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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Le congrès sur le thème globalisation et vie étudiante La JEC a besoin de repenser l'éducation

Après deux jours d’un «programme d’immersion» destiné surtout aux visiteurs, le congrès de la Jeunesse étudiante catholique mondiale (JEC) qui se tient au couvent Notre-Dame du Mont, à Fatka, a abordé hier son thème central «Globalisation et vie étudiante», sur lequel M. Kevin McDonald, professeur de sociologie à l’Université de Melbourne (Australie), a apporté une contribution majeure. A priori sujet de réflexion «occidental» par excellence, le thème de la globalisation est destiné à intéresser les jeunes Libanais, dans la mesure où les modèles économiques et sociaux occidentaux sont appelés à se généraliser. Ainsi, M. McDonald a souligné qu’«à la base du phénomène de globalisation, il y a le constat de la crise de l’Etat-nation, qui semble se désintégrer dans plusieurs domaines. Un éclatement qui entraîne l’exacerbation du dualisme entre riches et pauvres aussi bien entre pays qu’à l’intérieur des pays eux-mêmes. Ainsi, la globalisation agit sur la réalité comme une espèce de rupture de l’expérience sociale. Il s’agit là d’un défi lancé à la JEC .Un défi qui doit la pousser à cultiver sa capacité de compréhension, pour saisir les différentes façons dont chaque être humain, et en particulier chaque étudiant, se voit affecté par le phénomène en question». Et M. McDonald de souligner que le processus de globalisation, qui affecte tous les secteurs, est en train de redéfinir le rôle des institutions éducatives. Des institutions qui, il y a quelques décennies, formaient encore des «élites», mais qui aujourd’hui sont touchées par le phénomène de «massification» des études. Cette expansion de l’éducation, ajoute-t-il, s’accompagne d’un processus plus large et complexe, que les sociologues définissent comme la «désorganisation» de l’expérience de la jeunesse.Une «désorganisation» marquée par l’expérience de la précarité de l’emploi, voire du chômage, et d’une espèce de «désynchronisation» de l’ensemble du vécu des jeunes, qui peuvent accéder à la maturité sexuelle bien avant d’être économiquement autonomes. Des sujets fragilisés Selon le témoignage du Péruvien Luis Manay, secrétaire latino-américain de la JEC, «la globalisation frappe fortement la jeunesse.Résultat, nous voyons des sujets fragilisés, qui perdent leurs références. En particulier, les étudiants développent une culture plus libérale, qui parfois touche les limites du manque de responsabilité. Cela est dû à un marché qui impose une logique économiste, d’où des attitudes à l’université de simple consommation de ce qu’elle offre, sans l’idée d’une contrepartie personnelle sous la forme d’une contribution à son développement». Au niveau universitaire, souligne M. McDonald, cela entraîne un changement de la signification des études .L’éducation, aujourd’hui, s’éloigne de la simple transmission de normes à travers un processus de socialisation qui opère surtout par intériorisation des rôles et des normes, et devient plus proche de la subjectivité.Aujourd’hui, on demande aux étudiants une implication personnelle dans un processus d’auto-découverte. C’est ce qu’on pourrait appeler la «personnalisation». Plus subtilement, poursuit le responsable universitaire, c’est tout le système de qualification à travers des notes qui est en jeu, car il agit directement sur l’expérience de construction subjective des édudiants. Autant les bonnes notes construisent l’étudiant et son estime de lui-même,autant l’échec scolaire et universitaire est perçu comme augmentant le risque d’anonymat. D’où le risque de se réfugier dans la subjectivité, comme mécanisme de défense contre l’objectivité de l’appréciation scolaire, suivant une attitude qui pourrait s’exprimer ainsi: «Les études ne sont pas le vrai moi.Le vrai moi, c’est ailleurs». Mais cette subjectivation des études n’est pas sans risque, dans le contexte d’une éducation «massifiée». D’où, en partie, l’éclosion de la violence, surtout contre les maîtres. La JEC a donc besoin de repenser ce qui se passe dans l’éducation, et d’assurer aux étudiants un contact avec les sources morales de la société, par-delà la simple transmission des contenus.Les résultats des études dépendent donc beaucoup de la qualité des relations entre professeurs et étudiants. Pour le responsable universitaire, «on assiste à un processus complexe de recomposition de la société civile où s’opère un déplacement du politique à l’éthique. Aujourd’hui, plutôt qu’un programme politique, ce que les jeunes demandent, c’est la reconnaissance de leurs personnes, assure-t-il. C’est à ce niveau que la JEC doit apporter sa contribution». Et M. McDonald de conclure en évoquant «les possibilités créatrices» que présente le contexte de la globalisation, ainsi que «les nouvelles quêtes de solidarité et d’intégration» qu’elle engendre. La JEC, selon lui, peut aider les jeunes «à éviter les analyses et attitudes fatalistes, qui étouffent les raisons de célébrer et d’espérer présentes».
Après deux jours d’un «programme d’immersion» destiné surtout aux visiteurs, le congrès de la Jeunesse étudiante catholique mondiale (JEC) qui se tient au couvent Notre-Dame du Mont, à Fatka, a abordé hier son thème central «Globalisation et vie étudiante», sur lequel M. Kevin McDonald, professeur de sociologie à l’Université de Melbourne (Australie), a apporté une...