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Actualités - REPORTAGE

Mois de la photographie Wolff, Jodice, Sassine, Zabbal à Beiteddine : un objectif dissemblable mais également prenant ... (photos)

Le palais de Beiteddine prête ses cimaises au mois de la photo. Quatre photographes s’y partagent un bel espace de voûtes en pierre: les clichés du Français Bernard-Pierre Wolff et de l’Italien Mimmo Jodice empruntés à la Maison européenne de la photographie côtoient les photos de deux Libanais, Joe Sassine et Pierre Zabbal. Bernard-Pierre Wolff est décédé en 1985, à l’âge de 54 ans. L’œuvre exposée se présente en deux parties: une sélection de photos de reportages et une fascinante série sur l’Inde. Les scènes de rue dans New York en noir et blanc, ont été prises entre 1974 et 1984. Elles semblent aller au plus profond de cette ville unique au monde. Wolff se centre sur la pauvreté qui met l’être à nu... Un couple de vieux, cabas chargé, traverse une chaussée démesurément large; ces visages hagards qui explosent en premier plan avec en fond l’image «speedée» d’une ville qui va à 100 à l’heure; ces silhouettes décharnées, qui plus qu’ailleurs, font partie du décor; ces clochards qui, exclus du système, rasent les murs, ou se terrent à l’angle d’une rue... «Bernard-Pierre Wolff arpente la ville en tous sens, photographiant tout ce qui pouvait être photographié: les dingues, les drogués, les travestis, mais aussi les scènes de vie les plus anodines», écrit Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison européenne de la photographie. «Il photographie comme d’autres fument de l’opium ou du hasch, quotidiennement avec ivresse et volupté, transformant peu à peu son art en une pratique hallucinatoire...» Les clichés de l’Inde n’ont pas besoin de couleurs pour être l’exact reflet de ce qu’a capté l’œil du photographe. Le noir et blanc leur sied à merveille. Une vieille femme pleure la vache sacrée étalée sur le bitume; le traditionnel bain dans le Gange; deux Indiens, vêtus de chemises, les cheveux gominés, se font tirer le portrait dans un studio... de plein air; un enfant dort à l’ombre d’un train. Et toujours en arrière-plan, les saris des femmes, les pagnes des hommes. De Bombay à New Delhi en passant par Poona, Benarés, Avrangabad, Puri, Lucknow... «L’Inde n’est pas pauvre», écrivait Wolff, «c’est nous qui le sommes. Essayez de la comprendre et vous aurez fait le plus beau voyage qui soit». L’œil à l’affût, le cœur à l’écoute, Bernard-Pierre Wolff offre un beau dépaysement à travers le sous-continent indien. l Mimmo Jodice nous convie à un voyage en noir et blanc, sur les bords de la Méditerranée. De Tunis à Nîmes, de Naples en Syrie, ses clichés figent le temps dans sa course, fixent une lumière qui transperce le ciel. Né à Naples, Mimmo Jodice est imbibé de cette luminosité qui baigne la «mare nostrum». Outre la mer, Jodice offre une série de clichés sur les ruines romaines qui s’éparpillent un peu partout dans les pays de la Méditerranée. Les mosaïques altérées par le temps gardent malgré tout une belle fraîcheur; les bustes en bronze ont les yeux expressifs... Disparité Les Libanais, Joe Sassine et Pierre Zabbal offrent des œuvres très dissemblables. Les quinze tableaux signés Joe Sassine sont une audacieuse mise en scène photographique sur le thème fruits et légumes. Sur fond noir, le rouge de la tomate, le jaune de la poire, le vert d’un poivron, le bronze d’une aubergine éclatent en ombres et en lumières. Les arrondis opulents ou les formes longitudinales gainent le fruit, en faisant ressortir la texture, une peau granulée ou lisse, toujours sensuelle. Joe Sassine n’aime pas se laisser prendre en photo, sauf quand le portrait a de l’originalité... l Pierre Zabbal est photo-reporter indépendant. Les 53 photos qu’il expose ont été prises dans le début des années 90. Ces «carnets de voyage» emmènent le spectateur en Asie. L’Orient offre ainsi une profusion de couleurs, un arc-en-ciel dans les teintes ocre et feu. L’Inde et ses lieux de culte; un Nouvel an en Thaïlande, tout en couleurs; les bouddhas en enfilade, drapés de jaune; de belles prises de vue du Pic d’Adam, au Sri Lanka; Benarès, «ville où on aimerait bien aller mourir...», dit le photographe, avec son crématorium où les braises, encore rougeoyantes, donnent une impression de terre brûlée; avec ses légendes et ses épopées sacrées... Aline GEMAYEL
Le palais de Beiteddine prête ses cimaises au mois de la photo. Quatre photographes s’y partagent un bel espace de voûtes en pierre: les clichés du Français Bernard-Pierre Wolff et de l’Italien Mimmo Jodice empruntés à la Maison européenne de la photographie côtoient les photos de deux Libanais, Joe Sassine et Pierre Zabbal. Bernard-Pierre Wolff est décédé en 1985, à...