Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Il désire refaire de Deir El-Kamar la capitale de la conscience nationale Chamoun invite les électeurs à rejeter par leur vote le fait accompli imposé par le pouvoir (photo)

La grande surprise de la campagne pré-électorale des municipales aura été incontestablement la candidature de M. Dory Chamoun à la présidence du conseil municipal de Deir el-Kamar. Jamais une candidature n’aura suscité autant de commentaires et de supputations. Le poste brigué aujourd’hui par le leader du PNL est-il compatible avec l’envergure nationale dont jouit M. Chamoun en tant que figure de proue du leadership chrétien et libanais? N’aurait-il pas été préférable que M. Chamoun lance dans la mêlée l’un de ses proches collaborateurs de manière à «préserver son halo et son prestige»? N’a-t-il pas pris un trop grand risque en descendant lui-même dans l’arène? Ces interrogations étaient ces derniers jours sur toutes les lèvres. Les commentateurs et les observateurs qui se sont intéressés à la bataille de Deir el-Kamar se sont perdus en conjectures sur les tenants et les aboutissants de cette candidature-surprise. Homme de principe, fidèle à la ligne de conduite nationale tracée par le président Camille Chamoun, et connu pour son grand courage politique, le leader du PNL aborde ces questions en faisant preuve, comme à l’accoutumée, de sérénité, de transparence et de lucidité. D’emblée, M. Chamoun donne à sa candidature une portée essentiellement politique. «J’estime que Deir el-Kamar a un rôle charnière à jouer sur le plan politique, parallèlement à son rôle dans les domaines culturel, économique, social et du développement. Il ne faut pas oublier que Deir el-Kamar a été pendant trois siècles la capitale du petit Liban. Le premier conseil municipal au Moyen-Orient a été créé à Deir el-Kamar en 1864. Il y a donc là une tradition historique à entretenir et à soutenir. Mon but est que Deir el-Kamar redevienne en quelque sorte la capitale de la conscience nationale». Pour le leader du PNL, ce volet politique et national n’est nullement incompatible avec la mission propre à un conseil municipal. «Dans une localité comme Deir el-Kamar, précise M. Chamoun, on ne peut pas dissocier le politique de l’aspect purement local et municipal. C’est d’ailleurs grâce à sa particularité que Deir el-Kamar n’a pas subi le même sort que le reste du Chouf. C’est grâce aux liens politiques entre nous et M. Walid Joumblatt que Deir el-Kamar a pu être épargnée et qu’elle a réussi à entretenir un climat de coexistence et de coopération». La place particulière qu’occupe ainsi Deir el-Kamar dans cette région historiquement sensible a permis aux autres localités chrétiennes du Chouf de remonter la pente et d’amorcer, ne fut-ce que timidement, le retour des déplacés à leurs foyers. «Je me suis fixé pour objectif de poursuivre ce processus et de lui donner un nouveau souffle, souligne M. Chamoun. Je voudrais stimuler la coexistence druzo-chrétienne et poser des jalons solides à une telle coexistence afin que ce qui s’est produit durant la guerre ne se renouvelle pas». Pas de concessions politiques La démarche du leader du PNL s’inscrit dans la logique du récent rapprochement entre MM. Chamoun et Joumblatt. Une telle entente cordiale s’est-elle traduite par une coordination au niveau des municipales? «Dans plusieurs localités, précise le leader du PNL, nous avons pu former des listes conjointes dans le but d’atténuer quelque peu les tensions nées de la guerre. Dans la pratique, nous souhaitons coopérer au niveau de certains projets locaux, tels que la réserve naturelle du Chouf dont le but est de préserver la forêt des Cèdres qui s’étend de Dahr el-Baïdar à Niha, sur une superficie de 550 kilomètres carrés. J’espère que, plus tard, nous parviendrons également à sauvegarder d’autres régions forestières. Dans ce cadre, nous sommes d’accord sur la nécessité de préserver les sites naturels et historiques de la région. En tout état de cause, à partir du moment où je prendrai en charge le conseil municipal de Deir el-Kamar, une coopération avec d’autres municipalités voisines sera mise en place». Ce renouveau au niveau des