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Actualités - REPORTAGE

Les femmes dans la mêlée municipale Roula Ajouz : un tremplin .. pour entrer dans l'arène politique (photo)

Une jeune femme pleine d’énergie qui, par sa seule présence, semble donner vie à tout ce qui l’entoure, c’est la première impression que donne Roula Wafic Ajouz, candidate au conseil municipal de Beyrouth. Mlle Ajouz n’est d’ailleurs pas peu fière de raconter que sa candidature porte le numéro 1, tant elle est motivée par ces élections. Roula Ajouz qui travaille depuis l’âge de 16 ans, tantôt pour payer ses frais universitaires et tantôt pour dépenser son trop-plein d’énergie, ne cache pas son ambition de faire un jour de la politique «parce que je me sens concernée par mon pays et par son environnement». Mais cela ne l’empêche pas de s’intéresser à des questions plus terre à terre, comme les municipalités. «Pour moi, dit-elle, cette expérience sera un test. Si je réussis, je pourrais me lancer dans d’autres activités. Car rien ne m’horripile autant que de rester dans mon coin à pleurer sur mon sort. Je crois que les gens de ma génération en ont assez des slogans creux que l’on scande à chaque occasion, sans jamais rien faire pour essayer de les réaliser...». Roula Ajouz lance aussi cette image très significative: «On ne peut pas continuer à crier en fermant ses fenêtres. Moi, je veux agir». Et, pour l’instant, elle s’est lancée à fond dans la bataille des municipales. En jeune femme moderne, il n’était pas question pour elle de mener cette bataille de façon traditionnelle. Avec les 13 membres de son équipe (qui, dit-elle, travaillent comme un seul homme), elle a imprimé une brochure pour expliquer son programme. «Nous en avons produit 100 000 exemplaires qui sont distribués de façon très correcte dans certains lieux publics». Tous ceux qui ont pu voir cette brochure ont d’ailleurs été surpris par sa qualité. C’est qu’au Liban, il est bien rare qu’un candidat au conseil municipal prenne la peine de préparer un programme aussi détaillé et sérieux. Mais Roula Ajouz ne veut rien faire comme tout le monde : «Il faut respecter les autres pour qu’ils vous respectent», répète-t-elle à tout bout de champ. Et, selon elle, le fait d’imprimer une telle brochure n’est que l’expression du respect qu’elle porte aux autres. Si la présentation est agréable, le programme en lui-même n’est pas très ambitieux. Car Mlle Ajouz est convaincue qu’il faut commencer par de petites choses, gagner la confiance des habitants de la capitale avant de réclamer des fonds et de plus lourdes responsabilités. C’est donc en sachant parfaitement qu’il n’y a pas beaucoup de moyens et que le ministère des Finances n’est pas près de permettre aux municipalités de garder les recettes des taxes qu’elles perçoivent que Roula Ajouz a établi son programme. «De par mon travail, je voyage beaucoup et j’essaie de récolter des idées çà et là. C’est ainsi que j’ai pensé à placer des panneaux en fer, comme il y en à Prague, et de les louer à des prix symboliques à ceux qui veulent faire la publicité d’un spectacle ou d’un concert...». Avec ces prix symboliques et les amendes que paieront les contrevenants, la candidate pense pouvoir rembourser en trois mois les prix des panneaux. Roula Ajouz a aussi l’idée de créer des parcs mobiles: il s’agit de fermer trois ou quatre rues dans la capitale, le dimanche, afin de permettre aux enfants d’y jouer toute la journée. Bien sûr, ces rues ne doivent pas être l’unique accès de certains quartiers et leur fermeture ne devant pas gêner le trafic. Mais les fermer pendant une journée, tout en y organisant des activités, notamment la location de vélos, de skateboards, etc., pourrait permettre aux enfants de s’amuser, en attendant de pouvoir le faire dans de véritables parcs... Sa brochure est truffée d’idées de ce genre, simples, pratiques et surtout peu coûteuses. Roula Ajouz estime ainsi que 80% au moins de son programme est réalisable. Elle l’a voulu ainsi pour justement ne pas faire de promesses qu’elle ne pourra pas tenir. «Si je suis élue et que j’exécute ce programme, j’aurai gagné la confiance des électeurs et je pourrai alors, forte de leur appui, essayer de traiter les problèmes plus importants: le traitement des ordures, la pollution, etc.». Pense-t-elle avoir des chances d’être élue? Roula Ajouz croit à sa victoire, d’autant que certaines sources lui ont soufflé qu’elle pourrait être prise sur la liste principale, appuyée par le premier ministre Rafic Hariri. N’est-elle pas gênée de commencer sa carrière publique avec ce label politique? «Si je suis prise sur cette liste, cela signifie que les autres noms qui y figurent acceptent mon programme et que celui-ci a des chances d’être appliqué. Moi, je prends les choses positivement... et je laisse la porte ouverte à toutes les éventualités. Si je suis élue, les gens pourront, dans un an, me demander des comptes, sur base de mon programme...». Roula Ajouz est tout à fait consciente des problèmes qui peuvent entraver l’action municipale, notamment à Beyrouth, avec l’omniprésence du CDR et du Conseil des grands projets de Beyrouth. Mais elle pense qu’il faut quand même commencer à agir. C’est à ses yeux le seul moyen de gagner la confiance des gens et de reconquérir ce qui a été pris. A Beyrouth, il y a certes une jeunesse aspirant à la modernité, mais il y a aussi beaucoup de familles traditionalistes. Pense-t-elle qu’elles pourront l’accepter? La candidate précise que jusqu’à présent, l’accueil des gens a été particulièrement chaleureux. «Pourtant, je ne suis pas vraiment passée par les courants habituels. Je me suis contentée de faire distribuer ma brochure et j’ai attendu les réactions. Jusqu’à présent, elles sont le plus souvent enthousiastes». L’enthousiasme, c’est surtout elle qui le communique. Toujours en mouvement, elle gère les coups de fil, la distribution des brochures, la lecture des coupures de presse et trouve encore le temps de parler de sa ville, cette capitale qu’elle aime profondément. C’est surtout pour elle qu’elle se lance dans la bataille, et, en personne engagée, elle espère être «cette petite pierre, qui a été jetée en 1987 par un enfant palestinien de six ans, déclenchant ainsi la fameuse intifada...».
Une jeune femme pleine d’énergie qui, par sa seule présence, semble donner vie à tout ce qui l’entoure, c’est la première impression que donne Roula Wafic Ajouz, candidate au conseil municipal de Beyrouth. Mlle Ajouz n’est d’ailleurs pas peu fière de raconter que sa candidature porte le numéro 1, tant elle est motivée par ces élections. Roula Ajouz qui travaille...