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Actualités - REPORTAGE

Faible affluence chrétienne dans la partie est de la capitale (photos)

Encore une fois, une grande partie de l’électorat chrétien du secteur est de la capitale a boudé les urnes. Pourtant tous les signes extérieurs portaient à croire le contraire. Le trafic était particulièrement dense toute la journée d’hier dans les rues d’Achrafieh, de Mar Mikhaël, de Gemmayzé, de Jeitaoui et aux abords du port de Beyrouth. Les convois des partisans du courant aouniste et ceux des Forces libanaises n’ont pratiquement pas cessé de sillonner les rues internes des quartiers est de Beyrouth depuis samedi soir diffusant des enregistrements de chants patriotiques. Des drapeaux libanais ornaient les façades des immeubles longeant les axes principaux du secteur est de la capitale. Les portraits des différents candidats ornaient quasiment tous les coins de rue et les bureaux de coordination et de mobilisation relevant de «la liste consensuelle de Beyrouth» soutenue par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, ont envahi la place Sassine, Accaoui et les rues adjacentes à l’école de la Sagesse et à la maison centrale Kataëb à Saïfi. Les délégués de la liste du pouvoir se sont déployés en force devant les principaux bureaux de vote des quartiers est notamment ceux de Zahret el-Ihsan, du port de Beyrouth et de Mar Mikhaël où les journalistes ont eu du mal à se frayer un chemin. Les militants des FL à la place Sassine, à Chahrouri et à l’avenue Charles Malek procédaient à la distribution de tracts invitant les passants à voter pour toute la liste consensuelle du pouvoir. Mais l’électorat chrétien d’une manière générale a semblé indifférent à ce dispositif, démobilisé et des fois dégoûté. Contre les listes préfabriquées et fermées Jeanne M., journaliste de renom, rencontrée à la sortie d’un bureau de vote à l’école de la Sagesse, affirme avoir voté pour une liste qu’elle a elle-même formée. «Je ne peux voter pour des personnes que je ne connais pas et dont j’ignore complètement le programme d’action», dit-elle. Elle a pourtant chaleureusement serré la main d’un candidat figurant sur la liste du pouvoir. Jeanne se dit catégoriquement opposée à toute liste préfabriquée ou fermée. Marianne, 50 ans, mère de famille, ne veut pas entendre parler de la liste consensuelle. «C’est un consensus entre les hommes au pouvoir. Je ne me sens pas concernée par la cuisine intérieure des responsables», souligne-t-elle. Et l’équilibre confessionnel au sein du conseil municipal? Elle ne s’en soucie pas trop. «Les candidats chrétiens figurant dans la liste du pouvoir ne sont pas représentatifs. Des percées de la part d’outsiders ne sont pas impossibles», dit-elle. Pourtant, Rachid Jalkh, un des candidats maronites de la liste consensuelle, se montre sûr de la victoire et assure que la participation s’accroîtra dans le secteur est de la capitale dans l’après-midi. Il affirme être en mesure d’assurer un important apport de voix à la liste du pouvoir. «Je suis pressenti par la Ligue maronite, le Conseil maronite central et l’amicale des anciens de la Sagesse», dit-il. Le député grec-catholique de Beyrouth, Michel Pharaon, est plus réaliste. Il estime que les candidats n’ont pas eu suffisamment de temps pour se faire connaître de l’électorat et, par conséquent, on ne pouvait espérer une plus grande affluence chrétienne aux urnes. Pourtant, M. Pharaon affirme qu’il a, par principe, donné des consignes à ses sympathisants pour voter en faveur de la liste complète du pouvoir. Il met l’accent sur la nécessité de tirer les leçons des résultats du scrutin pour mieux planifier l’avenir. Mesures strictes de sécurité A l’école secondaire de Chahrouri, les FSI et l’armée se sont déployées en force. Aux deux coins de la rue, des chars ont été installés. Pourtant, jusqu’à 14h, la participation dans ce centre de vote était presque insignifiante. Dans l’un de ses bureaux, 18 personnes avaient voté pour les municipales et 125 pour les moukhtars. M. Elie Karamé, chef de l’opposition Kataëb, estime que «l’entente nationale est de pure fiction». Il affirme que «le pouvoir, par ses multiples dérapages, a contribué à garder la tête