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Actualités - CHRONOLOGIE

Flambée de violence en Kabylie après l'assassinat de Lounès Matoub

De nombreux jeunes manifestants ont exprimé vendredi leur colère après l’assassinat du chanteur berbère Lounès Matoub en mettant à sac des bâtiments publics et en dressant des barricades à Tizi-Ouzou, principale ville de Kabylie. Le calme est toutefois revenu en fin d’après-midi après plusieurs heures de violence (VOIR AUSSI P.6). La douleur causée par la mort jeudi du chanteur, un des principaux acteurs du mouvement berbère, avait laissé place à l’expression violente d’une révolte contre les autorités et contre l’entrée en vigueur, le 5 juillet, d’une loi généralisant l’usage de l’arabe. Les militants berbères dénoncent cette loi, qu’ils jugent notamment dirigée contre «Tamazight» (la langue berbère). «Nous ne voulons pas être arabisés», avaient crié les manifestants, avant de s’attaquer systématiquement aux symboles des pouvoirs publics à Tizi-Ouzou et de détruire les panneaux avec des inscriptions en arabe. Durant plusieurs heures, des groupes de jeunes gens, armés de barres de fer, de pierres, ont saccagé l’éclairage public, la signalisation, brisé les vitres des édifices publics, selon des journalistes sur place. L’agence d’Air Algérie a notamment été incendiée, un bureau d’assurances complètement saccagé, comme la sous-direction de l’Agriculture. Des manifestants ont aussi pillé le magasin des Galeries algériennes, emportant avec eux réfrigérateurs et matériel électroménager. Ils ont dressé des barricades de fortune dans le centre-ville, jonché de détritus et de débris, et brûlé des pneus. Les manifestants ne semblaient pas très nombreux, mais étaient très mobiles. Les policiers, au départ débordés, ont tiré en l’air à plusieurs reprises et utilisé des grenades lacrymogènes. Un cordon de police anti-émeutes a été déployé pour protéger le siège de la wilaya (préfecture). Les violences ont commencé après un rassemblement devant la morgue de l’hôpital Mohamed Nédir, où la dépouille de Lounès Matoub a été exposée. La colère a commencé à monter et les habitants ont notamment scandé des slogans hostiles à la loi sur l’arabisation. Une région hostile au pouvoir A Béjaïa, deuxième ville de Kabylie, quelques centaines de personnes ont aussi manifesté en criant des slogans contre le pouvoir et l’arabisation, et en scandant «Tamazight», selon des témoignages obtenus par téléphone d’Alger. Lounès Matoub était une des figures de proue du mouvement berbère. Le Mouvement culturel berbère (MCB, coordination nationale) a promis de «continuer son combat». La Kabylie, région montagneuse qui s’étend à l’est d’Alger, est traditionnellement hostile au pouvoir central. C’est le fief des deux partis rivaux, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS), qui ont dénoncé la loi sur l’arabisation. Le FFS avait appelé, il y a quelques jours, à une marche pacifique le 5 juillet pour protester contre cette loi. L’enterrement de Lounès Matoub doit se dérouler dimanche dans son village natal de montagne de Taourirt Moussa, près de Tizi-Ouzou. Le MCB a appelé à une grève générale ce jour là. Lounès Matoub, 42 ans, a été tué de plusieurs balles jeudi après-midi à une quinzaine de kilomètres de Tizi-Ouzou. Sa femme et ses deux belles-soeurs, qui se trouvaient à bord de sa Mercédès, ont été blessées dans l’attaque attribuée à un commando islamiste. Cet assassinat a déclenché de très nombreuses réactions d’indignation des partis algériens et du gouvernement, et aussi en France, où le chanteur vivait la plupart du temps depuis 1994, et où réside une forte communauté émigrée originaire de Kabylie. Un rassemblement doit être organisé dimanche à Paris.(AFP)
De nombreux jeunes manifestants ont exprimé vendredi leur colère après l’assassinat du chanteur berbère Lounès Matoub en mettant à sac des bâtiments publics et en dressant des barricades à Tizi-Ouzou, principale ville de Kabylie. Le calme est toutefois revenu en fin d’après-midi après plusieurs heures de violence (VOIR AUSSI P.6). La douleur causée par la mort jeudi du...