Un nouvel échange de prisonniers dépendrait d'informations sur Ron Arad, selon le CICR (photos)

Le délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Liban, Jean-Jacques Frésard, a estimé hier qu’un nouvel échange de prisonniers entre le Liban et Israël était tributaire d’informations sur le sort de l’aviateur israélien Ron Arad, capturé au Liban en 1986. «Des informations sur le sort de Ron Arad seraient probablement le seul espoir pour qu’il y ait un autre échange dans les mois qui viennent», a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Farès Boueiz. M. Frésard a précisé que le CICR n’«avait pas de nouvelles pour l’instant» et «ne savait pas si Ron Arad est mort ou vivant». Il a appelé «toute organisation ou toute personne ayant des informations à contacter le CICR ou le gouvernement libanais». Quatre militaires israéliens, dont Ron Arad, sont toujours portés disparus au Liban depuis plus de 12 ans. Le gouvernement israélien pense que Ron Arad est toujours vivant et qu’il est entre les mains de l’Iran ou de groupes pro-iraniens, ce que Téhéran a démenti. Après que son avion eut été abattu au-dessus du Liban-Sud, il avait été capturé par le mouvement Amal, mais son chef Nabih Berry a par la suite affirmé que le groupe qui le détenait avait fait dissidence et l’avait «remis aux Iraniens» et depuis sa trace est perdue et aucun mouvement libanais ne reconnaît le détenir. Le CICR a servi d’intermédiaire dans les négociations libano-israéliennes qui ont abouti vendredi dernier à la libération par l’Etat hébreu de 60 Libanais et la remise de 40 corps de combattants anti-israéliens en échange de la restitution par le Liban de la dépouille d’un militaire israélien. Après les libérations de vendredi, 42 Libanais sont toujours détenus en Israël et 125 autres à la prison de Khiam, dans la zone occupée par l’Etat hébreu au Liban-Sud, selon le président du comité libanais de défense des Libanais détenus dans les prisons israéliennes, Mohammad Safa. M. Frésard a d’autre part émis l’espoir que son organisation ainsi que les familles puissent reprendre leurs visites au centre de détention de Khiam, notamment après la restitution du corps du militaire israélien. Ces visites sont suspendues depuis septembre dernier. Arad contre Dirani et Obeid? De sources bien informées à Beyrouth, on laisse entendre que des préparatifs ont déjà été entamés en coulisses pour procéder à un deuxième échange entre le Liban et Israël, qui concernerait une quarantaine de détenus libanais, parmi lesquels deux responsables du Hezbollah, Abdel Karim Obeid et Moustapha Dirani, enlevés il y a quelques années par des commandos de l’Etat hébreu. La contrepartie en serait bien entendu la libération de Ron Arad. Selon les mêmes sources, il y a de fortes chances que l’aviateur israélien soit toujours en vie et que la partie qui le détient décide de se manifester bientôt, pour la première fois, en vue de cet échange. En revanche, on souligne toujours de même source qu’une autre détenue libanaise célèbre, Souha Béchara, qui avait tenté d’assassiner le chef de l’Armée du Liban-Sud (ALS) Antoine Lahd, ne serait pas concernée par un éventuel succès des tractations autour de Ron Arad. La raison, selon ces sources, en est que Mlle Béchara est détenue par l’ALS et non par Israël et que pour les autorités israéliennes, c’est au général Lahd de décider de son sort. Or, il semble que les responsables de la milice souhaitent garder Souha Béchara comme monnaie d’échange contre d’éventuelles concessions du gouvernement libanais au sujet de l’avenir des membres de l’ALS en cas de retrait d’Israël du Liban-Sud. On sait qu’Israël propose l’intégration de l’ALS au sein de l’armée libanaise, dans le cadre de son offre de retrait conditionnel de cette région. De mêmes sources, on indique que la position officielle libanaise à ce sujet n’a pas changé et qu’elle est toujours hostile à une telle intégration. Ces sources n’écartent pas néanmoins que cette demande puisse être examinée en cas de velléité «sérieuse» de retrait de la part d’Israël, mais uniquement dans le cadre d’une paix globale dans la région.