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Actualités - CHRONOLOGIE

Essais nucléaires Inde-Pakistan : cinq partout

La riposte pakistanaise aux essais nucléaires indiens était attendue: elle n’a pas tardé. Hier, Islamabad a annoncé avoir procédé à non moins de cinq explosions souterraines — le même nombre que celui réalisé par New Delhi. Le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, qui en a fait l’annonce, a proposé à son puissant voisin un pacte de non-agression et réaffirmé que son pays demeurait en faveur de la non-prolifération nucléaire. Il n’empêche: le président américain Bill Clinton a annoncé qu’il imposerait des sanctions à l’encontre du Pakistan, tandis que Paris et Moscou écartaient une possibilité similaire et que les protestations se multipliaient un peu partout dans le monde. «Tous les essais ont été des succès», a annoncé M. Sharif dans un message télévisé à la nation dans lequel il a souligné que le Pakistan avait ainsi «égalisé les comptes avec l’Inde». «Notre réponse était inévitable», a précisé le premier ministre, en accusant l’Inde d’avoir ignoré les propositions de non-prolifération faites par Islamabad. Ces cinq essais pakistanais ont eu lieu au Balouchistan, la zone la plus pauvre et la plus désertique, située dans le sud-ouest du Pakistan, le long de la frontière avec l’Iran et l’Afghanistan. «C’est un jour béni d’une importance historique», a ajouté M. Sharif tout en ne cachant pas que s’ouvrait pour le Pakistan une période d’austérité en raison des sanctions économiques probables de la communauté internationale. D’autant plus, soulignent les observateurs, que les finances publiques et l’économie du pays sont déjà dans un état lamentable. Des milliers de personnes ont envahi les rues d’Islamabad, de Lahore, de Karachi et des principales autres villes du pays pour célébrer les essais annoncés par M. Sharif. Selon l’agence officielle APP, les gens scandaient «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand). Le Pakistan est, en effet, le premier pays islamique à effectuer des essais nucléaires. Paris et Moscou pour leur part ne semblent pas disposés à suivre Washington sur la voie des sanctions, une mesure qui a été écartée d’emblée par les chefs de la diplomatie française et russe, MM. Hubert Védrine et Evgueni Primakov. Tandis que ce dernier affirmait: «Non à l’embargo; nous sommes très prudents», son homologue français déclarait: «On a affaire à deux grands pays (l’Inde et le Pakistan) et il faut les traiter comme des partenaires, même si l’on estime qu’ils ont pris une mauvaise direction». Quant au premier ministre indien Atal Behari Vajpayee, il a jugé que les essais pakistanais justifiaient et la décision de son pays de conduire des tests atomiques. Il a noté que les essais pakistanais avaient «créé une situation nouvelle» et que cela devait faire l’objet d’un débat, aujourd’hui vendredi, au Parlement. A l’instar du Conseil de Sécurité de l’ONU qui a «déploré vivement» les tests pakistanais, plusieurs autres parties ont condamné Islamabad, notamment la Grande-Bretagne, l’OTAN, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et l’organisation chargée de surveiller le traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Le Japon a fait savoir qu’il étudiait l’adoption de sanctions et qualifié les essais d’«extrêmement déplorables». Quant à la Chine, proche allié du Pakistan et qui avait été prévenue à l’avance des essais, elle en a annoncé le déroulement avec une célérité inhabituelle. La Suède a annoncé qu’elle avait décidé de suspendre immédiatement tout nouvelle exhortation d’armes au Pakistan, alors le ministre danois des Affaires étrangères Niels Helveg Petersen déplorait ces essais «qui constituent, a-t-il fait valoir, un développement extrêmement grave». Les cinq tests que le Pakistan a effectués jeudi constituent le point d’orgue d’un programme nucléaire véritablement né le 31 juillet 1976, près de deux ans après le premier essai atomique indien. Immédiatement après ce premier test indien, le premier ministre Zulficar Ali Bhutto avait déjà déclaré: «Si l’Inde construit la bombe, nous l’aurons nous aussi même si, pour cela, nous devons manger de l’herbe et des feuilles». Mais ces essais constituent aussi une nouvelle — et inquiétante — étape de la féroce rivalité d’un demi-siècle entre l’Inde et le Pakistan, marquée notamment par trois guerres, estiment les observateurs. Les deux pays se sont livrés deux guerres pour le Cachemire en 1947 et 1965. Une troisième guerre entre l’Inde et le Pakistan a conduit en décembre 1971 à la partition du Pakistan et à l’indépendance de sa partie orientale devenue le Bangladesh. Ce territoire himalayen à majorité musulmane partagé entre l’Inde et le Pakistan est, depuis 1947, la principale pomme de discorde entre les deux pays ennemis qui s’en disputent le contrôle total. «Le Pakistan a été obligé d’exercer son option nucléaire en raison de la politique d’armement nucléaire indienne», a dit M. Sharif dans une déclaration lue devant les journalistes. Cette politique indienne a conduit à «l’effondrement de la dissuasion existante et a radicalement altéré l’équilibre des forces dans la région», a poursuivi M. Sharif. «Le Pakistan continuera de soutenir l’objectif du désarmement nucléaire et de la non-prolifération», a souligné M. Sharif, qui a aussi affirmé l’engagement d’Islamabad à ne pas transférer des technologies nucléaires sensibles à d’autres pays. Le premier ministre a encore renouvelé l’offre pakistanaise de pacte de non-agression à l’Inde, «sur la base d’un juste règlement de la question du Cachemire». M. Sharif a d’ailleurs prévenu dans sa déclaration aux journalistes que le Pakistan s’opposerait «à tout embargo destiné à l’empêcher d’exercer son droit à développer différentes technologies pour son droit à l’autodéfense». L’une des premières réactions dan le monde est venue de Washington où le président Bill Clinton a «déploré« les essais nucléaires pakistanais et annoncé qu’il imposerait des sanctions à l’encontre d’Islamabad. «En ne faisant pas preuve de retenue en réponse aux essais indiens, le Pakistan a réellement perdu une occasion précieuse de renforcer sa propre sécurité, d’améliorer sa position politique aux yeux du monde», a déclaré Bill Clinton lors d’une brève déclaration à la Maison-Blanche. «Il est maintenant plus urgent qu’hier que le Pakistan, tout comme l’Inde, renonce à procéder à d’autres essais, signe le traité sur l’interdiction totale des essais nucléaires» (Comprehensive Test Ban Treaty, CTBT) et prenne des «mesure décisives» pour «réduire les tensions en Asie du Sud», a ajouté le président Clinton. «Bien que le Pakistan n’ait pas été le premier à effectuer des essais, deux noirs ne font pas un blanc», a-t-il déclaré. «Je déplore cette décision», a-t-il ajouté. Bill Clinton a enfin souligné qu’il ne pouvait désormais qu’appliquer des sanctions à l’encontre du Pakistan.
La riposte pakistanaise aux essais nucléaires indiens était attendue: elle n’a pas tardé. Hier, Islamabad a annoncé avoir procédé à non moins de cinq explosions souterraines — le même nombre que celui réalisé par New Delhi. Le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, qui en a fait l’annonce, a proposé à son puissant voisin un pacte de non-agression et réaffirmé...