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Actualités - REPORTAGE

Plusieurs incidents ont marqué, hier, la dernière phase des municipales Journée des surprises dans la Békaa : Skaff à Zahlé, le Hezbollah à Baalbeck (photos)

La quatrième et dernière étape des élections municipales, dans la Békaa, s’est achevée hier soir par une double surprise: une victoire éclatante de la liste de M. Elie Skaff (soutenue par M. Georges Hraoui) à Zahlé, et un raz-de-marée du Hezbollah dans le caza de Baalbeck-Hermel, et plus particulièrement dans la localité même de Baalbeck. Au niveau du déroulement du scrutin, deux faits marquants ont caractérisé les opérations électorales: un taux de participation relativement élevé (un peu plus de 60 pour cent en moyenne); et une série d’incidents — plus particulièrement à Zahlé et dans certains secteurs de la région de Baalbeck — qui ont mis en relief l’atmosphère fiévreuse dans laquelle s’est déroulée cette consultation populaire dans les cinq cazas de la Békaa (Zahlé, Rachaya, Baalbeck, Hermel et Békaa-Ouest). La victoire du tandem Elie Skaff-Georges Hraoui à Zahlé et celle du Hezbollah à Baalbeck ont surpris quelque peu les observateurs non pas parce que ces deux parties ne possèdent pas d’assises populaires solides, mais plutôt en raison des circonstances dans lesquelles se sont déroulées les deux batailles de Zahlé et de Baalbeck. Dans la capitale de la Békaa, M. Skaff a fait face à une importante coalition regroupant les ministres Chawki Fakhoury et Nicolas Fattouche, le député Khalil Hraoui et M. Roy Hraoui, fils aîné du président Elias Hraoui. Cette coalition bénéficiait incontestablement de l’effet d’entraînement dû à ses rapports privilégiés avec la présidence de la République et le pouvoir, en général. M. Skaff a été jusqu’à accuser ouvertement le chef de l’Etat de soutenir sans ambages la liste parrainée par MM. Fakhoury et Fattouche. Accusation réfutée hier en plein Zahlé par le président Hraoui en personne. Les urnes ont, en tout cas, dit leur dernier mot, et à l’heure d’aller sous presse, il se confirmait que l’écart des voix était important entre la liste Skaff et celle soutenue par MM. Fakhoury, Fattouche et Hraoui. Deux des candidats de cette dernière liste (MM. Samir Hraoui et Nicolas Srouge) pourraient cependant percer la liste adverse. Dans la localité de Baalbeck, le Hezbollah a croisé le fer avec une large coalition qui a rassemblé le mouvement Amal, le «Baas» prosyrien, le Parti social national syrien, les communistes, les partisans de cheikh Sobhi Toufayli, la «Jamaa islamiya», et plusieurs chefs de familles influentes, notamment sunnites. Compte tenu de l’enjeu économique de la bataille (l’avenir du tourisme à Baalbeck), les milieux commerçants de la ville penchaient plutôt en faveur de la coalition anti-intégriste. Autant de facteurs qui laissaient penser que le Parti de Dieu ne parviendrait pas à neutraliser une telle conjonction de forces. D’une manière générale, le Hezbollah a fait face dans l’ensemble du caza de Baalbeck-Hermel à la coalition regroupant Amal, le «Baas» prosyrien, le PSNS, les communistes et, dans certains cas, les leaders traditionnels des localités concernées. Le parti intégriste a réussi cependant à faire échec à cette coalition dans la plupart des localités, notamment à Hermel, Bednayel, Boudaï, Nabi Chit, Younine, Nahlé, Hekné, Sohmor et Douriss. Le Hezbollah l’a également emporté face à certains députés et ténors de la région. A Chmestar, sa liste a balayé celle du président Hussein Husseini. Dans le fief du ministre Mohsen Dalloul, à Ali Nahri, le Parti de Dieu a remporté 8 sièges sur 15 face à la liste soutenue par M. Dalloul. Quant à la coalition anti-intégriste conduite par Amal et le «Baas» prosyrien, elle a enregistré des victoires à Yohmor, Laoué, Khoreibé, Taraya. A Brital, les partisans de cheikh Toufayli n’ont eu aucun mal à s’imposer. A Ras-Baalbeck, la liste parrainée par l’ancien ministre Albert Mansour — et regroupant des représentants des Kataëb, des «Forces libanaises» et du Parti communiste — l’a remporté facilement face à la liste soutenue par l’ancien député Séoud Rouphaël. A Kaa, l’alliance entre les Kataëb, les «Forces libanaises», et les notables de la localité (soutenue par le député Marwan Farès) s’est imposée face aux partisans du PSNS. A Jeb Jennine, les candidats de M. Elie Ferzli ont mis en échec la liste