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Actualités - CHRONOLOGIE

Le nord prépare fiévreusement le scrutin de dimanche prochain Municipales : vainqueurs et vaincus d'accord pour applaudir au test du Mont-Liban (photo)

Alors que le Liban-Nord, où tous les efforts de conciliation ont échoué, prépare fiévreusement ses municipales, qui se tiendront dimanche prochain, la journée d’hier a été marquée par d’abondants commentaires émanant principalement des milieux proches des vainqueurs du scrutin du Mont-Liban. La publication des résultats officiels des élections ne s’est faite qu’hier soir, ce qui a soulevé les appréhensions de certains observateurs, inquiets de ce retard. Toutefois, les divers observatoires contactés ont estimé que, compte tenu de la longueur des listes de candidats, et de la nécessité de permettre aux chefs de bureaux de vote de prendre quelques heures de sommeil, ces retards étaient normaux. Dans une conférence de presse impromptue hier soir, précédant la lecture des premiers résultats officiels du scrutin, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, n’a pas dit autre chose. La parfaite régularité du scrutin, dans les diverses circonscriptions, a également été relevée par ces observatoires. Par delà polémiques et controverses, vainqueurs et vaincus ont été d’accord pour applaudir au test du Mont-Liban. La victoire électorale qui a été la plus commentée, hier, a été celle que le Hezbollah a remportée, dans les deux grandes municipalités de la banlieue-sud, Ghobeïry et Bourj Brajneh, sur l’alliance Hariri-Berry. Dans les milieux du Parti de Dieu, on a savouré hier une victoire aussi totale, et l’on se permettait de surcroît de conseiller au ministre de l’ Information,M. Bassem el-Sabeh, principal allié de M. Hariri dans la banlieue-sud, de tirer la leçon du scrutin et de «corriger le tir». En prévision de la bataille des municipales dans le Liban-Sud et ailleurs, où les mêmes tentatives de coalition artificiellement apolitiques pourraient leur être proposées par les responsables, les dirigeants du Hezbollah ont affirmé qu’ils consulteront sans complexe les diverses familles présentes dans les villes et villages, ainsi que les notables représentant des forces politiques données, mais qu’ils rejetteront énergiquement, comme ils l’ont fait dans la banlieue-sud, tout ce qui ressemble à un «parachutage». Le chef du gouvernement, pour sa part, s’est consolé d’une défaite cuisante en se félicitant — à juste titre —, de la victoire de la démocratie que cette défaite représente. On ajoutait, dans les milieux politiques proches du président du Conseil, qu’entre une option nationale et une autre électorale, le président du Conseil a choisi l’option nationale, c’est-à-dire une alliance stratégique avec le chef du Législatif, de laquelle dépendent des affaires autrement plus importantes que de simples considérations municipales. De fait, ajoutait-on, une alliance électorale de M. Hariri avec le Hezbollah, au détriment de ses bons rapports avec le mouvement Amal, aurait paru «contre-nature», le chef du gouvernement n’étant d’accord avec le Parti de Dieu que sur un point, et un seul: la résistance anti-israélienne. L’autre victoire abondamment commentée, hier, a été celle que la liste parrainée par le ministre des Affaires étrangères, Farès Boueiz, a remportée, à Jounieh, face à celle qu’appuyait M. Mansour el-Bone, un député du Kesrouan connu pour son alliance avec le chef du gouvernement. Dans les milieux proches de M. Boueiz, on commentait hier en termes très agressifs cette victoire, énumérant les tentatives répétées du chef du gouvernement de priver M. Boueiz de son alliance avec le député Roucheid el-Khazen, qu’on aurait cherché à intimider par des allusions à ses intérêts d’entrepreneur de travaux publics. De même, on affirmait, dans les milieux proches de M. Boueiz, que l’appui de M. Elias el-Khazen à la liste soutenue par M. El-Bone, et présidée par le frère de ce dernier, aurait été «acheté», sous forme de terrains qu’aurait acquis la Banque de la Méditerranée, qui relève de M. Hariri. La bataille de Jounieh, assurent les milieux cités, avait un «profil présidentiel», le ministre des Affaires étrangères figurant parmi les personnalités susceptibles de succéder au président Elias Hraoui à la présidence de la République, en novembre prochain. En livrant indirectement bataille à M. Boueiz, dans son fief du Kesrouan, le chef du gouvernement cherchait donc à porter atteinte à sa popularité, afin de discréditer son image publique et de le présenter comme une personnalité peu représentative de sa communauté. Le résultat de cette manœuvre a été exactement le contraire de celui qui était recherché, ont ajouté les milieux cités, puisque 17 des 18 membres de la liste présidée par M Haïkal el-Khazen ont été élus. Et de souligner que M. Maroun Chihan, le candidat de la liste appuyée par MM. Farès Boueiz et Roucheid el-Khazen qui a récolté le moindre nombre de voix (2967), a dévancé M. Joe el-Bone, qui n’a remporté que 2797 voix. On ne manque pas d’ailleurs de souligner, dans les milieux cités, que la victoire enregistrée à Jounieh est loin d’être la seule, et que 85% des municipalités du Kesrouan sont revenues à des partisans ou alliés de M. Boueiz, y compris celle de Ghazir, capitale du Ftouh-Kesrouan. Tirant les leçons du scrutin, les milieux proches de M. Boueiz relèvent enfin que la bataille du Kesrouan a été marquée par le relatif échec du courant aouniste et des partis traditionnels. Des observateurs politiques ont, pour leur part, exprimé des réserves au sujet des attaques lancées par les milieux de M. Boueiz contre M. Mansour el-Bone, relevant leur caractère outrancier. C’est à croire que M. Boueiz ne bénéficie pas, lui, d’appuis venus de l’extérieur du Kesrouan, ont noté ces milieux, en allusion au soutien que le gendre du président de la République reçoit de son beau-père. «Pourquoi un maronite aurait le droit de recevoir l’appui d’un autre maronite, mais pas d’un sunnite?», relevait-on. En tout état de cause, de nombreux analystes ont tenu à souligner, hier, la victoire de la démocratie locale. Jamais, en effet, les électeurs ne s’étaient rendus aussi massivement aux urnes, pour un scrutin sans fraude ni incident, sur le plan de la forme. Pour ces analystes, ce scrutin était une sorte de revanche sur les Législatives boycottées de 1992, et dans une moindre mesure sur celles de 1996. Une revanche permise par l’absence d’un enjeu directement politique qui pourrait aliéner la volonté politique des élus, et les contraindre à cautionner le fait accompli régional. En un sens, le scrutin reflète certainement la montée en puissance de l’opposition dite chrétienne, dont le succès le plus significatif est celui de M. Dory Chamoun, à Deir el-Kamar. Une poussée rendue toute relative par l’échec de plusieurs listes formées de partisans du général Aoun ou du parti dissous des «Forces libanaises», qui concurrençaient les candidats appuyés par M. Murr, dans le Metn.
Alors que le Liban-Nord, où tous les efforts de conciliation ont échoué, prépare fiévreusement ses municipales, qui se tiendront dimanche prochain, la journée d’hier a été marquée par d’abondants commentaires émanant principalement des milieux proches des vainqueurs du scrutin du Mont-Liban. La publication des résultats officiels des élections ne s’est faite qu’hier...