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Actualités - REPORTAGE

Municipales : confusion au niveau des alliances La liste Chamoun à Deir El-Kamar tarde à voir le jour Le Hezbollah et Sabeh prennent le chemin de Damas Aoun et Wakim envisagent de coopérer à Beyrouth (photo)

Des listes qui se font attendre, d’autres qui naissent au forceps. D’autres encore qui usurpent des identités politiques, prétendant représenter tel ou tel courant. Des alliances qui se font le matin, se défont le soir, avant de devenir définitives le lendemain: une grande confusion continuait de régner hier sur le front électoral, alors que la fièvre de la prochaine consultation a fini par contaminer les rares Libanais qui pensaient être immunisés A quatre jours de la première étape des élections municipales au Mont-Liban, l’image reste très floue dans de nombreuses localités-clés de ce mohafazat. A Deir el-Kamar, le président du PNL, M. Dory Chamoun, n’a toujours pas annoncé la composition de la liste qu’il compte conduire. Pour expliquer ce retard de 48 heures (les noms auraient dû en principe être rendus publics dimanche), des bruits ont couru sur un différend de dernière heure qui aurait éclaté entre M. Chamoun et le ministre Walid Joumblatt. Des rumeurs vite démenties par les deux parties. Interrogé par «L’Orient-Le Jour», le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) a assuré qu’il ne se mêlait en aucun cas de la formation de la liste de Deir el-Kamar. «C’est aux habitants de cette localité de choisir leurs représentants, nous a-t-il dit. Nous espérons seulement que la ligne de convivialité et d’ouverture que nous avons bâtie avec le président Camille Chamoun sera sauvegardée». Même discours du côté du député — et président sortant du Conseil municipal de Deir el-Kamar — M. Georges Dib Nehmé. «Il n’y a absolument pas de divergences avec M. Joumblatt, a-t-il déclaré à «L’Orient-Le Jour». L’annonce de la composition de la liste a été reportée pour des raisons tactiques liées au jeu électoral. Nous voulons donner une nouvelle chance à des tentatives de conciliation» avec la liste rivale conduite par Me Naji Boustani. M. Nehmé a précisé que la composition de la liste sera annoncée «en principe» aujourd’hui. A Damas Dans la banlieue-sud de Beyrouth, l’image n’est guère plus claire. Le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, qui concocte à feu doux un projet d’alliance avec le Hezbollah, est soumis à des pressions tellement fortes dans le but de le dissuader de conclure un tel pacte qu’il n’a pas trouvé mieux que de prendre le chemin de Damas en soirée pour discuter de ce dossier avec les dirigeants syriens. Il avait été précédé dans la capitale syrienne par une importante délégation du parti islamiste, partie elle aussi faire le point de la situation. Selon des sources proches du parti, M. Sabeh a tenu à Damas une réunion avec l’éminence grise du Hezbollah, M. Hussein Khalil, pour évaluer les derniers développements. Aux dernières nouvelles, le projet d’alliance Sabeh-Hezbollah tient toujours à Ghobeiri et à Bourj-Barajneh. Preuve en est que M. Sabeh a annulé une rencontre nocturne qu’il devait avoir avec le député d’Amal Ali Hassan Khalil (chargé par le président Berry de gérer le dossier de la banlieue-sud), prétextant une forte fatigue. A son retour de Damas, le ministre a déclaré que «les canaux de négociation restent ouverts avec toutes les parties dont le mouvement Amal», soulignant toutefois qu’il avait trouvé un terrain d’entente avec le parti islamiste. Différend Joumblatt-Arslane Le Hezbollah reste donc confiant. Une source proche du parti a déclaré à «L’Orient-Le Jour» que le fils du président syrien, M. Bachar el-Assad, qui a reçu dimanche sayyed Hassan Nasrallah, a réaffirmé que son pays ne voulait pas intervenir dans le scrutin municipal et n’avait pas l’intention d’imposer une coalition Amal-Hezbollah comme cela s’est passé lors des dernières élections législatives en 1996. «L’important est que cette échéance se déroule calmement», a-t-il dit. Pas très loin de Bourj-Barajneh, à Choueifat, la liste d’entente que M. Walid Joumblatt et le ministre des Emigrés Talal Arslane ont promis de parrainer tarde à voir le jour. Visiblement, les deux chefs druzes n’arrivent pas à s’entendre sur une formule de compromis. «Ni moi, ni l’émir Talal n’avons les moyens d’imposer à la population une liste parachutée», nous a déclaré M. Joumblatt qui a souligné que le mandat des conseils municipaux, fixé à six ans par la loi, «est trop long» et devrait être ramené à quatre ans. M. Joumblatt fait face aussi à des difficultés dans l’Iqlim el-Kharroub, notamment dans la grande bourgade de Chéhim. Dans cette région, le chef du PSP semble avoir opté pour une alliance avec les partisans du président du Conseil, M. Rafic Hariri, avec qui il a discuté de cette question lors d’une rencontre nocturne. «Dans certains villages, les