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Actualités - CHRONOLOGIE

Sans logis à Chicago

Un quartier défavorisé de Chicago (Illinois), décrié comme un monument au fiasco du logement social aux Etats-Unis, et infesté par la drogue et les gangs, est en cours de réhabilitation, au grand dam de ses habitants qui craignent l’éviction. La réhabilitation de ce vaste complexe immobilier de six kilomètres de long prévoit la démolition de certains immeubles, qui a commencé cette semaine, ainsi que la rénovation d’une partie des logements sociaux. Mais le projet de réhabilitation lancé dans le cadre d’un programme fédéral de 25 millions de dollars ne permet de financer que la construction ou la rénovation de 250 à 300 logements nouveaux, alors qu’il en existe 1.691 qui sont actuellement occupés, selon les adversaires du projet. Les opposants affirment, en outre, que ce projet d’urbanisme risque d’augmenter la population de sans-logis à Chicago, une ville de trois millions d’habitants qui manque déjà cruellement de logements. A travers les Etats-Unis, le gouvernement fédéral prévoit de démolir près de 95.000 logements sociaux en ruine d’ici l’an 2003 et de les rénover ou les remplacer afin d’attirer de nouveaux habitants et relancer l’activité dans certaines zones urbaines très défavorisées. L’objectif est louable, mais la tâche ardue, particulièrement à Chicago, qui compte 18.000 logements sociaux, soit le plus grand nombre dans le pays. Le complexe immobilier Robert Taylor a été construit entre 1959 et 1963 et abrite 28 tours en béton, où logent 11.000 personnes, dont 90% sont noirs et 70% âgés de moins de 21 ans. Le taux de chômage atteint ici 96% de la population locale. Une communauté «Nous rénovons le Taylor Homes B (six immeubles) afin d’attirer de nouveaux habitants ayant des revenus mixtes, pour que le quartier soit moins isolé, qu’il y ait plus d’emplois, moins de crime et de meilleures écoles», affirme la porte-parole des autorités du logement à Chicago, Vivian Potter. Les résidents actuels pourront soit s’y s’installer ou bénéficier d’une aide financière pour déménager dans des logements privés, dit-elle. Mais les habitants du complexe ne l’entendent pas de cette oreille. «Pas moi, je ne déménage pas. J’habite ici depuis 17 ans. C’est chez moi», affirme Debora Young, une habitante du quartier. «Bien sûr, je vois tous les jours des adolescents vendre de la drogue, j’entends les coups de feu des gangs, et je dois souvent grimper 16 étages quand l’ascenseur est en panne», dit-elle. «Mais je connais tout le monde. Si j’ai besoin d’aide, je peux l’obtenir. C’est une communauté, ajoute-t-elle. Et, de toute façon, je ne peux pas déménager et me payer un logement à 125.000 dollars». «Les gens sont très mécontents», indique de son côté Janice Patton, trésorière de l’association locale des résidents. «Détruisez le lieu, mais ne nous déplacez pas. Ils veulent se débarrasser des Noirs, des pauvres, et nous forcer à aller ailleurs», lance-t-elle à l’adresse des autorités de la ville. «C’est vraiment une mauvaise politique que de vouloir détruire des logements et de ne pas les remplacer dans une ville qui compte chaque soir 15.000 sans-logis et 60.000 personnes placées sur des listes d’attente», estime pour sa part Wardell Yotaghan, président de la Coalition pour la protection du logement social. «Au cours des dix dernières années, nous avons perdu 40.000 logements à Chicaco», précise-t-il. A court terme, il devrait y avoir «une pause dans la démolition de logements sociaux afin de permettre un examen plus approfondi du problème», affirme enfin Ken Oliver, membre d’un réseau de 40 associations locales s’occupant des problèmes liés au logement. (AFP)
Un quartier défavorisé de Chicago (Illinois), décrié comme un monument au fiasco du logement social aux Etats-Unis, et infesté par la drogue et les gangs, est en cours de réhabilitation, au grand dam de ses habitants qui craignent l’éviction. La réhabilitation de ce vaste complexe immobilier de six kilomètres de long prévoit la démolition de certains immeubles, qui a...