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Actualités - ANALYSE

Le directoire du Likoud grand spécialiste en atermoiements ...

Au risque de faire sourire les politologues pour qui «Dear Henry» n’est plus qu’un plaisant has been, l’un de nos ministres soutient que «Kissinger continue à inspirer par ses conseils d’atermoiements le Likoud.» De fait, le flamboyant ancien secrétaire d’Etat U.S. commentant au début de cette décennie la devise «la terre moyennant la paix», avait publié un article, forcément remarquable, intitulé «le temps moyennant la paix». Mais en réalité Yitzhak Shamir, qui a fini par l’avouer après avoir pris sa retraite, n’avait pas attendu Kissinger pour exercer ses talents de contorsionniste. George Bush lui avait coupé une ligne de crédit militaire de 10 milliards de dollars et pour pouvoir la débloquer, il avait accepté de participer à Madrid… avec la ferme intention de faire ensuite capoter le processus ou au moins de faire traîner les choses pendant dix ans, a-t-il donc reconnu. Et il avait alors à ses côtés comme ministre des Affaires étrangères un certain Benjamin Netanyahu. Ce sont les leçons de l’ancien terroriste qu’était Shamir plutôt que celles du sage universitaire Kissinger que le jeune loup du Likoud semble avoir retenues. Car comme son ancien chef et contrairement au professeur diplomate, il biffe de son lexique le mot «paix», qu’il remplace par le terme «sécurité». Perdre du temps pour plusieurs raisons Toujours est-il que le ministre libanais cité souligne que «le Likoud veut gagner ou perdre du temps principalement pour les raisons suivantes: — Son idéologie se veut résolument «biblique», axée sur l’Eretz Israël, ce grand Israël qui devrait déborder même le cadre de la Palestine. Il estime donc que les territoires arabes occupés ne sont qu’une récupération «légitime» en regard de l’Histoire telle qu’il la conçoit et ne veut donc pas les rendre. Le Likoud affirme que c’est Israël qui paierait le prix le plus lourd pour une paix avec les Arabes du moment qu’elle produirait une «normalisation» entre régimes mais pas entre les peuples, ce qui le maintiendrait de fait dans une situation d’exclu régional. Et de citer l’exemple des accords conclus avec les Egyptiens, les Palestiniens et les Jordaniens, dont les populations lui restent largement hostiles, pour souligner qu’il est illusoire de parler de paix avec les Arabes et qu’il vaut mieux parler sécurité. Jusq’où le Likoud peut-il aller trop loin? — Mais le Likoud sait comme on dit jusqu’où il peut aller trop loin. Quand il bouche une issue, il en entrouvre une autre. Pour ne pas se déconnecter totalement des Américains et pour ne pas se les mettre définitivement à dos, certes. Mais aussi, suprême habileté psychologique, pour ne pas pousser les Arabes à un désespoir entraînant des réactions extrêmes, autrement dit des séries d’attentats sans précédent sur son territoire comme contre les intérêts israéliens dans le monde. D’autant que le gouvernement de Netanyahu sait que Washington peut presque tout lui permettre, sauf de déclencher une guerre régionale qui risquerait de déstabiliser pour de bon, voire de disloquer le Moyen-Orient en faisant sauter les régimes amis. Il lâche donc du lest sur un front quand il serre la vis sur un autre. Et c’est ce qu’il vient de faire, en lançant des propositions pour un retrait du Sud tandis qu’il refusait le redéploiement à 13% en Cisjordanie. Le tout assorti des techniques classiques utilisées pour gagner du temps, comme lorsque dans le Maryland la délégation israélienne faisait tout un problème de la forme de la table des négociations et réussissait ainsi à les faire reporter de plusieurs semaines. Le Likoud, d’entrée de jeu, a renié dans cet esprit les accords d’Oslo avant de les réadmettre du bout des lèvres et en les dénaturant par ses conditions. Il a de même renié les engagements pris par les travaillistes en ce qui concerne la restitution du Golan, exigeant que les négociations avec la Syrie reprennent de zéro. Et surtout, en ce qui nous concerne, il fait une offre prétendument basée sur la 425 mais qui la vide de son contenu même par les conditions posées, alors que le retrait du Sud doit être inconditionnel aux termes de cette résolution. Souffler le chaud et le froid — Parallèlement, le Likoud souffle le chaud et le froid du côté des implantations sionistes qu’il encourage fortement mais freine un peu de temps à autre, çà ou là, en n’hésitant pas toutefois à se lancer dans d’incroyables provocations, comme dans la partie arabe de Jérusalem, quand il estime utile d’asticoter les Américains ou de détourner l’attention des accords d’Oslo.»
Au risque de faire sourire les politologues pour qui «Dear Henry» n’est plus qu’un plaisant has been, l’un de nos ministres soutient que «Kissinger continue à inspirer par ses conseils d’atermoiements le Likoud.» De fait, le flamboyant ancien secrétaire d’Etat U.S. commentant au début de cette décennie la devise «la terre moyennant la paix», avait publié un...