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Actualités - OPINION

Tribune Conflit de générations

En partant pour les Emirats arabes unis, l’ingénieur Ziad, un homme décidé, confia l’éducation de son fils Karim, resté au pays avec sa mère, à son père Abou Ziad. Très vite, on s’aperçut que les rôles étaient inversés: Karim, curieux de tout, devenant le maître ,et Abou Ziad, dépassé par les événénements, l’élève. Il y avait surtout cette question de l’environnement, une nouveauté pour l’aïeul, qui acheva de lui embrouiller les idées complètement. Bien sûr Abou Ziad se souvenait de son père qui racontait qu’on se rendait à cheval de Dora à Jounieh en longeant le bord de mer. Lui-même n’avait pas oublié qu’avec ses amis, ils allaient pieds nus, de Ramlet el-Baïda à Ouzaï. Parfois ils s’aventuraient plus loin encore, jusqu’à l’immense plage de Khaldé, intacte en ce temps-là, tout juste interrompue par le filet d’eau glacée de la rivière Ghadir. De la perte de toute cette richesse, Abou Ziad ne s’inquiétait pas puisqu’il restait convaincu, comme tous ceux de sa génération d’ailleurs, que la privatisation du domaine maritime était une bonne chose. Inscrit d’abord dans une école privée, le petit Karim venait raconter avec émotion à «Jiddo» que la faune et la flore de son pays étaient en train de disparaître, que l’air et l’eau étaient pollués, que la ville était sale et qu’il fallait la nettoyer. Abou Ziad n’attendit pas la fin de ces jérémiades pour décider d’envoyer le petit rebelle dans une école gouvernementale. «C’est strict et pas compliqué chez eux, comme à l’armée, pensa-t-il, ça lui enlèvera de la tête ces idées saugrenues touchant les fleurs, les sources, les paysages et tous ces sujets qui n’ont aucun goût». Bien mal lui en a pris. Karim revenait de sa nouvelle école en parlant comme un homme maintenant. Il rapportait à son grand-père le discours que tenait le professeur d’histoire et de géographie. Celui-ci, récitait Karim d’un trait, trouve que transformer la plage publique d’Antélias en marina pour bateaux de luxe était injuste, qu’accaparer de vastes étendues de terre gagnées sur la mer était illégal, que payer le coût de la construction de logements en vendant à des particuliers les plages sablonneuses de Jnah était scandaleux. «Comment fait-on dans les autres pays pour préserver le littoral?», répétait Karim inlassablement. Abou Ziad en restait stupéfait. Il avait à présent des velléités de démissionner de sa charge d’éducateur et se demandait si son fils Ziad ne ferait pas mieux de trouver une place pour Karim dans l’une des écoles sûres que l’on trouve encore dans les Emirats arabes unis.
En partant pour les Emirats arabes unis, l’ingénieur Ziad, un homme décidé, confia l’éducation de son fils Karim, resté au pays avec sa mère, à son père Abou Ziad. Très vite, on s’aperçut que les rôles étaient inversés: Karim, curieux de tout, devenant le maître ,et Abou Ziad, dépassé par les événénements, l’élève. Il y avait surtout cette question de...