des chrétiens sous l’eau». Il fait une allusion claire au décret sur la naturalisation et à la loi électorale «inique» qui n’a pas prévu dans toutes les régions du pays l’adoption du mohafazat comme circonscription électorale. «La loi sur les municipales est la dernière en date des erreurs commises par le pouvoir», dit-il avant d’ajouter que «le pouvoir semble s’acharner pour faire des chrétiens des dhimmis» (des citoyens de seconde catégorie). Il met l’accent sur la nécessité de modifier cette loi pour éviter dans l’avenir «une catastrophe nationale irréversible». Et d’ajouter que «si l’équilibre confessionnel est préservé cette fois-ci, il y a de forts risques qu’il ne le soit plus dans l’avenir». En réponse à une question, M. Karamé est persuadé que la division de l’opposition chrétienne pèsera sur le scrutin. Mot d’ordre arménien A l’école évangélique arménienne de Mar Mikhaël, c’est le calme. «Aucun incident majeur n’a été enregistré pendant toute la journée», affirme un agent des FSI avec un sourire narquois. «Ici rien ne se passe, les Arméniens se conforment au mot d’ordre de leurs partis». Dans les bureaux de vote les délégués du Tachnag et du Hentchag sont assis l’un à côté de l’autre dans une parfaite harmonie. «Je voterai pour la liste que me donnera mon époux», dit une femme d’une quarantaine d’années qui gravit les escaliers. De son côté, le chef du bureau affirme que l’affluence est en deçà des prévisions. «Beaucoup d’Arméniens semblent avoir émigré», dit-il. Mobilisation des FL Le bureau de mobilisation des FL à l’avenue Charles Malek à Achrafieh grouille de partisans. Le conseiller politique du commandant en chef des FL dissoutes, M. Toufic Hindi, se félicite de la mobilisation de la machine électorale des FL «d’autant plus que celle-ci a été pratiquement neutralisée pendant quatre ans». En réponse à une question, M. Hindi affirme que la liste à laquelle les FL se sont alliées mérite d’être qualifiée de consensuelle. «La parité entre candidats chrétiens et musulmans est respectée. De plus, les candidats chrétiens ont été choisis par les courants qu’ils représentent sans intervention de la part du parrain de la liste», dit-il. Le conseiller politique des FL affirme que «cette alliance est une alliance électorale ponctuelle». Même son de cloche du côté de la maison centrale des Kataëb à Saïfi d’où le secrétaire général du parti, M. Antoine Chader, suit le déroulement du scrutin électoral. Il estime que «le parti a fait le bon choix en s’alliant à la liste consensuelle de Beyrouth. Nos candidats ont été acceptés dans la liste sans condition. Les consignes à nos partisans sont strictes. Ils doivent voter la liste complète. Il y va de la crédibilité du parti Kataëb». Un peu plus loin, à Gemmayzé, un homme d’un certain âge affirme qu’il n’est pas près de se conformer aux ordres des responsables du parti. «Je ne peux oublier les meurtrissures de la guerre», dit-il. Les jeunes aounistes A proximité du ring, le bureau de mobilisation du courant aouniste est bondé de jeunes. Alain Biffani, la trentaine à peine, candidat aouniste de la liste de Beyrouth (appuyée par le député Najah Wakim), se déchaîne contre «les médias désormais contrôlés dans leur totalité par les hommes au pouvoir». Il déplore le fait que l’une des premières chaînes de télévision dans le pays n’ait jamais cité les noms des candidats de sa liste. Pour défendre celle-ci, il parle d’un groupe de travail homogène qui «prendrait ses décisions en toute autonomie et sans se référer au seigneur de Koreytem». M. Biffani reconnaît, cependant, les moyens financiers et la logistique modestes dont les membres de sa liste disposent. En attendant la proclamation dans les prochains jours des résultats définitifs du scrutin municipal de Beyrouth, le paramètre de la représentation chrétienne demeurera la plus grande inconnue.
Encore une fois, une grande partie de l’électorat chrétien du secteur est de la capitale a boudé les urnes. Pourtant tous les signes extérieurs portaient à croire le contraire. Le trafic était particulièrement dense toute la journée d’hier dans les rues d’Achrafieh, de Mar Mikhaël, de Gemmayzé, de Jeitaoui et aux abords du port de Beyrouth. Les convois des partisans du...