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Actualités - ANALYSE

Ce doute, toujours ce doute ...

La blague est aussi éculée que british: ce gentleman qui ouvre le placard de sa lady, y découvre James, referme doucement le battant en soupirant «ce doute, toujours ce doute…». Ceci pour dire qu’objectivement rien n’est jamais acquis. Ainsi à l’optimisme béat affiché par les haririens au retour de leur chef de Washington, répondent de tous côtés des rapports diplomatiques (les fameuses «dépêches d’ambassades») sobrement et sombrement pessimistes. Pourtant, par un réflexe d’élémentaire courtoisie l’ambassadeur U.S., Richard Jones, s’est efforcé de faire écho aux roses prévisions du premier ministre. A l’issue d’un entretien d’une heure quinze avec M. Hariri, le diplomate a en effet estimé que la stagnation régionale n’allait plus durer longtemps. Il a, dans une remarquable litote, indiqué que l’on avait «l’intention» de redynamiser les volets gelés. Refusant d’entrer dans les détails, il a répété que l’on allait s’efforcer de faire redémarrer les négociations… Dans d’autres échanges, officieux cette fois, M. Jones s’aventure à dire qu’il va y avoir des développements positifs concernant la scène locale et plus particulièrement le Sud où l’armée israélienne appliquerait enfin la 425. Et cela avant la présidentielle. Mais comme il évite toujours soigneusement d’entrer dans les «détails», on n’en est pas plus avancé. Dans ce sens qu’on ne sait pas encore si Washington s’est vraiment rallié aux thèses irréductibles de Beyrouth sur une 425 inconditionnelle ou s’il continue à penser qu’Israël est en droit de réclamer des négociations qui ne soient pas purement techniques. D’autres diplomates occidentaux s’attendent pour leur part que le «quelque chose» dont a parlé M. Rafic Hariri survienne en août. Mais certains estiment, dans les comptes rendus adressés à leurs gouvernements, qu’on ne peut au stade actuel s’empêcher de douter d’un prochain retrait israélien du Liban, surtout s’il devait être inconditionnel, car cela représenterait pour Netanyahu un terrible aveu de défaite devant le Hezbollah. Assez étonnamment, du moins pour qui ignore que le Palais Bustros prend systématiquement le contre-pied de Koraytem et vice-versa, la diplomatie locale est loin de partager l’optimisme du chef du gouvernement ou de l’ambassadeur U.S. Selon un cadre de ce département «toutes les données, tous les échos reçus du dehors contredisent cet optimisme. Il serait étonnant qu’à Washington l’on ait réservé à M. Hariri la primeur de confidences dont aucune autre partie, régionale ou occidentale, n’a eu vent. Jusque-là, toutes les informations en provenance des quatre coins du monde se recoupent: Netanyahu n’est pas disposé à renoncer à ses conditions pour se retirer du Sud et les Américains continuent sur ce plan à lui tenir la main… D’autant plus volontiers que 81 parlementaires U.S., mus par le lobby sioniste, ont adressé à l’Administration Clinton une sévère admonestation la sommant de ne plus importuner par ses pressions le premier ministre israélien». Pour ces sources, «il est illusoire de miser par ailleurs sur les difficultés que Weizman cause à Netanyahu. Car c’est le volet palestinien que le chef de l’Etat hébreu soulève; or l’équation et la balance veulent que lorsque le gouvernement israélien lâche du lest sur un front, il serre la vis sur l’autre. C’est parce qu’il torpillait les accords d’Oslo que Netanyahu avait fait mine de «reconnaître» enfin la 425. Si la pression de Weizman, et de l’opinion israélienne qui le soutient, devait aboutir, on aurait une détente en Cisjordanie et ipso facto un raidissement au Sud où il ne serait plus question de retrait…». Derrière l’optimisme de M. Hariri et de M. Jones, ces cadres voient se profiler «une subtile tentative de Dennis Ross, coordonnateur américain du processus de paix, d’inciter Netanyahu à accepter le plan U.S. dit des 13% pour la Cisjordanie pour éviter de voir Washington confirmer qu’il soutient la thèse d’une 425 absolument inconditionnelle», ce qui en réalité n’est pas encore fait, aucun communiqué allant clairement dans ce sens n’ayant été publié par les Américains. Quoi qu’ils aient pu dire à M. Hariri…
La blague est aussi éculée que british: ce gentleman qui ouvre le placard de sa lady, y découvre James, referme doucement le battant en soupirant «ce doute, toujours ce doute…». Ceci pour dire qu’objectivement rien n’est jamais acquis. Ainsi à l’optimisme béat affiché par les haririens au retour de leur chef de Washington, répondent de tous côtés des rapports...