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Actualités - ANALYSE

Beyrouth mère de toutes les obstinations ...

Les municipales de Beyrouth font par leur importance et leur remue-ménage de l’ombre à celles du Nord, prochaine étape électorale. Il s’agit de savoir en effet si le couronnement du roi Hariri va être aussi éblouissant qu’il le souhaite ou s’il va devoir se contenter d’un trône limité à l’Ouest… La plupart des pôles politiques, civils ou religieux souhaitent épargner à la capitale les secousses, la tension d’une bataille électorale et des efforts considérables sont déployés pour mettre sur pied une liste de coalition. Mais cette bonne volonté se heurte à deux sortes d’entêtement. Celui d’abord des forces opposées à M. Hariri ou qui, comme le Hezbollah, n’ont pas de problème pour s’en démarquer et qui tentent de se regrouper pour le combattre à tout prix… Et ensuite l’obstination de M. Hariri lui-même qui pose par ailleurs aux parties prêtes à s’accorder avec lui les conditions d’un monarque absolu, seul maître de la composition de la liste d’union, «sa» liste, dit-il. Un spécialiste des cuisines électorales estime pour sa part qu’après «ce qui s’est passé dans la banlieue-sud, ce prolongement organique de Beyrouth sur le plan de l’électorat chiite, il est peu probable que l’on puisse éviter la bataille. Sauf évidemment coup de théâtre et soudaine dislocation de l’alliance Hariri-Berry au profit d’un rapprochement du président du Conseil avec le Hezbollah, hypothèse qui paraît tout à fait exclue. Pour deux raisons: d’abord parce que M. Hariri savait qu’électoralement la jonction avec M. Berry ne lui serait pas profitable mais il y a tenu pour des considérations politiques stratégiques ayant trait aux prochaines présidentielles; et ensuite parce qu’évidemment dans Beyrouth même le Hezbollah n’a pas le même poids électoral que dans un fief purement chiite comme la banlieue-sud, tant s’en faut. Si M. Hariri a accepté d’être contre ce parti-là où ce dernier est fort, ce n’est pas pour être avec lui là où il est faible». «Mais les intégristes, poursuit cette source, ont l’avantage de disposer d’une bonne organisation et ils peuvent être très utiles pour un antiharirien convaincu — et populaire — comme Najah Wakim. On voit mal ce dernier baisser les bras et il faut s’attendre donc qu’avec le Hezb comme avec d’autres il se lance de toutes ses forces dans la mêlée. Sauf bien entendu si les décideurs, compatissant aux épreuves du milliardaire, ne prient leurs nombreux bons amis de le laisser tranquille…» L’intéressé pour sa part, sûr de sa puissance urbaine, campe à l’Ouest même sur ses positions en refusant l’accès des membres des partis au conseil municipal de la ville, ce qui met le Hezbollah hors de lui et rend encore plus improbable un rabibochage de dernière minute entre eux. Mais à l’Est aussi, où on trouve beaucoup de partis, on grogne contre le veto opposé par M. Hariri à la présence d’édiles partisans. Et on lui reproche surtout de vouloir fabriquer la liste à sa guise, même pour les noms chrétiens, ce qui ôte au terme de «consensus» toute sa signification. «Les complications sont telles, reprend l’expert, qu’à gauche comme à droite on commence à penser que le mieux serait encore, comme à Baabda, de reporter le scrutin à Beyrouth. Un répit de quelques semaines qui donnerait sa chance à la proposition chrétienne de diviser municipalement la capitale, ce qui réglerait le problème des équilibres confessionnels dans la composition du conseil municipal. Autrement dit, comme dans le temps pour les législatives, l’Est et l’Ouest voteraient à part, chacun pour une moitié des membres du conseil. On sait en effet que, dans le système en vigueur, et en dépit des promesses de M. Hariri qui du reste ne peut pas s’engager pour les électeurs, le conseil risque d’être composé à une majorité écrasante de mahométans, du simple fait que les électeurs musulmans sont plus nombreux que les chrétiens, surtout depuis l’expansion prise pendant la guerre par la communauté chiite et la naturalisation en 94 d’innombrables Palestiniens». Faut-il le souligner: c’est Baabda aujourd’hui qui se frotte les mains sur le ton «je-vous-l’ai-bien-dit»… En effet, comme le rappelle un hraouiste, «quand le chef de l’Etat avait prévu de faire nommer une partie des édiles pour préserver les quotas confessionnels et protéger les minorités, il s’était heurté à un tollé où les ministres ou députés de l’Est se distinguaient le plus,ceux-là mêmes qui aujourd’hui poussent des cris d’orfraie au nom d’une représentation chrétienne qui risque d’être sévèrement gommée à Beyrouth. Ils n’ont que ce qu’ils méritent…» Pas encore si d’aventure ils parviennent à faire reporter les municipales du 7 juin en vue de rediviser la capitale. Mais c’est loin d’être acquis…
Les municipales de Beyrouth font par leur importance et leur remue-ménage de l’ombre à celles du Nord, prochaine étape électorale. Il s’agit de savoir en effet si le couronnement du roi Hariri va être aussi éblouissant qu’il le souhaite ou s’il va devoir se contenter d’un trône limité à l’Ouest… La plupart des pôles politiques, civils ou religieux souhaitent...