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Actualités - ANALYSE

Prorogation : certains loyalistes en rêvent encore ..

Après la défaite de Zahlé va-t-on généreusement octroyer au chef de l’Etat, comme lot de consolation, une nouvelle prorogation de son mandat? Cette hypothèse de reconduction, déjà très incertaine, n’est-elle pas au contraire définitivement balayée par le désaveu des urnes? Malgré Zahlé et malgré la position hostile des autres présidents, un politicien qui connaît bien les meneurs de jeu affirme que «tout est encore jouable pour M. Hraoui. Les décideurs ne font absolument aucun lien entre les municipales et les présidentielles. On peut même estimer que plus un dirigeant est faible côté assise populaire, plus il les intéresse car, leur devant tout, il ne disposerait d’aucune marge de manœuvre pour se libérer de leur emprise. Surtout quand sa base communautaire ne leur est pas acquise». Ce serait donc le jeu d’«à qui perd gagne». Cependant si l’on se fonde sur cette logique précise, on tombe tout droit sur un étrange paradoxe. Car Baabda ne s’avoue pas du tout perdant! Le palais s’est en effet soigneusement lavé les mains des municipales, refusant par là de reconnaître une quelconque érosion de sa popularité présumée en milieu ambiant et par extension dans le camp chrétien. En effet des sources proches de la présidence soutiennent que «M. Hraoui ne s’est pas du tout mêlé des élections. Il a laissé les choses suivre leur cours dans toutes les régions libanaises. Il accepte dès lors les résultats de Zahlé et se félicite de plus de la réussite que constitue pour le pays la mise en place d’un nouveau tissu municipal. Une réalisation qui est à mettre à l’actif du régime puisque depuis Fouad Chehab les présidents précédents n’avaient pu y parvenir. M. Hraoui a soutenu les municipales et s’est catégoriquement opposé à leur ajournement. Il se congratule également d’avoir su faire organiser sous son mandat deux élections législatives…». Hum, commenterait-on sobrement à l’Est… Toujours est-il que si Baabda estime s’en tirer avec les honneurs, pour en revenir au paradoxe évoqué plus haut, il se prive de «l’avantage» de sortir affaibli de l’épreuve, et d’attendrir ainsi les décideurs, question reconduction. Abnégation Faisant peu de cas de telles subtilités, les hraouistes soulignent que «M. Hraoui a toujours fait preuve d’un solide esprit démocratique. Ce n’est pas la première fois en effet qu’il évite, à l’annonce des résultats d’un scrutin, ces réactions négatives auxquelles d’autres se laissent aller, ou ces prétextes qu’ils inventent pour se justifier. Quand son fils Roy avait chuté aux législatives, le président avait admis le résultat, soulignant qu’il y avait là la meilleure preuve possible que le scrutin avait été libre, démocratique et propre». C’est ce même candidat malheureux, rappelons-le incidemment, que son père a le jour même des municipales désavoué publiquement parce qu’il avait soutenu que le président l’avait lui-même rappelé de l’étranger pour le charger de diriger la campagne à Zahlé de la liste anti-Skaff… Au-delà de ces détails, l’espoir d’une prorogation pointe encore chez certains hraouistes. Pas tous en fait et l’on dit que le président lui-même n’y est pas du tout favorable. Toujours est-il que selon l’un de ceux qui aiment rêver, «le président Assad ne va sans doute pas manquer de parler des présidentielles libanaises avec le président Chirac, lors de sa prochaine visite en France. Il est très possible qu’en examinant la liste des candidats potentiels, les deux hommes tombent d’accord pour estimer qu’il n’y a toujours pas mieux que M. Hraoui, qui jouit de leur confiance mutuelle et qui a tant d’expérience…». Une projection qui fait sourire «par sa naïveté» un autre loyaliste, plutôt haririen, pour qui «si la Syrie veut parler avec quiconque des présidentielles libanaises, ce qui n’est pas certain, ce serait uniquement avec les Etats-Unis. Or Mme Madeleine Albright, en se félicitant devant M. Rafic Hariri de la démocratie qui a présidé aux municipales, a tenu à ajouter qu’il faudra voir le même esprit présider à la prochaine élection d’un nouveau chef de l’Etat libanais, ce qui signifie que dans son esprit aussi la prorogation est hors de question cette fois». «Tout dépendra en réalité, conclut cette source, de la conjoncture régionalo-internationale qui prévaudra au moment où on devra examiner les choix à faire, c’est-à-dire pas avant septembre-octobre. Sauf imprévu cependant, on peut penser que la prorogation serait l’une des toutes dernières options envisagées. Ne serait-ce que parce que cette fois, contrairement à la précédente, le chef du gouvernement y est aussi opposé que le président de l’Assemblée nationale et que la quasi unanimité des forces politiques locales, sans compter que le peuple libanais tout entier a fortement envie de changement…». Ce qui doit concerner, soit dit en passant, tout le système et tous ses tenants. Mais c’est là une autre histoire...
Après la défaite de Zahlé va-t-on généreusement octroyer au chef de l’Etat, comme lot de consolation, une nouvelle prorogation de son mandat? Cette hypothèse de reconduction, déjà très incertaine, n’est-elle pas au contraire définitivement balayée par le désaveu des urnes? Malgré Zahlé et malgré la position hostile des autres présidents, un politicien qui connaît...