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Actualités - REPORTAGE

Les femmes dans la mêlée municipale Candidate dans un village sans histoire Hyam Ghosn : une histoire de fidélité avec Ajaltoun (photo)

Une grand-mère à la municipalité de Ajaltoun? Ce sera peut-être une réalité, dimanche, si Hyam Ghosn est élue au conseil municipal de cette localité. Mais Mme Ghosn n’est pas une grand-mère comme les autres. Son mari avait occupé les fonctions de vice-président de la municipalité avant de mourir en 1976 et, bien qu’elle soit elle-même originaire d’un village du Sud, elle a appris à ses côtés l’amour de ce coin de montagne, jadis verdoyant et ombragé par les nombreux peupliers. Mme Ghosn s’est installée avec ses parents à Ajaltoun quand elle avait 15 ans. C’est là qu’elle a connu son mari et l’a épousé dans la chapelle familiale du village. Elle n’a alors plus quitté la localité que pour de rares hivers sur la côte. Mais, depuis 7 ans, elle y vit en permanence et chaque jour qui passe augmente son attachement pour ce lieu, devenu intimement lié à sa vie. Mme Ghosn ne brigue ni la présidence, ni la vice-présidence du conseil municipal. Ce qu’elle voudrait, c’est simplement pouvoir servir cette localité, dont elle connaît désormais le moindre recoin. Dynamique, elle a décidé de présenter sa candidature parce qu’elle ne peut rester les bras croisés et qu’elle pense pouvoir mettre son énergie au service de ce village, pardon, de cette bourgade qui compte 2.500 électeurs et est dotée d’un conseil municipal de 12 membres. L’expérience du domaine social Ayant une certaine expérience du domaine social, Mme Ghosn a quelques projets pour Ajaltoun: la réactivation du dispensaire qui ne fonctionne plus depuis quelques années, la dynamisation du club pour les jeunes qui devrait multiplier les activités sportives et culturelles. Elle pense aussi donner un nouvel élan à la bibliothèque du village et surtout elle souhaite créer une sorte d’atelier pour permettre aux dames de Ajaltoun de faire des travaux de broderie, de tricots et autres coutures. De même, elle voudrait créer une institution qui permettrait aux nombreuses femmes souhaitant vendre des plats cuisinés, d’écouler leur production. C’est qu’à Ajaltoun, s’il n’y a pas de véritable misère, il y a quand même beaucoup de familles dans le besoin, qui ont toutefois leur fierté. Pour Mme Ghosn, il faut donc essayer de leur trouver du travail... La candidate s’intéresse aussi de bien près à la préservation de la nature et en tant que membre du conseil municipal, elle souhaite exiger, avec l’octroi de tout permis de construire, l’obligation de reboiser autour du bâtiment. «Aujourd’hui, il n’y a plus de peupliers à Ajaltoun. Alors qu’il y a 30 ans, le bruit du vent dans leurs branches et celui de l’eau qui coule dans les petits ruisseaux alentour, faisaient la réputation de la localité». Mme Ghosn évoque aussi le problème de l’insécurité à Ajaltoun, où il y a eu récemment une série de vols qui ont effrayé les habitants. A ce sujet, elle propose de renforcer le gardiennage municipal, ce qui permettra de créer de nouveaux emplois et en même temps de rassurer la communauté. Le village a encore d’autres problèmes tels que celui des fosses septiques, ou des canalisations d’eau. Mais Mme Ghosn préfère les laisser aux spécialistes et selon elle, de nombreux ingénieurs se sont portés candidats pour devenir membres du conseil municipal. La bénédiction du député En fait, il y a 44 candidats (dont 2 femmes) pour 12 sièges. C’est énorme, mais dans ce village paisible, la bataille n’a pratiquement aucune coloration politique. Chacune des 36 grandes familles a présenté un candidat (parfois plusieurs) ainsi que certaines petites familles qui estiment devoir être représentées. Plusieurs tentatives de former des listes ont échoué car tous les candidats souhaitaient obtenir la «bénédiction» du député Elias Khazen, originaire du village. Or, celui-ci n’a pas voulu faire son choix, pour ne pas se mettre à dos les autres candidats qui sont tous des électeurs potentiels aux législatives. Tout le village attend donc le verdict du député, très populaire sur place, parce que tout au long des années de guerre, il a pratiquement remplacé la municipalité, s’occupant du bien-être des citoyens et protégeant Ajaltoun des grandes secousses et des clivages politiques. Et si «cheikh Elias», comme on l’appelle affectueusement ici, ne se prononce pas, les 44 candidats iront à la bataille. Une bataille qui n’effraie pas Hyam Ghosn. D’autant qu’elle ne cherche aucun titre honorifique à travers la municipalité. Au contraire, ce qu’elle souhaite, c’est servir les habitants de cette localité et dépenser positivement son énergie. Avec son sourire éclatant et ses cheveux gris, la candidate Ghosn a déjà conquis la jeunesse du village qui lui a déclaré son appui. A la tête de ses fans, il y a les deux aînés de ses petits enfants, enthousiasmés par l’idée, au point de se dévouer pour l’aider. Hyam Ghosn en est d’ailleurs très fière, surtout qu’elle croit beaucoup dans la jeunesse du Liban, si sévèrement éprouvée pendant la guerre. Mme Ghosn raconte qu’avant de présenter sa candidature, elle craignait un peu les réactions de son entourage, mais elle a très vite été surprise par les encouragements reçus, d’abord de la part de ses enfants, puis de ses proches, de ses amis et, enfin, de la plupart des «Ajaltouniens» qu’elle a rencontrés. C’est que, dans cette localité, on vit encore comme au bon vieux temps, tous les habitants devenant solidaires lorsque l’un d’eux est frappé de deuil. Il suffit que l’une des églises sonne le glas, pour que tout le monde se retrouve... Et c’est justement cette chaleur qui a poussé Mme Ghosn à présenter sa candidature.
Une grand-mère à la municipalité de Ajaltoun? Ce sera peut-être une réalité, dimanche, si Hyam Ghosn est élue au conseil municipal de cette localité. Mais Mme Ghosn n’est pas une grand-mère comme les autres. Son mari avait occupé les fonctions de vice-président de la municipalité avant de mourir en 1976 et, bien qu’elle soit elle-même originaire d’un village du Sud,...