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Actualités - CHRONOLOGIE

La hantise de la représentation chrétienne domine la bataille municipale de Beyrouth

Avec la proclamation, hier, de la liste présidée par M. Abdel Hamid Fakhoury, qui se pose en rivale de la liste «consensuelle» présidée par M. Abdel Monhem Ariss et appuyée par M. Rafic Hariri, tout est désormais en place pour la bataille municipale de Beyrouth. Une bataille dominée par la grande peur d’une sous-représentation de l’électorat chrétien, qui porterait atteinte à l’entente intérieure. Une logique contestée par ceux qui estiment qu’agiter le spectre d’un déséquilibre confessionnel, c’est se soumettre à la logique de la guerre. En tout état de cause, le principal développement qui a marqué la journée d’hier, c’est moins la formation de la liste Fakhoury, encore incomplète, que le ralliement du Hezbollah à la liste appuyée par M. Hariri. Ce ralliement a été justifié par le secrétaire général du parti Hassan Nasrallah par des «considérations nationales». Le Hezbollah ne peut se permettre d’être accusé d’avoir provoqué l’échec de la liste consensuelle, qui comporte les noms d’autant de personnalités chrétiennes que musulmanes, a estimé cheikh Nasrallah. C’est donc sur un fond d’union sacrée — et aussi de matraquage médiatique — que se mesureront dimanche la liste présidée par M. Fakhoury, ainsi que la liste «indépendante» où figureront notamment des «Verts». M. Abdel Hamid Fakhoury, ancien patron de la MEA, a annoncé la naissance de la «liste de Beyrouth», qui bénéficie du soutien des opposants à M. Hariri, avec à sa tête le député orthodoxe de la capitale Najah Wakim. Cette liste comprend jusqu’à présent 23 candidats, 12 musulmans, dont un économiste de renom Kamal Hamdan, et 11 chrétiens. M. Fakhoury a indiqué qu’un douzième chrétien figurerait sur sa liste, qui est également appuyée par M. Walid Joumblatt, les partisans du général Michel Aoun (en exil en France) et les partis de gauche. Mardi, Abdel Monem Ariss, un ingénieur sunnite proche de M. Hariri, avait proclamé pour sa part la «liste d’entente de Beyrouth» appuyée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Fouad Boutros, par les Kataëb, les Forces libanaises (FL) et par la Ligue maronite. La liste «consensuelle» parrainée par M. Hariri comprend 12 chrétiens (quatre orthodoxes, trois arméniens, deux maronites, un grec-catholique, un protestant et un syriaque) ainsi que 12 musulmans (huit sunnites, trois chiites, dont un partisan du Hezbollah et un autre du mouvement Amal, et un druze. Une foule d’indépendants, dont des Verts représentés par leur figure de proue Nada Sehnaoui, sont également en lice. Au total, 165 candidats briguent les 24 sièges de Beyrouth et les 390 sièges de moukhtars selon le mohafez de Beyrouth Nicolas Saba. Faible taux de participation La bataille de Beyrouth risque d’autant plus d’être dominée par la hantise de la représentation chrétienne que les résultats du scrutin municipal à Tripoli ont déçu ceux qui espéraient l’élection dans la capitale du Liban-Nord, d’au moins deux ou trois chrétiens. Traditionnellement, le conseil municipal de Tripoli comprenait cinq chrétiens. C’est finalement un seul candidat chrétien, M. Sélim Massaad, grec-orthodoxe, qui a été élu. Ce dernier figurait aussi bien sur la liste appuyée par M. Omar Karamé, dont il faisait partie, que sur la liste de la Jamaa islamiya. Cette dernière formation a remporté le tiers des sièges de la municipalité (8 sièges). Ce sera la première fois que des intégristes sunnites siègeront au conseil municipal de Tripoli. Il faut dire toutefois que la Jamaa islamiya n’existait pas lors du dernier scrutin municipal, remontant à 1963. La liste appuyée par M. Omar Karamé, elle, a enregistré un succès relatif. Certes, avec 11 sièges, elle a battu la liste rivale, appuyée par le président du Conseil, qui n’a obtenu que 5 sièges, mais ce nombre ne lui assure pas une majorité au sein du conseil municipal, et elle devra s’allier avec les représentants de la Jamaa islamiya pour disposer d’une avance confortable. M. Omar Karamé a attribué la sous-représentation chrétienne au faible taux de participation au scrutin des chrétiens eux-mêmes. Le leader nordiste a ajouté que le manque d’entrain de l’électorat alaouite était également responsable de l’absence de tout représentant de cette confession au sein du conseil municipal. Mais l’importance de la bataille de Beyrouth ne doit pas faire oublier que des scrutins municipaux se dérouleront aussi, dimanche, au Liban-Sud et à Nabatiyeh. Alors qu’un réalisme pragmatique du Hezbollah est garant d’opérations électorales sans problèmes, dans la plupart des villes et villages, l’alliance Bahia Hariri-Jamaa islamiya à Saïda a provoqué des remous au sein de la formation intégriste. L’un des responsables de cette formation au Sud, cheikh Maher Hammoud, s’est déclaré publiquement hostile à l’alliance en question. Toujours est-il que la hantise de la représentation chrétienne est également présente aux élections de Saïda, où deux chrétiens siègent traditionnellement au sein du conseil municipal. Parviendra-t-on à préserver cette quote-part symbolique du tissu social et confessionnel caractérisant traditionnellement la société libanaise? La réponse, dans quelques jours.
Avec la proclamation, hier, de la liste présidée par M. Abdel Hamid Fakhoury, qui se pose en rivale de la liste «consensuelle» présidée par M. Abdel Monhem Ariss et appuyée par M. Rafic Hariri, tout est désormais en place pour la bataille municipale de Beyrouth. Une bataille dominée par la grande peur d’une sous-représentation de l’électorat chrétien, qui porterait...