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Actualités - REPORTAGE

ils ont entamé hier une réunion préparatoire au Forum sur le partenariat euro-méditérranéen Les ministres arabes des A.E. décident d'adopter une position commune à Palerme(photo)

Les pays arabes engagés dans les négociations autour d’un projet de partenariat entre l’Union européenne et les pays riverains de la Méditerranée souhaitent profiter des assises euro-méditerranéennes qui se tiendront demain et jeudi dans la capitale sicilienne, Palerme pour demander à l’Europe d’être plus active dans son action visant à débloquer le processus de paix. Les ministres des Affaires étrangères du Liban, de la Syrie, de la Tunisie, du Maroc, de l’Algérie, de l’Egypte, le ministre des Travaux de la Jordanie, des représentants de la Libye et des territoires autonomes, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe et l’ambassadeur de Mauritanie ont entamé hier à l’hôtel «Le Vendôme» de Beyrouth une réunion préparatoire de deux jours et ont chargé M. Farès Boueiz de s’adresser en leur nom aux représentants de l’UE pour exprimer «une position arabe commune» quant à la paralysie du processus de paix. Les grandes lignes de cette position seront officiellement annoncées aujourd’hui, avant que les ministres arabes ne s’envolent pour l’Italie à bord d’un avion mis à leur disposition par le gouvernement italien. Il fut un temps où le processus de paix lancé en 1990 à Madrid et le projet de partenariat euro-méditerranéen lancé en 1995 à Barcelone étaient considérés comme étant deux entités indépendantes. Plus maintenant. Le Liban en particulier estime que les deux sont liés et a réussi hier à rallier ses interlocuteurs arabes à son point de vue: «En lançant le projet de partenariat, la conférence de Barcelone tendait à établir une zone de paix dans le bassin méditerranéen, mais cette paix est aujourd’hui menacée par l’intransigeance israélienne». Le Liban juge que l’Union européenne, qui peut jouer un rôle fondamental dans la reprise des pourparlers avec l’Etat hébreu, devrait poser comme condition, à l’octroi d’aides à Israël, l’engagement de ce pays à respecter les principes sur lesquels repose le processus de paix, apprend-on de sources proches du palais Bustros. «Il est difficile de dissocier le politique de l’économique», a déclaré le chef de la diplomatie Farès Boueiz durant sa conférence de presse. Celle-ci a précédé l’ouverture de la réunion préparatoire aux assises de Palerme, à laquelle il avait lui-même convoqué et qui focalise l’attention des missions diplomatiques occidentales au Liban. Depuis quelque temps, les ambassadeurs européens au Liban expriment un vif intérêt pour la réunion ministérielle et ses éventuels résultats. Les Européens craignent que le blocage du processus de paix ne se répercute négativement sur le dialogue euro-méditerranéen. Ces craintes avaient été exprimées sans ambages par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes au ministère allemand des Affaires étrangères, M. Werner Hoyer. En visite à Beyrouth, le 19 mai dernier, M. Hoyer avait pratiquement exhorté les Arabes de ne pas se servir du dialogue euro-méditerranéen comme un moyen de pression pour tenter d’obtenir le déblocage du processus de paix: l’UE craint que les Arabes ne gèlent leurs pourparlers en cours sur le projet de partenariat pour parvenir à cette fin. Cette éventualité est apparemment à écarter pour le moment, les ministres réunis étant tous d’accord sur la nécessité qu’il n’y ait pas de confrontation à Palerme bien qu’ils s’attendent — comme l’a d’ailleurs expliqué plus tard M. Boueiz — à ce qu’Israël — qui y sera représenté par son chef de la diplomatie — refuse d’aborder en Sicile les questions d’ordre politique en les distinguant des sujets économiques «pour préserver ses acquis sur ce plan». Entre image et son Le débat, hier, a porté sur des généralités, la réunion n’ayant pas un ordre du jour déterminé. M. Boueiz