Détenue depuis 10 ans par l'ALS pour tentative d'assassinat de Lahd Souha Béchara reçoit sa mère à Khiam (photos)

La mère de Souha Béchara, la jeune femme emprisonnée depuis dix ans par l’Armée du Liban-Sud (ALS), s’est rendue hier dans la prison de Khiam, dans la zone occupée par Israël au Liban-Sud, où elle a pu voir sa fille. Recouverte d’un foulard cachant des cheveux grisonnants, Mme Najat Béchara est entrée pour la première fois dans la prison de Khiam dans un autobus du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en compagnie des familles de 14 autres détenus. Souha, une militante communiste de 31 ans, est détenue depuis 1988 à Khiam pour une tentative d’assassinat du chef de l’ALS, le général Antoine Lahd. Près de 125 Libanais sont toujours détenus à Khiam, certains depuis plus de dix ans, sans être passés en jugement et sans que des charges judiciaires aient été retenues contre eux. Les parents des détenus ont obtenu des autorisations de visite après des contacts entrepris par le CICR. Dans une interview à «L’Orient-Le Jour», le délégué au Liban du CICR, M. Jean-Jacques Frésard, avait déclaré que Souha Béchara pourrait être libérée bientôt. «Elle a fêté son 31e anniversaire en prison mais je ne crois pas qu’elle y restera encore longtemps», avait-il déclaré. L’annonce de la reprise des visites intervient à la suite de l’échange entre Israël et le Liban de la dépouille d’un militaire israélien contre la libération de 60 Libanais et la restitution des corps de 40 autres. Principal artisan de cet échange le 27 juin dernier, M. Frésard quitte le Liban pour un poste aux Nations Unies à New York à la section des personnes déplacées par les conflits. Israël avait suspendu les visites de parents à Khiam à la suite de la mort de 12 de ses soldats en septembre 1997 lors de l’opération de commando ratée à Ansariyé. Le gouvernement israélien affirme que le sort des détenus de Khiam relève de l’ALS. Mais, une avocate israélienne qui défend Souha Béchara, Mme Léa Tsemel, soutient que le général Lahd dispose d’un passeport israélien, ce qui rend selon elle Israël responsable de cette prison. Créée en 1985, la prison de Khiam, une ancienne caserne de l’armée libanaise, a été interdite aux organisations internationales et aux parents des détenus jusqu’en octobre 1995. Les conditions de détention ont été dénoncées à maintes reprises par Amnesty International qui a fait état d’une pratique généralisée de la torture. Le Parti communiste libanais a décidé d’organiser dimanche à Beyrouth un rassemblement de soutient à Souha Béchara, en présence de sa mère.