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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Contestant la légitimité de sa visite aux Etats-Unis et critiquant ses résultats point par point Boueiz ouvre le feu sur Hariri (photo)

Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a attendu la fin de la visite du premier ministre Rafic Hariri aux Etats-Unis pour sortir de son mutisme. Il s’était, entre-temps, interdit pratiquement tout commentaire tant sur la forme de cette visite que sur le contenu des entretiens et des déclarations de M. Hariri à Washington et à New York. Mais hier, celui qui remplit les fonctions de chef de la diplomatie a littéralement explosé, attaquant frontalement le chef du gouvernement en lui contestant d’abord le droit d’effectuer des visites de ce genre sans en référer d’abord au Conseil des ministres, puis en réfutant la validité ou l’opportunité de toutes les annonces faites par M. Hariri lors de son voyage, notamment sur la visite du président syrien Hafez el-Assad au Liban en octobre prochain et la relance du processus de paix. C’est lors d’une conférence de presse au palais Bustros que M. Boueiz a ouvert le feu. «Depuis le début de la visite aux Etats-Unis du premier ministre et jusqu’à cette minute, j’ai gardé le silence. Je l’ai fait afin d’éviter que la situation intérieure ne se répercute sur la politique extérieure et dans l’espoir que cette visite aboutira à des résultats plus consistants que ce qui était sorti du sommet économique de Washington il y a quelques années», a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Il se référait à la conférence des «Amis du Liban» tenue dans la capitale fédérale en 1996, de laquelle il avait également été écarté et dont les promesses sont loin d’avoir été tenues jusqu’ici. M. Boueiz a ensuite développé l’argument selon lequel, «dans le cadre d’un système plaçant le pouvoir exécutif entre les mains du Conseil des ministres réuni, tout projet de visite à l’étranger doit être exposé au Conseil auquel il revient de décider d’approuver ou non le principe de la visite, de former la délégation qui doit l’effectuer et de définir les sujets qui doivent y être abordés». «Il ne s’agit pas tant des prérogatives du ministre des Affaires étrangères que de celles du Conseil des ministres et du parlement, qui est habilité à veiller sur le respect par l’exécutif des lois et de la Constitution», a-t-il souligné. Soucieux comme toujours d’éviter de donner à cette polémique un caractère personnel, M. Boueiz a indiqué que dans cette affaire, il allait «au-delà de la relation entre le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères pour poser la question des rapports entre le chef du gouvernement et le Conseil des ministres». Il a rappelé avoir toujours lui-même exposé à l’avance au Conseil des ministres ses propres projets de voyages, sauf dans certains cas «exceptionnels» où il le faisait à son retour, tout en précisant les raisons qui l’ont empêché de s’en remettre d’abord à l’Exécutif. M. Boueiz s’est par ailleurs employé à dénigrer un à un les acquis annoncés par M. Hariri à Washington et à New York. Commençant par la visite à l’ONU, il a indiqué avoir «appris que la question du renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a été examinée» lors de l’entretien entre le premier ministre et le secrétaire général de l’organisation internationale Kofi Annan. «Or, le renouvellement de ce mandat se fait de manière automatique. Il était de toute façon décidé à l’avance et personne ne s’attendait à ce que des obstacles y soient posés», a expliqué M. Boueiz. «Nous avons aussi appris que le problème norvégien (la décision de la Norvège de retirer une grande partie de son contingent au sein de la FINUL) a été au centre des entretiens», a poursuivi M. Boueiz. Mais, selon lui, «il s’agit d’une affaire intérieure en Norvège, liée au système de volontariat en vigueur dans l’armée de ce pays». «En outre, ce problème est posé depuis longtemps et il avait été décidé d’y remédier en acceptant l’adhésion à la FINUL d’autres pays. D’ailleurs, il y a plusieurs candidats, notamment l’Ukraine», a-t-il ajouté. «Si ces thèmes formaient le but de la visite, je crois pouvoir dire qu’ils étaient déjà tranchés», a relevé M. Boueiz. La Syrie et le Liban «dans l’embarras» «Quant à la relance du processus de paix et à ce qui pourrait advenir de nouveau à ce propos, nous aimerions vraiment pouvoir partager cet optimisme affiché (par M. Hariri) au moment même où le président des Etats-Unis menace d’abandonner son rôle de parrain de processus de paix et de désigner la partie qui empêche une telle relance», a-t-il souligné. «Il aurait été préférable de laisser ce conflit (entre les Etats-Unis et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) se jouer au sein de l’Administration américaine et de permettre à l’opinion mondiale de reconnaître clairement qui a fait stopper le processus de paix plutôt que de créer l’illusion qu’une initiative est sur le feu», a-t-il encore dit. «Naturellement, a poursuivi le ministre, il y aura des démarches. Demain, nous recevrons (l’émissaire européen au Proche-Orient Miguel Angel) Moratinos. Il y aura également des envoyés américains de façon continue, mais jusqu’ici nous ne voyons rien de nouveau à l’horizon de nature à relancer le processus de paix». «Pour ce qui est de la visite du président Hafez el-Assad au Liban, ce n’est pas à Washington que l’annonce d’une telle visite est censée être faite, et il n’y avait d’ailleurs pas d’intérêt à ce qu’elle soit faite à partir de Washington. C’est des deux capitales concernées, c’est-à-dire Beyrouth et Damas, que l’annonce aurait dû venir», a dit M. Boueiz. En tout état de cause, «nous ne sommes pas au courant jusqu’ici de cette visite», a-t-il ajouté, indiquant qu’il ne voyait pas l’intérêt de lancer ainsi cette question sur le «marché politique» et que, si la visite n’est pas encore décidée, l’annoncer de cette manière équivaut à mettre les deux parties «dans l’embarras». D’autre part, contestant à M. Hariri le droit de faire lui-même cette annonce, il a estimé que la primeur en revenait aux présidents Elias Hraoui et Hafez el-Assad. Interrogé sur les éventuelles répercussions de son conflit avec M. Hariri sur la campagne diplomatique libanaise lancée pour contrer la proposition israélienne de retrait conditionnel du Liban-Sud, M. Boueiz a estimé que le risque pour cette campagne se trouvait ailleurs, c’est-à-dire, à ses yeux, dans l’action de M. Hariri, et il en a profité pour donner au chef du gouvernement une leçon de méthode diplomatique. «Toute démarche doit être faite en temps opportun. Ainsi, si aujourd’hui la perception du secrétaire général de l’ONU et celle des Etats-Unis au sujet de la résolution 425 du Conseil de Sécurité ne sont pas conformes à l’idée que s’en fait le Liban, il est hasardeux d’entreprendre auprès d’eux des démarches sur cette question», a-t-il expliqué. «Personnellement, j’ai tenté de façon permanente de séparer politique intérieure et politique extérieure. Mais en fin de compte, je crois que toute action diplomatique doit être entreprise au moment propice. En aucun cas, il ne doit être permis d’utiliser les démarches extérieures pour se couvrir à l’intérieur», a conclu M. Boueiz.
Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a attendu la fin de la visite du premier ministre Rafic Hariri aux Etats-Unis pour sortir de son mutisme. Il s’était, entre-temps, interdit pratiquement tout commentaire tant sur la forme de cette visite que sur le contenu des entretiens et des déclarations de M. Hariri à Washington et à New York. Mais hier, celui qui remplit...