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Actualités - CHRONOLOGIE

Kosovo : l'Occident s'impatiente

La Russie a tenté sans succès hier de ramener Serbes et Albanais du Kosovo à la table des négociations, tandis que les Occidentaux ont multiplié les avertissements à Slobodan Milosevic en se disant prêts à utiliser la force pour lui imposer les décisions internationales. Les Etats-Unis ont décidé d’envoyer cette semaine à Belgrade leur ambassadeur désigné auprès des Nations Unies, Richard Holbrooke, pour tenter d’obtenir un retrait des forces serbes du Kosovo. M. Holbrooke sera porteur d’un «message fort» de Washington au président yougoslave, selon un responsable du département d’Etat. M. Nikolaï Afanassevski, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a appelé les autorités serbes et les responsables kosovars à la retenue et à la reprise des pourparlers de paix — bloqués depuis un mois exactement —, comme M. Milosevic s’y est engagé la semaine dernière auprès du président russe Boris Eltsine. Il leur a demandé de «prendre des mesures pour le retrait de leurs forces armées» respectives, lors d’entretiens séparés avec le chef kosovar Ibrahim Rugova et des responsables serbes. Le diplomate russe a néanmoins souscrit à la position de Belgrade, qui fait dépendre le retrait de ses forces de l’arrêt «des actions terroristes» attribuées à l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Le chef de la diplomatie russe Evgueni Primakov avait déclaré dimanche que Belgrade ne pouvait pas retirer ses troupes «maintenant avant que les actes terroristes cessent», car une telle action conduirait à un exode des Serbes vivant au Kosovo. La partie albanaise campe, elle aussi, sur ses positions. «Le retour des réfugiés et la reprise des négociations ne sont pas possibles sans le retrait des unités spéciales (serbes) utilisées contre la population civile», a dit Fehmi Agani, conseiller de M. Rugova. A Tirana, Alexandre Avdeïev, autre vice-ministre russe des Affaires étrangères, a accusé l’UCK d’«entraver le processus de paix». Il a demandé au chef de la diplomatie albanaise Paskal Milo et au président Rexhep Meidani d’«intervenir» auprès de M. Rugova pour qu’il accepte de reprendre les négociations, estimant que M. Rugova est «en train de s’affaiblir au profit d’une ligne dure». M. Meidani a accusé M. Milosevic de pratiquer «le nettoyage ethnique et le génocide» au Kosovo et estimé que «la communauté internationale ne doit pas perdre de temps ni se faire d’illusions». Les deux vice-ministres russes ont réaffirmé l’opposition du Kremlin à une intervention de l’OTAN dans la région sans mandat du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Une telle action «pourrait conduire à un déséquilibre sérieux au sein du Groupe de contact», a-t-il averti. Les partenaires de la Russie au sein de ce groupe sont l’Allemagne, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie. Toutefois, le Kremlin a exclu qu’une éventuelle intervention militaire de l’OTAN au Kosovo sans accord du Conseil de Sécurité puisse déclencher «une nouvelle guerre froide en Europe», comme l’avait estimé vendredi un responsable du ministère russe de la Défense, le général Leonid Ivachov. A Vienne, le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a déclaré que l’Alliance est «prête à agir, pour imposer les décisions internationales» au Kosovo. Le chef de la diplomatie allemande Klaus Kinkel a estimé, de son côté, qu’«il ne reste plus guère de possibilités en matière de sanctions» contre Belgrade et qu’il faut dire clairement au président Milosevic: «Jusqu’ici et pas plus loin». Il en va de même pour M. Rugova, avec lequel M. Kinkel doit s’entretenir cette semaine à Bonn. «Nous allons lui dire encore une fois que les Albanais du Kosovo doivent évidemment eux aussi renoncer à toute violence», a souligné le ministre allemand. Selon Elisabeth Rehn, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en Bosnie-Herzégovine, la situation au Kosovo est «mûre pour un recours à la force». Le président Milosevic «doit comprendre que le temps lui est compté et que nous ne pouvons pas nous permettre une deuxième Bosnie», a-t-elle déclaré à Helsinki. La menace de l’usage de la force contre la Serbie «est à prendre au sérieux« en cas de poursuite des violences au Kosovo, a déclaré le chef de la diplomatie française Hubert Védrine. «Nous voulons arrêter l’engrenage et aboutir à une solution politique qui donne l’autonomie au Kosovo», a-t-il rappelé. (AFP-Reuters)
La Russie a tenté sans succès hier de ramener Serbes et Albanais du Kosovo à la table des négociations, tandis que les Occidentaux ont multiplié les avertissements à Slobodan Milosevic en se disant prêts à utiliser la force pour lui imposer les décisions internationales. Les Etats-Unis ont décidé d’envoyer cette semaine à Belgrade leur ambassadeur désigné auprès des...