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Actualités - REPORTAGE

Les femmes dans la mêlée municipale Sana Tawil : une nostalgie du Beyrouth d'antan, verdoyant et convivial (photo)

Si Sana Tawil réussit à transformer seulement deux quartiers de Beyrouth à l’image de sa chaleureuse maison à la montée Chéhadé, elle mérite d’être élue d’office membre du conseil municipal de la capitale. Chez elle, tout est beau, gai, sérieusement étudié et lumineux, comme un appel permanent à la joie de vivre. Du goût, cette dame en a beaucoup; mais elle a aussi de la détermination et un esprit pratique qui lui permettent de tirer parti de chaque pièce de chaque objet pour en dégager le charme et le faire fructifier. A travers son regard qui semble voir au-delà de la laideur, on se prend à rêver d’un «Basta» ayant gardé son caractère particulier, mais dégagé, propre et fleuri, d’un «Zokak el-Blatt» transformé en lieu où il fait bon vivre, d’un «Médawar» verdoyant et captant intelligemment les rayons du soleil, bref, d’une capitale rendue à elle-même et à ses habitants. Seulement comment faire pour que ce rêve devienne réalité? Mme Tawil, née Halwany, a présenté sa candidature au conseil municipal de Beyrouth, comptant sur ses nombreux amis pour mener sa campagne qu’elle veut simple et sincère, loin du matraquage médiatique habituel, photos et brochures à l’appui. Originale dans sa façon de faire naître le beau partout où elle va, Sana Tawil est plus traditionnelle dans sa conception de concevoir les élections municipales. Pour elle, il ne devrait pas s’agir d’une échéance politique, mais d’un choix visant à désigner les personnes le plus susceptibles d’améliorer la capitale, cette ville à laquelle elle voue une grande passion. «J’y suis née, dit-elle, et cela fait trente ans que je vis dans ce quartier et dans cette maison. Je connais pratiquement tout le monde, ici, et j’essaie de mobiliser les gens autour de moi pour préserver l’environnement. Il y a 5 ans, j’avais même chargé un étudiant — devenu depuis ingénieur agronome — Karim Jisr, de collecter 10.000 LL de chaque habitant désireux de fleurir la rue et nous avons réussi à la transformer en coin secteur ombragé». Mme Tawil croit pouvoir trouver d’autres Karim. Elle investit d’ailleurs beaucoup dans la jeunesse. Selon elle, il faut motiver les jeunes et les pousser à s’investir dans la protection de leur capitale, puisque c’est finalement eux qui y vivront. Elle avoue ainsi avoir décidé de présenter sa candidature au conseil municipal de Beyrouth pour son petit fils, Sari (un an et huit mois), afin qu’il grandisse dans un cadre agréable et non dans une ville sans âme, sale et surpeuplée. Cette petite femme pleine d’énergie, si habile de ses dix doigts, a l’air de ne pas tenir en place, toujours en train de parler au téléphone, ou d’ouvrir sa porte à une amie ou un quelconque sollicitant, tout en triturant un vague objet qui deviendra un bijou. Mais en dépit de son côté un peu fantaisiste d’artiste, elle a le bon sens et la persévérance de l’artisan et elle prend tout à fait au sérieux son engagement dans la bataille municipale. «Mes amis, dit-elle, m’ont grandement encouragée. Comme de toute façon ma maison est toujours ouverte et que je ne sais pas dire non lorsque quelqu’un me demande un service, je me suis dit qu’il serait bon de canaliser tout cet enthousiasme dans une occupation d’intérêt général». En toute modestie, Sana Tawil croit pouvoir faire beaucoup pour sa ville, quartier par quartier. «Pour moi, chaque coin a un charme particulier. Il s’agit simplement de le dégager et de lui permettre de s’épanouir». Souvenirs d’enfance Rien ne semble entamer l’enthousiasme de cette dame qui rêve de redonner à Beyrouth son cachet d’antan et elle est intarissable lorsqu’elle évoque des souvenirs d’enfance dans certains quartiers aujourd’hui défigurés. Certes, elle reconnaît que sa victoire sera difficile, surtout qu’elle n’aime pas la politique et qu’elle ne dispose pas d’une puissante machine électorale, indispensable dans une ville comme Beyrouth, mais elle mènera quand même la bataille jusqu’au bout et si elle est sollicitée pour intégrer une liste, elle y réfléchira sérieusement. Sans avoir un programme, car d’une part, elle trouve cela prétentieux et d’autre part, elle pense qu’il doit être le fruit d’un travail d’équipe , Sana Tawil a de nombreuses idées pour améliorer la vie à Beyrouth. Elle s’intéresse ainsi beaucoup à l’activité dans les rues et ayant participé aux expositions dans la rue Makhoul, elle souhaite en organiser d’autres dans tous les quartiers. «J’adore la rue, dit-elle. Il est important de la rendre vivante et de permettre aux gens de s’y exprimer». Dans ce domaine, elle estime pouvoir faire beaucoup de choses. D’autant qu’elle a l’expérience des foules et surtout des enfants, pour lesquels elle a organisé de nombreuses colonies. Membre du World Craft Council (le comité international des artisans), représentante au Liban de l’association internationale des marionnettistes (UNIMA) et active dans plusieurs associations sociales dont les Makassed et le Rassemblement Mère de Lumière (pour aider les drogués), elle a mille et un projets pour redonner du dynamisme à l’artisanat local et permettre aux Beyrouthins de redécouvrir le sens du beau. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur son intérieur, plein de ces petits riens qui donnent de la chaleur à un salon et qui fait qu’on n’a plus envie de le quitter. Il faut surtout traîner sur sa merveilleuse terrasse, au dernier étage de l’immeuble, où elle cultive amoureusement ses fraisiers, son mûrier, son figuier, son olivier et sa treille. Dans ce cadre idyllique, on a l’impression qu’il n’y a de place que pour le bonheur et on voudrait qu’il en soit ainsi dans toute cette ville souvent mutilée.
Si Sana Tawil réussit à transformer seulement deux quartiers de Beyrouth à l’image de sa chaleureuse maison à la montée Chéhadé, elle mérite d’être élue d’office membre du conseil municipal de la capitale. Chez elle, tout est beau, gai, sérieusement étudié et lumineux, comme un appel permanent à la joie de vivre. Du goût, cette dame en a beaucoup; mais elle a...