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Actualités - CHRONOLOGIE

Héroïne , cocaïne, alcool : un même danger

L’héroïne, la cocaïne et l’alcool sont les substances les plus dangereuses, selon un rapport rendu public à l’occasion d’un débat au Sénat français sur la politique de réduction des risques de la toxicomanie. «Les faits scientifiques indiquent que pour le cannabis, il n’y a pas de neurotoxicité démontrée, à la différence de l’alcool et de la cocaïne», a déclaré le secrétaire d’Etat français à la Santé, Bernard Kouchner, en citant le rapport. Ce rapport classe le cannabis seul dans un groupe des drogues dites les moins dangereuses. Au milieu, dans un deuxième groupe, figurent les psycho-stimulants, les hallucinogènes, le tabac et les benzodiazépines (valium, témesta). Pour leur classement, les auteurs du rapport ont pris en considération plusieurs paramètres comme la dépendance physique et psychique, la neuro-toxicité, la dangerosité sociale et l’existence ou non de traitements de substitution. Bernard Kouchner a également relevé que, selon le rapport, «la susceptibilité individuelle au risque de toxicomanie est variable» et que «les individus ne sont pas égaux devant le risque de toxicomanie». «Les états dépressifs, les troubles obsessionnels compulsifs, les personnalités antisociales, l’anxiété, sont retrouvés avec une très forte incidence chez les sujets dépendants à l’héroïne, l’alcool et la cocaïne», a poursuivi M. Kouchner en estimant que «le recours permanent à la drogue refléterait une difficulté, voire une impossibilité, à mettre en œuvre une conduite ajustée aux situations rencontrées». Au terme de leur travail, les auteurs du rapport estiment qu’«aucune de ces substances n’est complètement dépourvue de danger». Ce texte, signé par le Pr Pierre-Bernard Roques (INSERM-CNRS), spécialiste de pharmacologie moléculaire et structurale, avait été demandé en janvier dernier par M. Kouchner qui insistait pour que cette étude porte aussi sur l’alcool et le tabac, «souvent associés à la prise d’autres drogues». Il a été rédigé par des experts français et étrangers. Buveurs excessifs En raison notamment du classement du tabac (dangereux) et du cannabis (placé dans le groupe trois), il remet indirectement en cause le classement entre drogues licites et illicites – qualifié d«incorrect» – et risque d’alimenter le débat sur la dépénalisation. Pour la première fois aussi, les experts réunis autour du Pr Roques placent l’alcool en tête des «drogues dures», aux côtés de l’héroïne et de la cocaïne, portant ainsi un coup très dur à l’indulgence dont ces produits bénéficient en France. Selon une estimation de l’ancien ministre de la Santé, Hervé Gaymard, «plus d’une femme sur dix et plus d’un homme sur quatre sont des buveurs excessifs». Et chaque année, en France, l’alcool est directement ou indirectement responsable de 52.000 morts (soit 10% environ de la mortalité globale). Au volant, plus de 4.000 morts par an sont directement liées à l’état alcoolique des conducteurs. Selon le Comité français d’éducation pour la santé (CFES), 3,6 millions d’hommes et 0,8 million de femmes ont d’ailleurs avoué avoir conduit en état d’ivresse en 1995. Par comparaison, les experts évaluent à environ 160.000 à 200.000 les toxicomanes qui, en France, se droguent par voie intraveineuse. Les surdoses à l’héroïne ont entraîné l’an dernier un peu moins de 230 décès, selon le ministère de l’Intérieur. L’opinion publique, après des années de rejet, semble évoluer notablement sur cette question, peut-être parce que, selon le CFES, un Français sur six avoue maintenant avoir essayé une drogue. Quoi qu’il en soit, la grande majorité des Français estime désormais que les toxicomanes sont des malades qu’il faut obliger à se soigner. Un sondage récent montre en effet que 87% de la population considèrent les «toxicos» comme des malades et 72% approuvent le développement du recours aux produits de substitution à l’héroïne, comme la méthadone. De même, les vertus thérapeutiques du cannabis pour soigner les grands malades sont reconnues par 55% des personnes interrogées. (AFP)
L’héroïne, la cocaïne et l’alcool sont les substances les plus dangereuses, selon un rapport rendu public à l’occasion d’un débat au Sénat français sur la politique de réduction des risques de la toxicomanie. «Les faits scientifiques indiquent que pour le cannabis, il n’y a pas de neurotoxicité démontrée, à la différence de l’alcool et de la cocaïne», a...