choses se passent normalement. Par contre, dans d’autres agglomérations, il y a des problèmes à cause de la mentalité tribale et familiale», nous a-t-il déclaré. Plus au Nord, à Jounieh, autre ville où les enjeux sont importants, le député Mansour el-Bone, qui soutient une liste conduite par son frère Joe, ne s’est toujours pas décidé à rendre publics les noms des candidats qu’il appuie. Pourtant, ses principaux adversaires, le ministre Farès Boueiz et le député Rochaid el-Khazen, ont déjà officiellement proclamé la naissance de leur liste. Pendant ce temps, dans de nombreuses autres localités du Kesrouan et du Metn, la proclamation des listes se poursuit. A Safra (Kesrouan), le Mouvement Liban Libre du ministre Elie Hobeika a annoncé la naissance d’une liste. A Bauchrié-Jdeidé, la «Liste de la dignité», dirigée par M. Boulos Kanaan, s’est promis de mener la vie dure à la liste conduite par M. Assaad Bakhos et jouissant du soutien du ministre Michel Murr. Projet d’alliance Wakim-Aoun Alors qu’au Mont-Liban les adversaires comptent leurs forces en prévision de la bataille de dimanche, à Beyrouth, où le scrutin aura lieu le 7 juin, les préparatifs battent leur plein. Hier, le président Hariri et M. Tammam Salam ont tenu une longue réunion à l’issue de laquelle ils ont scellé leur alliance et confirmé qu’ils formeront (ou appuieront) une liste unique au sein de laquelle les jeunes auront une place de choix. Mais dans la capitale, l’image reste également très floue. Interrogé au téléphone par «L’Orient-Le Jour», le général Michel Aoun a catégoriquement exclu toute «alliance avec le pouvoir», mettant ainsi un terme à certaines rumeurs selon lesquelles il aurait donner son feu vert à la participation de figures de l’opposition à la «liste officielle». Le général Aoun a déclaré qu’il avait «écouté» les arguments exposés par M. Gébrane Tuéni lors d’une réunion qui les a groupés il y a deux jours à Paris au sujet de la nécessité d’éviter une bataille féroce dans la capitale afin de préserver l’équilibre communautaire au sein du Conseil municipal. «J’ai écouté mais je n’ai pas été convaincu», nous a-t-il dit. «Notre courant est totalement hostile aux orientations du pouvoir, a-t-il précisé. Une entente avec lui est difficile, voire impossible. Il est inacceptable pour nous de conclure une quelconque alliance électorale si son objectif n’est pas d’aboutir au changement. Celui qui s’allie au président Hariri aura pris position contre nous. Quoi qu’il en soit, il n’est pas question pour nous de boycotter le scrutin». Une alliance avec M. Najah Wakim est-elle envisagée? «Nous sommes prêts à nous allier à ceux qui sont hostiles au pouvoir», a répondu le général Aoun qui n’a pas voulu donner davantage de précision. Interrogé à son tour par «L’Orient-Le Jour», le député opposant de Beyrouth a confirmé l’existence de contacts «avancés» avec des représentants du général Aoun. De source bien informée, on apprend que ces contacts sont menés par Mme Raya Daouk et MM. Raja Baroudi et Patrick Khoury, délégués par le courant aouniste. Très avare d’informations, M. Wakim n’a pas fourni de plus amples détails, se contentant de dire que «les discussions progressent». «Pour nous, il n’est pas question de former des listes. C’est à la population de choisir ses représentants et notre rôle est de soutenir ce choix, a-t-il dit. En tout cas, la décision du général Aoun de ne pas s’allier au pouvoir est sage et normale». M. Wakim a aussi déclaré que la position du Hezbollah à Beyrouth est «positive», laissant entendre qu’une éventuelle coopération avec le parti islamiste est envisagée comme ce fut le cas lors des élections législatives de 1996. Il semble en tout cas que les négociations aient atteint un stade assez avancé. Demain, mercredi, M. Abdel-Hamid Fakhoury, qui est soutenu par M. Wakim, doit tenir une conférence de presse pour annoncer son programme électoral et peut-être le noyau de sa liste. «L’Orient-Le Jour» a appris que cette liste comprend l’économiste Kamal Hamdane, ainsi que MM. Bachar Kouatly, Adnane Itani et Amir Hamaoui. En attendant que la situation se décante sur tous les fronts, les préparatifs administratifs se poursuivent. Hier, 666 urnes ont été acheminées à Beiteddine en prévision du scrutin de dimanche. Les autorités ont par ailleurs rappelé que le délai de dépôt des candidatures pour les élections au Liban-Nord expire demain à minuit. Dans ce mohafazat, de féroces batailles sont aussi en perspective à Zghorta, à Tripoli... Mais passons d’abord le cap du Mont-Liban.
Des listes qui se font attendre, d’autres qui naissent au forceps. D’autres encore qui usurpent des identités politiques, prétendant représenter tel ou tel courant. Des alliances qui se font le matin, se défont le soir, avant de devenir définitives le lendemain: une grande confusion continuait de régner hier sur le front électoral, alors que la fièvre de la prochaine...