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Actualités - CHRONOLOGIE

Deux ans de pouvoir de Benjamin Netanyahu : la paix au congélateur

En deux ans de pouvoir, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est parvenu à geler le processus de paix sans déclencher, du moins pour le moment, la catastrophe que beaucoup prédisaient. Depuis son élection, le 29 mai 1996, le chef du gouvernement de droite a mené habilement sa barque et a dû souvent louvoyer à travers les écueils, mais avec un cap parfaitement clair: faire mourir un processus qu’il juge vicié, sans l’enterrer officiellement. Cette attitude lui vaut des volées de bois vert du camp libéral en Israël. «Il y a une méthode dans la folie politique de M. Netanyahu», a écrit cette semaine le commentateur Gideon Samet dans le quotidien «Haaretz». «Ses zigzags perpétuels ne nous conduisent absolument nulle part. Et pourtant, derrière toutes ses roublardises, il y a une volonté de fer de faire table rase de la situation actuelle et des acquis de ses prédécesseurs», observe-t-il. Faisant fi de l’irritation croissante des Palestiniens, du monde arabe, de la communauté internationale et même du puissant parrain américain, M. Netanyahu n’a pas mené un seul des trois retraits militaires successifs en Cisjordanie prévus par les accords d’Oslo sur l’autonomie. Apparemment convaincu que le temps joue pour lui, M. Netanyahu n’a de cesse de retarder les échéances, comptant sur ses alliés républicains au Congrès et sur la communauté juive pour étouffer dans l’œuf toute tentative de l’administration américaine de faire pression sur lui. Il conteste le fondement même du processus de paix — la restitution des territoires occupés en échange de la paix — en faisant valoir que c’est justement l’évacuation de territoires qui mettrait en danger la sécurité d’Israël. M. Netanyahu se justifie en reprochant à l’Autorité palestinienne de ne pas respecter sa part des accords et de ne pas faire assez pour réprimer le terrorisme, un argument qui fait mouche dans l’opinion israélienne même si aucun attentat important n’a plus eu lieu depuis neuf mois. Paix et sécurité Le chef du gouvernement a ainsi accrédité l’idée, chez les Israéliens, que la paix entre en conflit avec la sécurité, donnant du même coup des arguments à l’opposition palestinienne, qui estime que les accords d’Oslo signés par Yasser Arafat ne permettront jamais aux Palestiniens d’obtenir leur indépendance. Sûr de son bon droit, le premier ministre n’a pas hésité à recourir à ce que les Palestiniens considèrent comme des provocations, en particulier lorsqu’il a fait percer une ouverture dans un souterrain longeant l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, en septembre 1996. Les pires émeutes dans les territoires en trente ans d’occupation firent alors plus de 80 morts. M. Netanyahu a su aussi lâcher du lest, notamment lorsqu’il a accepté de créer une enclave autonome palestinienne supplémentaire en évacuant les 4/5e de la ville de Hébron, en janvier 1997. Mais il a aussitôt bloqué le processus de paix en mettant en chantier une nouvelle colonie juive sur la colline d’Abou Ghneim à Jérusalem-Est, sans grand résultat concret d’ailleurs puisque 14 mois plus tard, aucun logement n’y a été construit. Ses critiques de droite tirent argument du compromis de Hébron et du gel des travaux à Abou Ghneim pour accuser M. Netanyahu d’être prêt à céder n’importe quoi pour se maintenir au pouvoir. Mais M. Netanyahu n’en a cure, ayant réussi à circonvenir, un à un, tous ses ennemis politiques dans le camp de la droite. Premier chef de gouvernement israélien élu au suffrage universel direct, M. Netanyahu jouit en effet d’une position institutionnelle plus forte qu’aucun de ses prédécesseurs. Depuis son élection, il a survécu à une série de scandales politiques, à des revers au Parlement et à une nette dégradation de la situation économique. Les sondages le donnent régulièrement en tête des intentions de vote, devant le chef de l’opposition Ehud Barak, qui n’a pas réussi à s’imposer depuis son élection à la tête du Parti travailliste il y a un an. Malgré les nuages qui s’accumulent, M. Netanyahu serait sans doute réélu si des élections avaient lieu aujourd’hui. (AFP)
En deux ans de pouvoir, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est parvenu à geler le processus de paix sans déclencher, du moins pour le moment, la catastrophe que beaucoup prédisaient. Depuis son élection, le 29 mai 1996, le chef du gouvernement de droite a mené habilement sa barque et a dû souvent louvoyer à travers les écueils, mais avec un cap parfaitement...