avait convoqué à une sorte de «brainstorming». «Du moment que la conférence de Palerme n’a pas un ordre du jour et qu’elle est ouverte à toutes sortes de discussions, nous avons voulu qu’il en soit de même pour la réunion de Beyrouth», a déclaré le ministre à l’ouverture de la réunion. Celle-ci était supposée commencer à 17h. Elle est reportée d’une heure et ne s’ouvrira qu’à 18h20. Les journalistes étaient aussi supposés assister à la séance d’ouverture mais pas au débat qui s’est tenu à huis clos. Comme la salle de réunion est exiguë, ils sont priés de suivre les discours à partir de la télévision — qui les retransmettait en direct — à la salle de presse: il y a l’image mais pas le son... Le discours d’ouverture de M. Boueiz est distribué par la suite. Devant ses homologues et ses invités, le chef de la diplomatie insiste sur le fait que cette réunion de coordination «est le fruit de la division qui avait marqué notre attitude en tant qu’Arabes à la conférence (euro-méditerranéenne) de Malte et des manœuvres qui ont ponctué la tenue de cette conférence». Il met l’accent sur l’importance que revêt le forum de Palerme étant donné le blocage du processus de paix, les spéculations sur un éventuel rôle européen visant à relancer les pourparlers avec Israël, ainsi que sur les possibilités de sauver ce processus. Après avoir informé ses interlocuteurs que les ambassadeurs occidentaux au Liban s’efforcent de savoir ce à quoi la réunion ministérielle aboutira, M. Boueiz souligne l’importance de toute rencontre pouvant déboucher sur une position arabe unifiée. «Il ne fait pas de doute, ajoute-t-il, qu’Israël tentera sûrement de dissocier le politique de l’économique pour préserver ses acquis économiques, d’autant qu’il évite de participer à tout autre congrès (à caractère politique) sous prétexte qu’ils ont pour objectif de l’isoler, sachant qu’il est utopique de dissocier le politique de l’économique ou de la sécurité». Le ministre explique que des thèmes tels que «la définition du terrorisme» ou «le danger nucléaire qui se pose» à cause des essais nucléaires de l’Inde et du Pakistan et de la détention d’armes nucléaires par Israël seront abordés en Sicile. Pour lui, il est impératif de se rendre à Palerme avec des options déterminées. «Nous devons arriver à Parlerme avec des positions minima par lesqulles nous serons tous engagés et dire que nous n’acceptons pas moins», dit-il, estimant qu’il ne faut pas qu’Israël puisse profiter d’une «formulation nébuleuse des thèmes proposés». M. Boueiz qui a communiqué à la presse les résultats de la réunion indique que ses homologues l’ont chargé en tant qu’hôte de la réunion d’expliquer aux représentants de l’UE leurs points de vue et d’exposer les principes qu’ils jugent fondamentaux pour une reprise du dialogue de paix avec Israël. De sources ministérielles, on apprend que c’est sur proposition du ministre syrien des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh, que le chef de la diplomatie a été chargé d’«exprimer la position arabe commune». De mêmes sources, on précise que M. Chareh, qui a rendu hommage à son homologue libanais, se félicitant de son initiative de convoquer à une réunion préparatoire ministérielle, a mis l’accent sur la nécessité d’éviter toute confrontation à Palerme mais d’expliquer clairement aux Européens les dangers qui découlent de la paralysie du processus de paix et des positions intransigeantes d’Israël. Dans le même ordre d’idées, les ministres arabes se sont entendus pour que M. Boueiz tienne une conférence de presse seul, ou conjointement avec le secrétaire d’Etat au Foreign Office, M. Robin Cook, qui présidera la conférence de Palerme, étant donné que c’est la Grande-Bretagne qui préside la troïka européenne. Selon les mêmes sources, les représentants de l’UE et notamment la Grande-Bretagne n’ont pas d’inconvénient à ce que les ministres arabes insistent sur des questions politiques au cours du forum. Le chef de la