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Actualités - CHRONOLOGIE

Iran : les conservateurs repartent en guerre contre le clan Khatami Le journal Jameh suspendu Le Majliss engage une procédure de destitution du ministre de l'Intérieur

Les milieux conservateurs iraniens ont repris leur guerre contre les éléments modérés du régime, représentés au sommet de la hiérarchie par le président de la République Mohammad Khatami. Coup sur coup, on apprenait hier la suspension du journal «Jameh», favorable au chef de l’Etat, et le déclenchement par le Parlement d’une procédure qui pourrait conduire à la destitution du ministre de l’Intérieur Abdollah Nouri, proche du président. Utilisant une procédure qui a déjà coûté leurs postes à plusieurs ministres dans le passé — les membres du gouvernement iranien sont responsables individuellement devant le Parlement —, 31 députés, conservateurs pour l’essentiel, ont déposé une motion de censure individuelle, en préparation depuis des mois, devant le bureau du Parlement. La Constitution iranienne prévoit que le ministre devra se présenter devant les députés dans les dix jours. Il devra alors répondre aux accusations et solliciter un nouveau vote de confiance de la part d’un Parlement dont le président, Ali Akbar Nategh-Nouri, chef de file de l’aile conservatrice du régime, vient d’être reconduit avec une majorité confortable. Face à cette attaque politique d’envergure des conservateurs contre lui, le président Khatami a rapidement exprimé son «soutien» à son ministre. «M. Nouri a vu son action au sein du gouvernement couronnée de succès», a déclaré le président, cité par la télévision, à l’occasion d’un entretien avec le ministre koweitien de l’Intérieur, Mohammad Khaled Ahmad Sabah, en visite à Téhéran. De plus, le dépôt de cette «motion de censure» intervient à la veille de la reprise du procès du maire de Téhéran Gholamhossein Karbastchi, un autre proche du président, qui est accusé de corruption et d’avoir financé les campagnes électorales de plusieurs de ses amis politiques. M. Nouri avait notamment formé un comité de soutien à M. Karbastchi en avril dernier, durant la mise en détention provisoire de ce dernier pendant une douzaine de jours. En avril, de retour d’Arabie Séoudite, où il était en pèlerinage, le ministre des l’Intérieur s’était rendu directement au domicile du maire pour apporter son soutien à l’épouse de M. Karbastchi dont le mari se trouvait en prison. L’offensive du clan des conservateurs a pris par ailleurs la forme d’une suspension du journal «Jameh» (Société) dont le directeur Hamid-Reza Jalaï-Pour a également été privé pour un an du droit d’exercer sa responsabilité par la cour spéciale pour la presse. La suspension prend la forme d’un retrait de la licence de publication du journal, qui est également condamné à verser une amende de 16 millions de rials (5.300 dollars au taux officiel). «Jameh» avait commencé de paraître en février dernier avec pour objectif déclaré de soutenir la ligne réformiste du président Khatami. Il faisait l’objet de plaintes du commandant en chef des Gardiens de la révolution (Pasdaran), le général Rahim Safavi, du pouvoir judiciaire et de l’administration pénitentiaire pour des articles jugés «mensongers» et «contraires à l’ordre moral public». Il lui était notamment reproché la publication de propos attribués au général Safavi, hostiles à l’ouverture du régime, que ce dernier a contestés en faisant valoir qu’il s’était exprimé à huis clos et que ses déclarations avaient été déformées. Le ministre de la Culture Ataollah Mohadjerani, pourtant partisan d’une politique d’ouverture en faveur de la presse, avait lui aussi été conduit à critiquer Jameh pour une photo où apparaissait un dessin représentant l’ancien président Abolhassan Bani Sadr, en exil en France.
Les milieux conservateurs iraniens ont repris leur guerre contre les éléments modérés du régime, représentés au sommet de la hiérarchie par le président de la République Mohammad Khatami. Coup sur coup, on apprenait hier la suspension du journal «Jameh», favorable au chef de l’Etat, et le déclenchement par le Parlement d’une procédure qui pourrait conduire à la...