L'incident a été considéré comme une tentative de déstabilisation liée au processus de paix Explosion de deux roquettes à proximité de l'ambassade US à Awkar (photo)

Dans ce qui a été considéré comme une «tentative de déstabilisation» liée au processus de paix, deux roquettes RPG rouillées et périmées ont explosé hier, vers 13h20, à plusieurs centaines de mètres du siège de l’ambassade des Etats-Unis à Awkar (Metn). Les premiers indices recueillis sur place par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire Nasri Lahoud et les services militaires concernés ont permis d’établir que les roquettes, actionnées par télécommande, n’ont pas été lancées et ont explosé à une dizaine de mètres de leurs rampes de lancement rudimentaires faites de planches en bois et d’un tube en plastique. Les roquettes, les bobines et la minuterie ont été retrouvées dans un bosquet situé à environ 900 mètres à vol d’oiseau des bâtiments de l’ambassade, et à deux cents mètres de l’aire de protection, marquée par des barbelés et des blocs de béton géants. Une troisième roquette, qui n’a pas explosé, a été retrouvée sur place. La double explosion s’est produite en l’absence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Liban, Richard Jones, qui se trouve à Washington où, il y a quelques jours, il avait accueilli le président du Conseil, M. Rafic Hariri, en visite officielle aux Etats-Unis. L’incident a entraîné le renforcement des mesures de sécurité, déjà draconiennes, qui entourent le périmètre de l’ambassade, classé zone militaire. Ce périmètre proprement dit regroupe la chancellerie, le consulat et les résidences des diplomates, mais les premiers barrages de l’armée sur la route qui y conduit sont situés à plus d’un kilomètre de distance. Par ailleurs, un ratissage de la région par l’armée a permis l’arrestation de 17 personnes, une majorité d’ouvriers agricoles, qui ont été emmenés pour interrogatoire par la police militaire. Selon les enquêteurs, «les circonstances de l’explosion montrent qu’en tout état de cause, les auteurs n’ont pas cherché à atteindre l’ambassade, à faire des victimes ou des dégâts, mais à produire un effet psychologique». Le rayon d’action d’une roquette RPG ne dépasse par trois cent soixante mètres, notent-ils, et même si le tir avait réussi, les explosions auraient provoqué plus de peur que de mal. «Ils ont choisi une cible diplomatique et de surcroît américaine pour donner plus d’éclat à leur action de déstabilisation», ont ajouté les mêmes sources. Ces sources ont estimé que cet acte «entre dans le cadre d’un plan de déstabilisation» et rappellent qu’il intervient après la mort de deux personnes dans la nuit de jeudi à vendredi dans l’explosion d’une voiture piégée à Dora (VOIR PAR AILLEURS) Albright: Situation «sous contrôle» Premier suspect «traditionnel» le Hezbollah. «En dépit de notre position à l’égard de l’Administration américaine, nous n’approuvons aucune action portant atteinte à la sécurité intérieure du Liban», a déclaré le porte-parole du mouvement, Nayef Krayim. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Farès Boueiz, a déclaré hier que l’explosion qui a eu lieu à proximité de l’ambassade américaine était «une tentative de déstabilisation» liée au processus de paix. Dans une déclaration M. Boueiz a estimé que les auteurs «ont voulu faire parvenir un message politique (...) au moment où Israël s’obstine à refuser la paix». «Il est possible qu’Israël tente de déstabiliser la sécurité au Liban dans le but de détourner l’attention de ses prises de position qui sabotent le processus de paix», a-t-il dit. A Washington, entre-temps, le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright a déclaré que la situation était «sous contrôle» à l’ambassade américaine à Beyrouth. Interrogé sur la chaîne de télévision NBC, Mme Albright a indiqué qu’une enquête était «en cours» pour déterminer les circonstances précises de l’attaque.