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Actualités - CHRONOLOGIE

Municipales : dans les circonscriptions-clefs, les efforts de coalition ont échoué La banlieue-sud, enjeu d'un féroce bras de fer Amal-Hezbollah

C’est à des batailles très serrées, où le panachage sera roi, qu’il faudra s’attendre, dimanche, à l’occasion des élections municipales dans le Mont-Liban. Ces batailles marqueront notamment le scrutin à Jounieh et Jbeil ainsi que dans certaines importantes circonscriptions, comme celles de Sad-Bauchrieh, Sin el-Fil et Baabdate. Dans toutes ces circonscriptions-symboles, en effet, des tentatives de parvenir à des listes coalisées ont échoué. A Jounieh, ces efforts menés par l’ancien ministre Georges Frem, avec la bénédiction patriarcale maronite, n’ont pas abouti, notamment en raison de l’attitude de M. Mansour el-Bone, dont le frère brigue la présidence de la municipalité. Fort de sa popularité, le député du Kesrouan estime pouvoir rafler toute la mise. A Jbeil, le scrutin départagera vraisemblablement les listes de M. Jean-Louis Cordahi et de M. Tanios Zaarour, cette dernière appuyée par M. François Bassil, alors que les chances des deux autres listes en présence semblent s’amenuiser. Mais là comme ailleurs, le panachage risque de faire des ravages, et d’amener des conseils municipaux dont le fonctionnement se ressentira de ce manque d’homogénéité. Ajoutant son grain de sel à la bataille, le général Michel Aoun a fait savoir, pour sa part, qu’il ne faudra pas s’attendre de lui à une quelconque composition avec le pouvoir. Plus qu’un adversaire, ce pouvoir est considéré par l’ancien commandant en chef de l’armée, comme «un ennemi» (L’ENSEMBLE DE NOS INFORMATIONS EN PAGES 4 ET 5). Par l’enjeu politique qu’elle représente, la bataille municipale dans la banlieue-sud revêt une importance particulière. Cette bataille est marquée en particulier par un bras de fer impitoyable, mais poli dans les apparences, entre le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry. C’est au point que, selon certaines informations, M. Berry aurait jeté dans cette bataille tout son poids politique, et l’avenir de son alliance avec M. Hariri, pour amener ce dernier, par le biais du ministre de l’Information Bassem el-Sabeh, à s’allier avec le mouvement Amal, et non avec le Hezbollah. M. Bassem el-Sabeh a élégamment considéré cette approche comme un «chantage» auquel il n’acceptera pas de se soumettre. L’option «technocratique» de M. Hariri se heurte, spécialement dans la banlieue-sud, à la décision du Hezbollah d’avancer la candidature de membres du parti aux municipales, une chose que le mouvement Amal s’est interdite, rejoignant par là, sur le fond, l’attitude du chef du gouvernement. La bataille de la banlieue-sud a été au centre d’une réunion qualifiée de «cruciale», hier, entre MM. Hariri et Berry, dont les relations sont par ailleurs distantes et froides. Pour ménager les apparences, le chef du gouvernement s’est d’abord rendu au Parlement, d’où il est reparti quelques minutes plus tard, accompagné de M. Berry, en direction de Koraytem. Les deux hommes devaient avoir trois heures d’entretiens, centrés essentiellement sur les municipales. Par la suite, MM. Bassem el-Sabeh et Ali Hassan el-Khalil ont pris le relais de ces entretiens, le ministre de l’Information faisant la navette entre le représentant d’Amal et les responsables du Hezbollah. En fin de soirée, aucun accord n’était encore conclu au sujet des municipalités de la banlieue-sud, et une bataille serrée semblait certaine à Ghobeiré, où le Hezbollah insiste pour avancer la candidature de l’un de ses membres dirigeants, M. Saïd el-Khansa, à la présidence de la municipalité. Par compensation, M. Sabeh s’efforçait d’obtenir du Hezbollah une attitude différente à Bourj Barajneh et, en général, d’amener le Hezbollah à examiner chaque municipalité à part, et de renoncer à des candidatures partisanes dans certaines d’entre elles, par souci de ménager l’ordre politique en vigueur. En fin de soirée, une source généralement bien informée affirmait que le mouvement Amal était parvenu à isoler le Hezbollah, du moins à Ghobeiré, et qu’une alliance avait vu le jour, pour cette municipalité, entre le mouvement Amal, M. Bassem el-Sabeh et M. Riad Raad, une personnalité très influente dans la région. Si la nouvelle se confirme, aujourd’hui, il pourrait s’agir d’un développement majeur, à la veille du scrutin, car la municipalité de Ghobeiré est considérée, après celle de Beyrouth et de Tripoli, comme la troisième plus importante municipalité au Liban, en particulier par sa superficie, qui s’étend jusqu’à la côte et comprend notamment les grands hôtels de Jnah. Certains milieux voyaient en effet d’un mauvais œil le parti de Dieu prendre le contrôle d’une zone si touristique, aux portes même de Beyrouth. A l’heure de mettre sous presse, une très longue et difficile négociation était en cours entre M. Bassem el-Sabeh et les responsables du Hezbollah. La bataille de Beyrouth, elle, paraît tout aussi difficile que celle de la banlieue-sud. Par l’équilibre confessionnel entre chrétiens et musulmans qui doit régner au sein de son conseil municipal de 24 membres, la capitale a été considérée hier par le chef du gouvernement et son allié politique, M. Tammam Salam, comme «un miroir» pour tout le Liban. Et, sinon un miroir, un modèle de convivialité. Mais cette bataille mobilise des forces politiques profondément hostiles les unes aux autres, et des personnalités telles que le général Aoun et M. Najah Wakim, qui font cause commune, n’épargneront vraisemblablement aucun effort pour barrer la voie, là où c’est possible, aux personnalités appuyées par les responsables. Par ailleurs, les prises de position de M. Sélim Hoss influeront certainement sur le résultat du scrutin, suivant le principe «l’ennemi de mon ennemi est mon ami». Il n’est donc pas impossible que M. Hoss, par le biais des municipales, cherche à régler certains comptes remontant aux Législatives. Prudemment, en prévision de telles oppositions, le chef du gouvernement cherche donc à se rallier d’abord les grecs-orthodoxes de la capitale, certaines minorités, comme les syriaques, ainsi que l’important électorat arménien. Une délégation du «Ramgavar» reçue hier par M. Hariri a annoncé avoir demandé pour la communauté arménienne quatre sièges municipaux ou, tout au moins, trois. Par ailleurs, allié déclaré de M. Hariri à Beyrouth, M. Tammam Salam a longuement rencontré hier M. Berry, au Parlement, et lui a rendu un hommage prononcé en quittant. Une façon comme une autre de créer des obligations au chef du Législatif, sinon d’obtenir ses grâces.
C’est à des batailles très serrées, où le panachage sera roi, qu’il faudra s’attendre, dimanche, à l’occasion des élections municipales dans le Mont-Liban. Ces batailles marqueront notamment le scrutin à Jounieh et Jbeil ainsi que dans certaines importantes circonscriptions, comme celles de Sad-Bauchrieh, Sin el-Fil et Baabdate. Dans toutes ces circonscriptions-symboles,...