conseils municipaux ne manquera pas de faciliter dans une certaine mesure l’entreprise de retour des déplacés chrétiens dans les villages de la montagne. «L’absence de municipalités actives avait entraîné beaucoup de lacunes et de retard sur le plan du retour des déplacés, relève M. Chamoun. Or le dossier des déplacés constitue un grave problème national qui doit être impérativement réglé, d’autant que la proportion des habitants qui ont regagné leurs foyers dans la montagne ne dépasse pas les 15%». Pour l’heure, les effets de cette coopération entre MM. Chamoun et Joumblatt semblent se limiter essentiellement au contexte du Chouf et ne paraissent pas s’étendre aux grands problèmes politiques de fond qui se posent au pays depuis plusieurs années. En clair, la détente perceptible dans les rapports entre le PNL et le PSP ne se traduit pas par des concessions politiques de la part de M. Chamoun. «Quand il s’agit de politique locale (propre au Chouf), je m’entends bien avec Walid Joumblatt, souligne le leader du PNL. Il reste qu’au niveau national, je reste attaché à mes positions de principe. Je demeure toujours dans l’opposition et je continue à œuvrer afin d’atteindre les objectifs nationaux définis par notre opposition». Pour lever toute équivoque possible à ce sujet, M. Chamoun invite sans détours les électeurs à mettre à profit ces élections municipales pour exprimer leur refus du «fait accompli» imposé au pays par le pouvoir actuel. Appelant les Libanais à se rendre massivement aux urnes, le leader du PNL souligne que les électeurs devraient soigneusement réfléchir à leur choix. «Les Libanais, précise-t-il à ce propos, devraient déterminer, par leur vote, s’ils souhaitent que ce pouvoir pourri continue à gérer le pays et à entraîner le Liban vers un désastre socio-économique en hypothéquant son indépendance et sa souveraineté. En optant pour les candidats qui rejettent le fait accompli actuel, les Libanais auront mis à profit ces élections municipales pour bien souligner qu’ils refusent que la situation présente se prolonge davantage». Cette volonté de faire face au pouvoir issu de Taëf est évidemment partagée par les diverses fractions de l’opposition chrétienne (PNL, courant «aouniste», opposition Kataëb, courant des «Forces libanaises», etc.). Cela n’a cependant pas empêché ces mêmes fractions de l’opposition de mener dans certaines régions la bataille des municipales en rangs dispersés, voire sur des listes adverses. Tel est notamment le cas de Deir el-Kamar, fief de M. Chamoun, où le courant «aouniste» présente des candidats sur la liste opposée à celle du leader du PNL. M. Chamoun précise que les composantes de l’opposition ont tenté, dans la mesure du possible, de présenter un front uni face au pouvoir et ses alliés. «Mais dans le cas des municipales, relève fort à propos le leader du PNL, certains facteurs strictement locaux sont difficilement contournables, tels que le poids des familles et des clans, ou les tiraillements au sein d’une même famille. Dans les villages, la politique de clocher est souvent plus forte que les grandes alliances politiques et que les orientations nationales. A ce paramètre viennent s’ajouter en outre les ingérences du pouvoir qui prétend ne pas vouloir politiser les élections municipales mais qui ne s’abstient pas pour autant d’intervenir dans les diverses phases de la campagne électorale». Pour des considérations familiales et historiques évidentes, M. Chamoun est affectivement attaché à Deir el-Kamar. Et c’est à partir de Deir el-Kamar que le leader du PNL se propose de recoller les morceaux dans la montagne druzo-chrétienne et de donner une salutaire bouffée d’oxygène à la coexistence, dans l’espoir que le véritable consensus national soit à nouveau possible dans le pays. Loin des interférences étrangères...
La grande surprise de la campagne pré-électorale des municipales aura été incontestablement la candidature de M. Dory Chamoun à la présidence du conseil municipal de Deir el-Kamar. Jamais une candidature n’aura suscité autant de commentaires et de supputations. Le poste brigué aujourd’hui par le leader du PNL est-il compatible avec l’envergure nationale dont jouit M....