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Actualités - CHRONOLOGIE

L'éternité et un jour ... et une Palme d'Or (photo)

Theo Angelopoulos a pris sa revanche de 1995 hier soir en remportant la Palme d’Or du 51e Festival international du film de Cannes pour son film «L’éternité et un jour». En revanche, le grand oublié de ce palmarès était Lars von Trier pour «Les idiots», un film dont l’aspect expérimental a dû sans doute refroidir une bonne partie du jury. Le plus heureux des lauréats a été incontestablement Roberto Benigni, honoré du Grand Prix du Jury, pour «La vie est belle» (La vita e bella), qui a distribué à l’envi bises et embrassades et s’est adressé à la salle du Grand Théâtre Lumière d’une voix de stentor pour clamer sa joie. Theo Angelopoulos, rappelle-t-on, avait dû se contenter du Grand Prix du Jury en 1995 avec «Le regard d’Ulysse». Emir Kusturica lui avait brûlé la politesse avec «Underground» et le réalisateur du «Voyage des comédiens» avait assez mal pris la chose. Trois ans plus tard, Angelopoulos, habitué de la croisette depuis «Jours de 36» présenté en 1972 à la Quinzaine des réalisateurs, s’est donc réconcilié avec Cannes. Avec «L’éternité et un jour», ultime film de la compétition qui avait été projeté hier, Angelopoulos exploite une fois de plus des thèmes qui lui sont chers: un personnage — artiste de préférence — en quête de quelque chose, les frontières, le brouillard, de discrètes références au contexte politique, une mise en scène des groupes touchant à la théâtralité. Dans ce 11e long métrage d’Angelopoulos projeté samedi à Cannes, Bruno Ganz est un écrivain aux portes de la mort, aux prises avec les moments de bonheur perdus lorsqu’il vivait avec son épouse (Isabelle Renauld), obsédé par son désir d’achever le poème d’un grand auteur grec du XIXe siècle. «C’est une rencontre entre un homme qui vit ses derniers jours et l’enfant venu de nulle part, qui démarre dans la vie et fonctionne comme un catalyseur. L’enfant représente l’espoir», avait expliqué Angelopoulos samedi, au cours de sa conférence de presse. L’histoire de «La vie est belle», quant à elle, se déroule dans l’Italie fasciste. Guido, le personnage farfelu qu’interprète l’acteur-réalisateur Roberto Benigni (apparu notamment dans «Down by Law» et «Night on Earth» de Jim Jarmusch), fait l’expérience du camp de concentration. Il y laissera la vie mais sa faconde et sa bonne humeur lui auront permis de sauver son fils, le seul enfant à sortir vivant de la réclusion. «Je savais qu’il y avait des risques, mais il fallait que je fasse ce film. J’ai senti qu’il y avait une telle urgence que c’en était devenu une véritable obsession», avait expliqué Roberto Benigni, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il avait là aussi fait le spectacle. «C’est la plus belle chose que j’ai faite dans ma vie pour la Shoah et pour les générations futures», avait-il dit. «Je pense avoir compris la plus grande tragédie de l’Histoire et si j’ai fait ce film c’est parce que j’en ressentais le besoin». Le cinéma français n’a pas été oublié: Elodie Bouchez et Natacha Régnier ont eu le prix d’interprétation féminine grâce à Eric Zonca qui, avec «La vie rêvée des anges», signe son premier film. En revanche, la Caméra d’or, qui récompense précisément un premier film, est allé à «Slam» de l’Américain Mark Levin, déjà honoré du Grand Prix de Sundance, le festival du cinéma indépendant américain créé par Robert Redford. Un autre film français a en outre été distingué: «La classe de neige», de Claude Miller, qui a reçu le prix du Jury, ex-aequo avec «Fête de famille», du Danois Thomas Vinterberg. «J’aime mettre en scène des personnages qui ont des secrets très douloureux mais la douleur peut être fondatrice. En un sens, mon film est une tragédie, du fait que c’est un enfant qui est dépositaire de tels secrets», avait déclaré Claude Miller. Dans la région où Nicolas, un enfant sensible et souffrant, va passer ses vacances de neige, un autre enfant est assassiné. Nicolas crée une réalité imaginaire où s’épanche sa mythomanie. Cet imaginaire est tourmenté et morbide, mais la réalité se révélera plus atroce que ses rêves quand il lui sera révélé que l’auteur du meurtre d’enfant n’est autre que son propre père. «Fête de famille» relate un règlement de comptes familial. Il est magistralement mis en scène par un émule de Lars von Trier, tout au moins au travers du Dogme 95 qui oblige le cinéaste à réaliser un film dans des conditions très rigoureuses confinant à l’austérité. Le cinéma britannique, lui, repart avec un prix d’interprétation masculine pour Peter Mullan, interprète principal de «My Name is Joe» de Ken Loach. «The General» de John Boorman a reçu le prix de la mise en scène. Ce film n’apporte rien à la filmographie de John Boorman et cette récompense pas davantage à sa réputation. Il a fallu aussi bien honorer «Velvet Goldmine», de l’Américain Todd Haynes. Cette chronique nostalgique du glam rock avait séduit beaucoup de festivaliers. Elle s’est vu attribuer le Prix de la meilleure contribution artistique, prix dont l’intitulé est aussi flou que le contenu et les intentions. Carlos Saura, qui présentait «Tango» hors compétition, repart tout de même comblé. Le travail de son chef opérateur Vittorio Storaro (collaborateur attitré de Bernardo Bertolucci et de Francis Coppola) a été distingué par le Grand Prix de la Commission supérieure technique (CST) du cinéma. (Reuters)
Theo Angelopoulos a pris sa revanche de 1995 hier soir en remportant la Palme d’Or du 51e Festival international du film de Cannes pour son film «L’éternité et un jour». En revanche, le grand oublié de ce palmarès était Lars von Trier pour «Les idiots», un film dont l’aspect expérimental a dû sans doute refroidir une bonne partie du jury. Le plus heureux des...