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Actualités - REPORTAGE

Fadia El-Hajj et Sarband : Saladin et Richard coeur de lion en musique réconciliés (photo)

Comme chaque été, période rituelle d’effervescence culturelle, il y en a pour tous les goûts. Même les adeptes des chants du Moyen-Age sont servis. Fadia el-Hajj, qui est bien une Libanaise comme son patronyme l’indique, est soliste d’un groupe allemand, le Sarband, qui s’est spécialisé dans la musique traditionnelle médiévale, européenne orientale. Cet ensemble se produira à Baalbeck les 6 et 7 août. Et comme cette musique est furieusement à la mode en Allemagne, cela tombe à pic pour le centième anniversaire de la visite de Guillaume II au Liban. Pour Fadia, Baalbeck est le test des grandes car c’est là que Feyrouz et Sabah ont brillé de tous leurs feux. Ceci donne une motivation supplémentaire pour la découvrir. Fille du peintre libanais Maroun Tom, Fadia el-Hajj a chanté très jeune dans les opérettes des frères Rahbani. Installée en Allemagne durant la guerre, elle travaille sa voix à l’«Ecole de musique Richard Strauss», Munich, décrochant son diplôme en chant d’opéra et participant à des travaux présentés à l’Opéra de Munich et à la Radio classique bavaroise. En 1990, «Sarband», «l’ensemble de musique médiéval le plus original», selon la presse allemande, lui offre un espace où sa voix peut s’épanouir et célébrer la symbiose de l’Orient et de l’Occident. Pour mettre en évidence les liens existant entre la musique européenne et les différentes cultures musicales de l’Islam, Fadia el-Hajj déploie d’infinies subtilités vocales. Elle prend soin de respecter le syncrétisme qui s’opère entre la liberté des formes, la profusion des fioritures orientale et la structure de la musique classique occidentale. L’artiste prend ce rôle comme un jeu noble et divers, où l’andante, l’allegro ma non troppo et le scherzo doivent s’entremêler aux arabesques. «Le chant médiéval a un caractère spécial. Il nécessite une discipline académique occidentale et une improvisation intelligente des ornements orientaux, sur des mélodies simples. Cela demande beaucoup d’expérience bien sûr, mais cet art s’adapte à ma tessiture orientale, et par conséquent les transformations de registre ne sont pas brusques...», explique Fadia el-Hajj. Le chant médiéval n’est pas une vieille formule usagée mais une «récréation moderne» définitivement adaptée par l’Allemagne et qui trouve un écho aussi chaleureux qu’universel. «Cette musique-mélange de médiéval sacré et de chants populaires — est en vogue depuis déjà quatre ans. Il y a de fervents pèlerins de la pop music qui encombrent les salles de spectacles. Ils sont là réunis dans un même désir de paix et une semblable nostalgie du passé» dit l’artiste. «Le public est une synthèse de plusieurs mondes. Il incarne la tolérance et l’amour mais croit aussi en la richesse des différences. D’où le sentiment de toucher à quelque chose de sacré...» ajoute-t-elle. Qu’on ne dise pas à Fadia el-Hajj que le médiéval est triste, encore moins figé dans le temps. «Tout au contraire, s’il y a bien quelques mélodies monotones, les chansons sont en général très rythmées, enlevées, fougueuses et festives», dit-elle. Par ailleurs, impossible de bavarder avec la soliste sans qu’elle exalte le talent de ses partenaires: Vladimir Ivanoff (direction musicale, percussion, luth); Piers Ford (chalumeau, harpe, cornemuse, flûte); Ian Harrisson (cornet à piston, hautbois); Anja Herrmann (percussion); Marianne Kirch ( qanoun européen); Anette Osann (vielle à clavier); Jean Walter ( percussion, qanoun) et, pour l’occasion, le Libanais Charbel Rouhana au «oud». Fadia el-Hajj sera également accompagnée de 35 choristes du «Osnabrück Jungend». Signalons que l’ensemble «Sarband» a pris part à de nombreux festivals internationaux comme «Mimi d’Arles» et «Art Project Festiva» Copenhague en 1996; «Eros et Ecclesia Festival», Berlin 97; «Medieval Music Festival , Queen Elizabeth Hall», «Bristol-Cambridge Festival» en 97 et, tout récemment à Duisbourg , en présence du chef de l’Etat allemand... «Sarband» inaugurera le Festival de Weimar en août 99. Au répertoire de Baalbeck, des extraits de «Lliber Vermeil», (espagnol); «Hildegart Von Bingen»; quatre lieds Séfardiques; des chansons siciliennes mais aussi cinq «mouachahats». L’artiste a-t-elle le trac pour sa première représentation avec ce groupe au Liban ? «Je suis très «confortable» avec moi-même et une fois sur scène je déborde d’un enthousiasme qui laisse penser que je ne doute de rien», avoue-t-elle en souriant. «Toutefois, j’appréhende à Baalbeck non pas les critiques sérieux mais les sans-opinions qui attendent le vent et les hostiles a priori...». Il y a dans sa prunelle, brillant sous l’arc de ses sourcils dessinés hardiment, une calme fierté…
Comme chaque été, période rituelle d’effervescence culturelle, il y en a pour tous les goûts. Même les adeptes des chants du Moyen-Age sont servis. Fadia el-Hajj, qui est bien une Libanaise comme son patronyme l’indique, est soliste d’un groupe allemand, le Sarband, qui s’est spécialisé dans la musique traditionnelle médiévale, européenne orientale. Cet...