diplomatie égyptienne, M. Amr Moussa, a informé ses homologues qu’il a reçu de M. Cook une lettre dans laquelle il explique que si des questions politiques doivent être abordées à Palerme, il ne faut pas que cela soit au détriment des dossiers économiques, sociaux et culturels qui seront soulevés et propose aux participants arabes de mettre sur du papier les thèmes qu’ils souhaitent discuter. Les 27 pays de l’UE et du Bassin méditerranéen avaient proclamé à Barcelone trois partenariats dans les domaines politique, économique et culturel, rappelle-t-on. Ce matin, un comité dit de rédaction se réunira à 9h pour élaborer le document de travail arabe. Il sera composé des représentants des pays qui participent à la réunion préparatoire. Le Liban a pour sa part délégué le secrétaire général du palais Bustros, M. Zafer el-Hassan, et le directeur des affaires politiques au ministère, M. Samir Khoury. Le document qui sera mis au point servira de «base de travail à toutes les délégations durant leurs interventions à Parlerme», selon M. Boueiz. Dans son point de presse, le chef de la diplomatie met l’accent sur l’attachement des ministres arabes au succès de la conférence. «Nous n’allons pas à Palerme en vue d’une confrontation mais pour engager un dialogue calme et rationnel sur les problèmes de l’heure. Dans le même temps, nous ne voulons pas être entraînés dans un débat sur des généralités», précise-t-il. Outre les problèmes politiques, les ministres se sont arrêtés sur des questions d’ordre organisationnel. Il a été ainsi décidé d’insister à Palerme sur la nécessité que la Libye et la Mauritanie soient incluses dans le dialogue euro-méditerranéen: la Libye «du moment qu’elle a été innocentée des accusations qui étaient portées contre elle» (la Libye, rappelle-t-on, est soumise à un embargo aérien de l’ONU depuis 1992 pour son refus de livrer aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne deux suspects dans l’attentat contre un avion de la Pan Am, au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, en 1988. Elle était la seule à avoir été exclue du projet de partenariat en raison des accusations de terrorisme) et la Mauritanie «au titre de la coordination aux activités arabes». La Mauritanie avait assisté en tant qu’observateur à la conférence de Barcelone. Bien que des efforts tous azimuts sont déployés actuellement sur le plan régional pour tenter de convoquer à un sommet arabe, qui sera consacré au processus de paix, les ministres arabes n’ont soulevé cette question que de biais, concentrant leurs débats sur Palerme. A son arrivée à l’hôtel «Le Vendôme», le chef de la diplomatie syrienne indique qu’il n’y a toujours rien de concret sur ce plan. Il précise que les concertations se poursuivent «concernant l’objectif du sommet et ses résultats escomptés qui doivent être en harmonie avec les intérêts supérieurs de la nation arabe et garantir la récupération totale des droits arabes spoliés». «Lorsque le climat et la base nécessaires à un sommet arabe seront assurés, soyez sûrs qu’ils se tiendra», ajoute-t-il, avant de se rendre vers sa suite, entouré d’une dizaine de gardes du corps. Au terme de la réunion nocturne, M. Chareh s’est rendu avec son homologue égyptien Amr Moussa, à bord de la même voiture, au dîner offert par le chef de la diplomatie en l’honneur des délégations arabes dans un des restaurants de Zouk Mikhaël. Les ministres Michel Eddé, Akram Chehayeb, Béchara Merhej et Farouk Barbir y étaient conviés, ainsi que le nonce apostolique, Mgr Antonio Maria Veglio, et les ambassadeurs occidentaux accrédités au Liban.
Les pays arabes engagés dans les négociations autour d’un projet de partenariat entre l’Union européenne et les pays riverains de la Méditerranée souhaitent profiter des assises euro-méditerranéennes qui se tiendront demain et jeudi dans la capitale sicilienne, Palerme pour demander à l’Europe d’être plus active dans son action visant à débloquer le processus de...