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Actualités - ANALYSE

Des résultats qui révèlent les défauts cachés de certaines alliances

Bravo — un bravo du reste unanime —, pour l’ordre, la régularité, le fair-play. Côté neutralité du pouvoir, l’hommage est plus mitigé car encore une fois il a été juge et partie. Ainsi le ministre de l’Intérieur, techniquement en charge de l’opération, était l’un des pôles les plus impliqués dans la compétition, tout comme d’ailleurs le chef du gouvernement en personne. Mais enfin, ils sont aussi politiciens de métier et tant qu’il n’y a eu ni achat de voix, ni triche, ni intimidation abusive, il n’y a pas grand-chose à redire à leur prestation sur le plan légal… Restent les résultats. Et comment ils ont pu être obtenus. Dans la banlieue-sud le franc succès du Hezbollah face à l’alliance Berry-Hariri s’explique en grande partie par un rejet visant essentiellement le non-chiite de l’affaire. Habilement, la propagande électorale du Hezb, plutôt que d’attaquer Amal, avait mis l’accent sur un slogan très porteur dans une zone plutôt faible économiquement: la «lutte contre les forces d’argent, contre l’hégémonie des nantis et des puissants»… Mais au Sud et dans la Békaa cette tactique dite du bouc émissaire sunnite ne peut pas être appliquée. En effet, sauf grosso modo à Saïda et à Zahlé, les chiites vont s’y retrouver entre eux, dans un duel simple Amal-Hezbollah. Tous les efforts de conciliation ont jusque là échoué, principalement minés faut-il dire par l’alliance conclue entre MM. Berry et Hariri qui par elle-même vise à mettre le Hezb hors-jeu. C’est ainsi que le chef du gouvernement a «lâché» brusquement les intégristes dans la banlieue-sud, pour s’en mordre les doigts ensuite. Ou peut-être pas tellement: M. Hariri peut en effet passer simplement cet épisode malencontreux aux pertes et profits, en misant sur des avantages que son accord avec M. Berry peut encore lui rapporter, électoralement ou sur d’autres plans. En ce qui concerne la Syrie, ses supporters de tous poils soulignent à l’envi qu’elle n’intervient pas du tout dans la formation des listes et qu’elle se tient à distance égale de tous les protagonistes, dans l’ensemble des régions sous son contrôle politique ou physique. Reste que Damas ne cache pas qu’elle souhaite avant tout la stabilité, ce qui implique déjà une certaine orientation au compte de laquelle on peut mettre l’alliance entre les deux présidents, aussi versés l’un que l’autre dans l’interprétation des signes venus d’en haut. «D’autre part, reconnaît un prosyrien, il est difficile que Damas n’intervienne pas du tout, ne serait-ce qu’en médiateur conciliateur au niveau d’une région aussi sensible, aussi explosive que le Sud. Il ne peut tout simplement pas y laisser les protagonistes s’y entre-tuer car les conséquences, régionales aussi bien que locales, seraient extrêmement dangereuses. Il ne suffira d’ailleurs peut-être pas d’une conciliation et il faudra sans doute un véritable arbitrage, car les positions des uns et des autres, d’Amal et du Hezbollah, paraissent justement inconciliables pour l’heure. Il ne serait donc pas étonnant qu’en toute discrétion les décideurs examinent les listes et montrent comment on peut les fusionner, quels noms on peut retenir et quels autres on peut biffer. A la limite, il y a là, si le conflit continue à être aussi aigu entre les deux partis, un devoir d’ingérence de la part des parties qui sont en mesure de calmer le jeu et nul dans ce domaine ne peut être plus efficace que Damas». De fait, l’on apprend de source informée que des cadres locaux ont défilé ces derniers jours dans la capitale syrienne pour y exposer leurs points de vue et leurs griefs les uns à l’encontre des autres. Ils n’auraient entendu que des conseils de rapprochement et d’entente. Cependant, un autre prosyrien affirme qu’au-delà «des généralités de bon sens, les Syriens ne comptent pas du tout intervenir, se montrant confiants dans les capacités des forces régulières libanaises de veiller à l’ordre, avant, pendant et après le scrutin, au Sud comme ailleurs». Les pôles du Hezbollah indiquent pour leur part qu’ils ne sont pas hostiles à l’idée de listes de coalition au Sud ou ailleurs, mais précisent qu’ils ne veulent pas entendre parler de listes préétablies sans leur accord. Plus que le droit de désigner lui-même ses représentants, le Hezbollah veut en fait que la composition des listes se fasse en consultation étroite avec les clans et les familles. Mais le mouvement Amal indique préférer que cette composition se fasse entre lui et le Hezb, pour ne pas susciter un climat de tiraillements politisés dans les localités. Cela peut paraître contradictoire à première vue mais Amal précise qu’en sollicitant les familles on les forcerait finalement à se ranger soit à ses côtés soit aux côtés du Hezbollah et à se greffer ainsi sur un clivage politique tendu qui serait du fait même étendu à tout le niveau populaire.
Bravo — un bravo du reste unanime —, pour l’ordre, la régularité, le fair-play. Côté neutralité du pouvoir, l’hommage est plus mitigé car encore une fois il a été juge et partie. Ainsi le ministre de l’Intérieur, techniquement en charge de l’opération, était l’un des pôles les plus impliqués dans la compétition, tout comme d’ailleurs le chef du...