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Actualités - CHRONOLOGIE

Duel sans merci Karamé-Hariri, dimanche, à Tripoli Assises chrétiennes élargies aujourd'hui en vue d'un consensus à Beyrouth(photo)

En attendant la troisième visite du président Jacques Chirac au Liban, Tripoli en raison de la proximité de l’échéance, Beyrouth en raison de sa dimension nationale, occupaient toujours, hier, la vedette de l’actualité municipale, qui donnera dimanche lieu à une «bataille de géants» dans la capitale du Liban-Nord. En effet, la grande bataille municipale de Tripoli s’est enfin ouverte, hier, avec la proclamation par M. Omar Karamé de la «Liste de la dignité» comprenant 24 membres. En faisant connaître la composition de sa liste, en début de soirée, l’ancien chef du gouvernement, Omar Karamé, a d’emblée situé sa démarche comme la seule réponse appropriée qu’il pouvait donner aux «ingérences» du président du Conseil, Rafic Hariri, dans les affaires municipales de Tripoli. De sorte que le scrutin de dimanche apparaît, d’ores et déjà, comme un duel fatidique entre l’ancien et l’actuel président du Conseil. M. Karamé a notamment accusé M. Hariri d’avoir fait échouer tous les efforts déployés en faveur d’une liste consensuelle à Tripoli. «Nous avons fait l’impossible, au cours des dix derniers jours, pour parvenir à ce consensus», a-t-il dit «et les intermédiaires qui faisaient la navette entre nous sont là pour témoigner». Et M. Karamé d’ajouter qu’il aurait pu choisir de laisser à ses partisans la liberté de choix, mais qu’il a jugé nécessaire de «faire front à l’invasion politique venue du dehors, qui a voulu et œuvré à détruire l’entente et qui cherche à s’approprier et à dominer toutes les régions du Liban». «Cette partie ou cet homme qui cherche à mettre la main sur la municipalité de Tripoli est le même qui a mis la main sur la Foire de Tripoli et l’a paralysée, et sur le port, qu’il a torpillé», a-t-il encore affirmé. L’ancien chef du gouvernement a enchaîné en reconnaissant que le travail municipal n’est pas politique, mais a ajouté qu’il avait été forcé de politiser sa campagne «car cheikh Rafic Hariri, et je dis cheikh, et non le président du Conseil, s’il avait respecté sa fonction, aurait œuvré pour l’entente». M. Karamé a également dénoncé les personnalités de Tripoli «députés et autres, qui vont en mercenaires ramper sur le seuil de la maison (de M. Hariri), dans l’espoir d’un gain bon marché». La liste de M. Omar Karamé comprend 24 membres et serait présidée par M. Abdel Rahman Thamine. En revanche, l’échec des efforts visant à la formation d’une liste consensuelle a été attribué par M. Ahmed Karamé à M. Omar Karamé. Sans chercher à déterminer les responsabilités, M. Ahmed Hbouss et un porte-parole de la Jamaa islamiya ont, eux aussi, affirmé que les efforts en vue d’une liste unique à Tripoli n’avaient pas porté leurs fruits. Outre la liste appuyée par M. Omar Karamé, six autres listes, incomplètes, sont en lice à Tripoli. La Jamaa islamiya, quant à elle, tente de mettre à profit les municipales pour faire le plein de voix et se rétablir aux yeux de l’opinion, après la fermeture forcée de sa radio. Quant à la liste que parrainerait M. Hariri, elle comprendrait M. Ahmed Kamareddine, qui en serait le futur président, et compterait 14 autres personnalités. Elue, elle bénéficierait d’une majorité suffisante pour fonctionner. La bataille municipale de Beyrouth, qui vient immédiatement après celle du Nord, n’a toujours pas livré ses contours. Dans la capitale, M. Hariri travaille d’arrache-pied à la formation d’une liste qui serait suffisamment représentative pour l’emporter sans problème. Cette liste, selon le chef du gouvernement, devrait être composée à égalité de personnalités chrétiennes et musulmanes, c’est-à-dire de 12 personnalités musulmanes et de douze autres chrétiennes. Les tractations en vue de former la partie «chrétienne» de la liste sont activement prises en charge par diverses personnalités, mais avant tout par l’ancien ministre Fouad Boutros. Ce dernier s’est réuni hier avec MM. Karim Pakradouni, Antoine Chader et Simon el-Khazen, représentant le parti Kataëb, et MM. Alfred Madi, Toufic Hindi et Joe Sarkis, représentant le