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Actualités - CHRONOLOGIE

Phase I du scrutin demain au Mont-Liban Municipales : les rivalités familiales prennent le pas sur les clivages politiques traditionnels

Le compte à rebours pour les premières élections municipales organisées dans le pays depuis 35 ans a commencé. La phase I de cette consultation populaire aura lieu demain, dimanche, au Mont-Liban et sera suivie chaque dimanche (jusqu’au 14 juin prochain) des scrutins au Liban-Nord, à Beyrouth, dans la Békaa et au Liban-Sud. D’entrée de jeu, ces élections tant attendues sont entachées de zones d’ombre qui risquent de jeter le discrédit sur l’ensemble de l’opération électorale. A quarante-huit heures du scrutin, le gouvernement a en effet annoncé hier le report (jusqu’au 28 juin prochain) des élections dans huit agglomérations formant trois grandes municipalités (Hadeth, Baabda et Beit Chabab). Officiellement, cet ajournement est dû à des failles administratives, notamment au fait qu’un grand nombre de votants sont absents des listes électorales. L’explication fournie par l’Exécutif est cependant contestée et rejetée par les milieux de l’opposition qui affirment que le gouvernement a ajourné la consultation populaire dans les localités en question parce que les listes loyalistes n’étaient pas encore prêtes ou étaient, dans leur forme actuelle, trop faibles face à celles de l’opposition (VOIR L’ENSEMBLE DE NOS INFORMATIONS PAGES 2, 3, 4, 5 ET 6). Pour les sources de l’opposition, ce report a donc été dicté par des considérations essentiellement politiciennes, les loyalistes voulant s’accorder un laps de temps supplémentaire pour mettre sur pied des listes qui puissent affronter l’opposition. Tel serait, notamment, le cas de Beit Chabab où le Parti syrien national social (PSNS) n’a semble-t-il pas été en mesure, jusqu’à présent, de se tailler une place de choix sur la liste parrainée par le pouvoir. C’est du moins ce qu’affirment certaines sources de l’opposition qui jugent «illégale» et «injustifiable» la mesure prise à ce propos par le gouvernement. Quelles que soient les véritables causes de ce report, force est de relever que lors des dernières élections législatives de 1996, il s’est avéré que les listes électorales (notamment à Hadeth et Baabda, précisément) comportaient de nombreuses lacunes. Le scrutin n’en avait pas été pour autant remis en cause... C’est donc dans un tel contexte de suspicion que sera donné, demain, le coup d’envoi de la première phase des municipales. D’une manière générale, une grande confusion règne au sujet du profil des multiples batailles électorales qui se dérouleront dans chacune des localités et agglomérations des six cazas du Mont-Liban. Ce scrutin municipal est en effet marqué par un enchevêtrement très complexe de considérations politiciennes, familiales, claniques et strictement locales, spécifiques à chaque localité. Contrairement aux élections législatives, le facteur familial et les luttes d’influence au sein d’une même famille prennent le pas sur les grandes options politiques. De sorte que même les partis, les leaders et les responsables officiels se trouvent souvent dépassés par les particularités locales dont ils sont contraints de tenir compte. Seule exception à un tel schéma: la banlieue-sud de Beyrouth où la bataille a pris clairement la tournure d’un bras de fer entre Amal et le Hezbollah. Mais même dans ce cas, les responsables des deux formations chiites rivales ont dû prendre en considération le poids des grandes familles dans la formation de leurs listes respectives. Dans les cazas de Jbeil, du Kesrouan, du Metn-Nord et de Baabda, ce sont les considérations familiales qui ont prévalu sur les clivages politiques «opposants-loyalistes». Dans ces régions, l’opposition hostile à Taëf (PNL, courant «aouniste» et Bloc national) n’a pas formé des listes portant explicitement l’étendard de l’opposition. Elle soutient par contre dans plusieurs localités des listes formés de candidats qui lui sont proches. De sorte que les duels opposition-pouvoir se feront rares. Ils sont surtout attendus à Beit Méry et à Sin el-Fil, et dans une moindre mesure à Ghazir, Antélias, Hazmieh et Jal el-Dib. Dans les autres agglomérations, le duel opposition-pouvoir est moins évident du fait que des opposants se retrouvent souvent sur des listes qualifiées de «loyalistes» et des candidats connus pour être proches du pouvoir sont membres de listes soutenues par certaines fractions de l’opposition. Il sera par conséquent difficile d’établir un bilan clair et schématique de cette consultation populaire, en termes de partage d’influence entre l’opposition anti-Taëf et le pouvoir. Cela n’empêchera pas, sans doute, chacune des deux parties de s’attribuer rapidement des victoires qui risquent de s’avérer par la suite fictives. Au Chouf, le scrutin est marqué par l’entente cordiale entre le PNL et le PSP dans les villages mixtes druzo-chrétiens, et par une influence sans partage des «joumblattistes» dans les localités druzes. La seule bataille qui revêt un intérêt certain au Chouf est celle qui opposera la liste de M. Dory Chamoun à celle soutenue par M. Nagi Boustany et au sein de laquelle se retrouvent des candidats proches du courant «aouniste» et des «Forces libanaises», en sus des indépendants. A Aley, les élections sont marquées par la traditionnelle lutte d’influence interdruze entre le camp de M. Walid Joumblatt et celui de l’émir Talal Arslane. D’intenses efforts ont été déployés ces derniers jours afin de mettre sur pied des listes consensuelles entre les deux fractions dans les municipalités de Aley. Ces démarches ont porté leur fruit dans plusieurs localités importantes, dont notamment Choueifat. Dans la ville de Aley, la liste conjointe annoncée par le ministre Akram Chehayeb a été contestée par une partie de la famille Arslane. En dehors donc de certaines agglomérations où les batailles électorales présentent un enjeu politique évident et clair (Jounieh, Beit Méry, Sin el-Fil, Hazmieh, banlieue-sud, Deir el-Kamar...), il faudra attendre vraisemblablement deux ou trois jours avant d’esquisser un tableau (approximatif) du bilan politique de ces élections municipales. Encore que cette consultation populaire est dans une large mesure faussée au départ par les interventions des hautes sphères du pouvoir qui n’ont pas hésité à mobiliser tous les instruments officiels et étatiques dont elles disposent pour infléchir le cours des batailles électorales dans un sens conforme à leurs propres intérêts.
Le compte à rebours pour les premières élections municipales organisées dans le pays depuis 35 ans a commencé. La phase I de cette consultation populaire aura lieu demain, dimanche, au Mont-Liban et sera suivie chaque dimanche (jusqu’au 14 juin prochain) des scrutins au Liban-Nord, à Beyrouth, dans la Békaa et au Liban-Sud. D’entrée de jeu, ces élections tant attendues...