appuyée par M. Sami Khatib. Deux points chauds Il reste que la capitale de la Békaa et Baalbeck étaient incontestablement les deux principaux points chauds de la journée d’hier. A Zahlé, l’enjeu était essentiellement politicien (le sort du leadership de la ville), tandis qu’à Baalbeck, la bataille avait une connotation politico-économique, la coalition anti-intégriste affirmant vouloir empêcher le Hezbollah de contrôler l’un des principaux centres touristiques du pays. C’est principalement à Zahlé que le climat s’est envenimé durant le déroulement du scrutin. Plusieurs échauffourées ont éclaté en différents secteurs de la ville entre les partisans des deux principales listes qui étaient en lice. MM. Elie Skaff et Georges Hraoui ont accusé ouvertement leurs adversaires de se livrer à des achats massifs de voix. Dans une note officielle qu’il a adressée au procureur général de la Békaa, M. Skaff a réclamé l’ouverture d’une enquête à ce propos et l’engagement de poursuites judiciaires contre un certain nombre de partisans de la liste opposée qui auraient été pris en flagrant délit d’achats de voix (VOIR PAR AILLEURS). Quant à M. Georges Hraoui, il a été directement aux prises avec un des partisans du camp adverse qu’il accusait de soudoyer des électeurs. Dans une déclaration rapportée par les agences de presse, le fils aîné du chef de l’Etat a affirmé que les forces de l’ordre l’ont mis en joue près d’un bureau de vote où, selon lui, il venait de surprendre une personne en train d’acheter des voix à 200 dollars le vote. De son côté, le député Khalil Hraoui (l’un des parrains de la liste opposée) a affirmé que ses adversaires circulaient à Zahlé «avec les poches bourrées de billets». Ce climat passionné s’explique par l’enjeu de la bataille de Zahlé. Pour M. Skaff, il s’agissait ainsi de prouver sa force sur le terrain afin de confirmer le leadership historique de la famille Skaff dans le caza de Zahlé et dans la Békaa, en général. M. Skaff estime dans ce cadre qu’il a été systématiquement marginalisé au cours des neuf années du mandat Hraoui. L’échéance des municipales lui a fourni ainsi l’occasion de réaffirmer sa présence politique dans la région. Pour le camp Hraoui, il s’agissait également de consolider et de garantir un leadership qui a incontestablement gagné en ampleur au cours des dernières années. Dans le but d’atteindre cet objectif, il était sans doute nécessaire d’affaiblir M. Skaff, plus particulièrement à quelques mois de la fin du mandat Hraoui. Il reste que le chef de l’Etat a tenu à souligner hier à Zahlé — après avoir accompli son devoir électoral — qu’il n’était nullement partie prenante dans cette bataille et qu’il se situait au-dessus de la mêlée et à égale distance de toutes les parties. Le président Hraoui a précisé dans ce cadre que le fait que ses deux fils Georges et Roy ne soient pas dans le même camp apporte la preuve de sa neutralité. Front anti-Hezbollah à Baalbeck L’atmosphère fiévreuse qui a marqué le scrutin à Zahlé était également perceptible à Baalbeck où le Hezbollah a été confronté non seulement à une très large coalition de fractions politiques, mais également à un important courant sunnite qui a fait bloc contre lui. La coalition anti-Hezbollah a placé essentiellement sa campagne sous le signe économique, plus particulièrement sous l’angle de la sauvegarde de la vocation touristique de Baalbeck. Le mouvement Amal a ainsi adopté comme slogan «pas de tourisme avec les intégristes». Un candidat a souligné à ce propos, sous le couvert de l’anonymat: «Il fut un temps où nous vivions du tourisme et nous voulons améliorer l’image de Baalbeck. Une mairie contrôlée par le Hezbollah n’est pas exactement ce qui va encourager les investisseurs à ouvrir des restaurants et des hôtels». Une telle argumentation n’a visiblement pas convaincu suffisamment l’électorat de Baalbeck. Reste à savoir si le parti intégriste saura gérer la localité, et l’ensemble de la région, sans mettre en péril la vocation touristique de la ville millénaire.
La quatrième et dernière étape des élections municipales, dans la Békaa, s’est achevée hier soir par une double surprise: une victoire éclatante de la liste de M. Elie Skaff (soutenue par M. Georges Hraoui) à Zahlé, et un raz-de-marée du Hezbollah dans le caza de Baalbeck-Hermel, et plus particulièrement dans la localité même de Baalbeck. Au niveau du déroulement du...