courant «Forces libanaises». Selon les informations disponibles, chaque communauté ou groupe ethnico-religieux, comme les Arméniens, nommerait ses représentants. La liste des 12 chrétiens comprendrait 4 orthodoxes, 3 Arméniens, 3 maronites, un grec-catholique et un protestant. Le PNL, le BN et le courant «aouniste» auraient toutefois refusé de se mêler à cette «cuisine» électorale. En tout état de cause, des assises chrétiennes élargies se tiendront à 17 heures, aujourd’hui, en présence de M. Fouad Boutros, au restaurant de la tour «Al-Ghazal», en présence aussi de toutes les personnalités politiques chrétiennes concernées par ces municipales. Il y aura notamment MM. Roger Dib, Michel Sassine, Dory Chamoun, Pierre Hélou (Ligue maronite), Dimitri Bitar (Ligue grecque-orthodoxe), Habib Ephrem (Ligue syriaque), Nasr Audeh (Ligue grecque-orthodoxe), Karim Pakradouni, Simon el-Khazen, Emile Rahmé (parti Solidarité), Alfred Madi, Toufic Hindi, Hagop Pakradouni (partis arméniens), Gebrane Tuéni, Elie Karamé, Massoud Achkar et Youssef Andari (courant national). En tout état de cause, le principe d’une nomination «libre» des personnalités de chaque grande confession, par les représentants de cette confession même, aurait été accepté par M. Hariri, que n’aurait pas son mot à dire au sujet de la liste de personnalités qui lui présenterait éventuellement M. Boutros. Ce principe s’accompagnerait d’un revirement de M. Hariri, qui accepterait désormais que des personnalités partisanes soient élues membres du conseil municipal de Beyrouth, ce qu’il refusait d’abord. Toutefois, selon les proches de M. Hariri, les personnalités qui entreraient au conseil municipal de Beyrouth devraient être résolument des figures modérées. Le futur conseil municipal de Beyrouth comprendrait, si les tractations aboutissent, un représentant du parti Kataëb et un autre du Hezbollah (choisi parmi les trois personnalités chiites figurant au sein du conseil municipal, si tant est que le parti de Dieu ne juge pas être sous-représenté de la sorte). Evidemment, l’éventuelle publication des noms des candidats aux municipales se ferait après le départ du président français Jacques Chirac. Pour bien marquer qu’il ne s’agit pas d’une liste Hariri, cette publication serait annoncée à partir d’un lieu autre que la résidence du président du Conseil. La liste serait présidée par MM. Ghazi Koraytem, Amine Daouk ou Abdel Monhem Ariss. Face à cette liste de coalition, d’autres listes existent, notamment une liste aouniste-«wakimiste» présidée par M. Abdel Hamid Fakhoury, dont la proclamation officielle attend le moment propice, mais dont la composition est grosso modo déjà connue. Le président du Conseil s’est rendu hier à Damas, où il a rencontré MM. Abdel-Halim Khaddam, Mahmoud Zohbi et Farouk el-Chareh, avant de rentrer à Beyrouth. M. Hariri a abordé avec ses interlocuteurs des questions d’ordre régional — M. el-Chareh était à Washington il n’y a pas longtemps —, et interne au Liban, dont les municipales. Damas, note-t-on, n’est pas optimiste au sujet du processus de paix, et donne à celui-ci la priorité sur toute autre question. Aussi, comprend-on les conseils de retenue que les dirigeants syriens ne cessent de prodiguer à leurs alliés au Liban. Ce pessimisme syrien se reflète-t-il, d’une façon ou d’une autre, dans l’interview accordée par le chef de l’Etat à Radio-Monte-Carlo? (VOIR PAR AILLEURS). Toujours est-il qu’en réponse à une question au sujet de l’éventualité d’une modification de sa position de principe hostile à une nouvelle prorogation de son mandat présidentiel, si les circonstances ou un événement l’exigent, M. Hraoui a répondu évasivement: «Chaque chose en son temps». Gageons que cette «petite phrase» du chef de l’Etat sera abondamment commentée dans les prochains jours. A moins que l’actualité ne vienne la justifier.
En attendant la troisième visite du président Jacques Chirac au Liban, Tripoli en raison de la proximité de l’échéance, Beyrouth en raison de sa dimension nationale, occupaient toujours, hier, la vedette de l’actualité municipale, qui donnera dimanche lieu à une «bataille de géants» dans la capitale du Liban-Nord. En effet, la grande bataille municipale de Tripoli s’est...