariri, est de pressurer le contribuable. Et comme les impôts directs ne sont pas d’un apport régulier et garanti, ce même réflexe incite les gestionnaires à grever encore plus les impôts et taxes indirects. Ce qui creuse encore plus le fossé social car ce genre de fiscalité frappe beaucoup plus fort les faibles que les nantis. Seulement il arrive un moment où l’on atteint un plafond de saturation et où toute nouvelle mesure provoque une révolte. D’autant que les ponctions indirectes sont forcément de nature inflationniste: dans un pays importateur à 90% comme le Liban, elles affectent fatalement les prix du marché et sont cause de lourde cherté et de chute du pouvoir d’achat de la monnaie nationale. Ces éléments, très réels, peuvent cependant être exploités à des fins démagogiques. On voit ainsi des politiciens qui exigent l’application de l’augmentation salariale même au profit des retraités et des contractuels (comme des innombrables parasites que compte l’Administration) en poussant les hauts cris contre tout relèvement fiscal, et sans pour autant dire où trouver l’argent… Pour tout dire le gouvernement se retrouve devant un sérieux dilemme: soit faire flamber le déficit budgétaire en empruntant à tour de bras pour alimenter la caisse des fonctionnaires; soit bloquer le projet, en reniant ses promesses et en provoquant la grogne de ces mêmes fonctionnaires qui se comptent par centaines de milliers, l’Etat étant de très loin le plus gros employeur du pays. — Le retour des réfugiés, et plus exactement, là aussi, les moyens de le financer et les mécanismes à adopter à cet effet. On sait que MM. Joumblatt et Hariri ont à qui mieux mieux échangé de virulentes accusations de gaspillage et détournement d’objectif, sinon de fonds. Ces passes d’armes ont politisé le sujet et les procès réciproques sur les centaines de millions de dollars dépensés jusque-là en pure perte ou presque, pour nécessaires qu’ils soient moralement, vont si loin qu’en fait ils risquent de bloquer tout le processus. Ce qui, bien entendu, n’est l’objectif de personne… — La crise de l’électricité et le retour au régime du rationnement. Là encore, c’est de finances, plus exactement de finances douteuses, qu’il s’agit. Sur ce plan également on a eu droit à des rumeurs, des on-dit diffamatoires et des échanges de graves accusations. Ce qui a porté le ministre concerné, M. Elie Hobeika, à estimer qu’il faisait personnellement l’objet d’une campagne bien orchestrée, sans doute pour brûler ses cartes dans le cadre des présidentielles. — Dernière en date des «affaires», la crise qui secoue le Bureau national du médicament. Un conseil d’administration dont les membres démissionnent après avoir découvert que les 144 millions de L.L. de dépenses administratives qu’ils avaient avalisés étaient devenus 460 millions… Un tour de passe-passe d’autant plus prodigieux que ledit Bureau n’existe toujours que sur le papier et n’a jamais commencé à fonctionner, bien que le décret de création remonte à 1993.
Cet ancien ministre trouve «absurde que l’on ouvre des dossiers litigieux en une phase terminale où on ne peut leur apporter aucun traitement. Il faudrait, à son avis, attendre le prochain régime en laissant l’actuel achever tranquillement son temps en se contentant d’expédier les affaires courantes…». Sauf que les remous et les tensions ainsi provoqués sont une fin en...