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Actualités - CHRONOLOGIE

Union sacrée Chirac-Jospin face aux turbulences

Jacques Chirac et Lionel Jospin ont réalisé l’union sacrée face aux «turbulences politiques» provoquées par la polémique autour des «affaires» et de la mairie de Paris, par crainte que les débordements de leurs troupes ne portent atteinte à la cohabitation et par-delà celle-ci «à la démocratie» elle-même, ainsi que l’a souligné un membre de l’entourage du chef de l’Etat français. Au cours d’un entretien qui a précédé la séance hebdomadaire du Conseil des ministres, le président de la République et le premier ministre ont évoqué la conjoncture présente et «ils ont marqué leur inquiétude face à des dérives qui risquent de troubler la vie politique française», ont-ils fait savoir. Lionel Jospin a d’autre part demandé à ses ministres d’observer une «totale réserve sur toute procédure judiciaire en cours» et d’éviter «tout commentaire» et «toute déclaration» sur ces affaires, a rapporté Daniel Vaillant, porte-parole du gouvernement. «Comme il arrive quelquefois, le premier ministre, à l’issue du Conseil des ministres, a réuni les ministres, avec l’accord du président de la République», a expliqué le porte-parole. En l’absence du chef de l’Etat, Lionel Jospin a alors «rappelé son souhait et sa volonté que les ministres ne s’expriment pas sur les affaires judiciaires en cours (...). Il n’a donné aucune explication. Tout le monde a parfaitement compris». L’initiative de Jacques Chirac et de Lionel Jospin intervient alors que dirigeants de la majorité et de l’opposition s’affrontent durement autour de révélations sur des «emplois fictifs» à la mairie de Paris et de la mise en garde à vue pendant plus de sept heures, lundi dernier, de Xavière Tiberi, épouse du maire de la capitale. Le RPR a accusé le Parti socialiste et le gouvernement de chercher à déstabiliser le mouvement gaulliste et, au-delà, le président Jacques Chirac, prédécesseur de Jean Tiberi au poste de maire de la capitale. Attaque «mesquine» Les députés RPR s’en sont en outre pris directement à Lionel Jospin en l’accusant, sans le nommer, d’avoir bénéficié d’un emploi «fictif» lorsqu’il était en disponibilité du ministère des Affaires étrangères durant sa traversée du désert, entre 1994 et 1997. Lionel Jospin a répliqué que l’attaque était «mesquine» et a rappelé que le ministre qui l’avait mis en disponibilité n’était autre que le dirigeant RPR Alain Juppé. Dans le camp du premier ministre, Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, a déclaré dimanche que, «comme tous les Français, le président de la République peut être traduit devant les tribunaux s’il a commis des délits». Certains observateurs ont interprété cette polémique comme le signe d’une grave détérioration de la cohabitation. Le double appel au calme lancé mercredi par Jacques Chirac et Lionel Jospin vise «l’ensemble» des propos tenus ces derniers jours, à droite et à gauche, autour de ces affaires et part d’une volonté d’éviter un emballement qui pourrait «déstabiliser les institutions», assure-t-on de source proche du pouvoir. Selon Daniel Vaillant, le rappel à l’ordre des ministres par Lionel Jospin avait été précédé mardi soir par un «message fort», dans le même sens, adressé par le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, aux députés PS. Du côté du gouvernement et du PS, on rejette comme sans fondement et «absurde» toute accusation de «complot» contre le RPR et le président et on dément catégoriquement toute intervention pour bloquer ou accélérer l’action de la justice. L’entourage du premier ministre rappelle pour sa part que Lionel Jospin s’inscrit dans la durée de la législature et entend «ne pas nuire à la fonction présidentielle». «Nous n’avons aucun intérêt à ce que le climat politique se dégrade», ajoute-t-on de même source. Epreuve de force Si, au niveau du pouvoir, on a opté pour le resserrement des rangs, au sein du RPR, on continue à s’entre-déchirer, l’épreuve de force étant désormais clairement engagée entre la direction du parti et les élus dissidents de Paris, conduits par Jacques Toubon, qui refusent de dissoudre leur groupe, constitué contre le maire Jean Tiberi. Dans un communiqué, la direction du mouvement gaulliste a donné une semaine aux élus du groupe PARIS pour réintégrer le Rassemblement pour Paris (RPP), «seul groupe reconnu au Conseil de Paris». Cette initiative devrait signifier la dissolution du groupe créé le 6 avril par l’ancien ministre de la Justice et Claude Goasguen, secrétaire général de l’UDF et de Force Démocrate. Jacques Toubon a aussitôt répliqué, par voie de communiqué, en dénonçant un «diktat» de la direction du RPR. Jean Tiberi, qui a succédé comme maire à Jacques Chirac en mai 1995 après l’élection de ce dernier à la présidence de la République, est affaibli depuis un an et demi, en raison de démêlés en série avec la justice, certains liés à la gestion du parc immobilier de la capitale et à des accusations de financement illégal de son parti, contribuant à ternir l’image du RPR. Son épouse Xavière, aussi accusée d’avoir touché 200.000 francs (environ 32.000 dollars) pour un rapport jugé sans intérêt sur la coopération dans le tiers monde, a été mise en garde à vue quelques heures lundi pour cette affaire. La perte de la mairie de Paris, lors des municipales de 2001 pourrait avoir des conséquences à terme avec la découverte d’éventuelles nouvelles affaires de financements politiques illégaux, ce qui serait gênant avant l’élection présidentielle prévue en 2002. Cette crise ne manque pas d’avoir également des répercussions au plan national alors que la droite modérée tente actuellement de refaire ses forces. Elle vient de créer une structure confédérale, l’Alliance, destinée à chapeauter les néogaullistes, les libéraux et les centristes, afin de briser le processus d’implosion dans lequel la droite modérée se trouve depuis la dissolution ratée par M. Chirac de juin 1997 qui a amené la gauche au pouvoir. La gauche regarde d’un air goguenard les déchirements de la majorité dans la capitale et n’imagine plus impossible de prendre le plus important bastion électoral de la droite d’autant qu’elle a réussi à s’emparer de la présidence de la région parisienne lors des élections régionales.
Jacques Chirac et Lionel Jospin ont réalisé l’union sacrée face aux «turbulences politiques» provoquées par la polémique autour des «affaires» et de la mairie de Paris, par crainte que les débordements de leurs troupes ne portent atteinte à la cohabitation et par-delà celle-ci «à la démocratie» elle-même, ainsi que l’a souligné un membre de l’entourage du chef...