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Actualités - OPINION

Mauvaise graisse !

Depuis 48 heures, chaque Libanais — je veux parler de l’individu normal qui travaille — accomplit envers son autre frère libanais — là, je veux parler du parasite qui glande — une action charitable permanente, destinée à soulager ce dernier de la fatigue que lui procure le fait d’encaisser son salaire tout en restant à la maison. Depuis 48 heures donc, dans chaque portion de camembert déglutie, chaque tranche de saucisson avalée, chaque cornet de glace importée dégusté, il y a 2% de matières grasses qui vont nourrir cette mauvaise graisse de la Fonction publique. Depuis 48 heures aussi, mais là ce n’est peut-être que justice, dans chaque bouffée de cigarette inhalée, chaque parfum de havane soufflé, il y a 10% de nicotine cancérigène qui vont partir encrasser cette métastase géante qui ronge l’administration de l’Etat. Depuis 48 heures enfin, on a cessé de nous expliquer laborieusement comment Israël manœuvre en nous suppliant à genoux de se retirer du Liban-Sud, «mais que celle-là, on ne la fait pas à Farès Boueiz», pour nous faire part de l’impérieuse nécessité de payer l’effet rétroactif à cette hydre corrompue et insatiable. Mais le moyen de faire autrement, tiens! Rien qu’à l’Information, ce ministère vermoulu qui n’existe plus que dans les dictatures du tiers monde, il n’y a pas moins de 1.200 fonctionnaires, dont à peine 10% savent ânonner correctement la langue de bois du ministre à la moumoute. Et je te passe bien évidemment, dans les autres ministères, la tapée des gloutons placés au nom de l’équilibre politique, la kyrielle des inutiles installés au nom du dosage confessionnel, la truellée des copains greffés au nom de la fidélité… Alors le résultat, le voici: depuis 48 heures, tu paies l’augmentation de l’agent ignare qui dévore son sandwich au milieu du trafic, celle du gardien de prison imbécile qui laisse filer un assassin, celle du juge d’instruction trouillard qui se rappelle après coup qu’il fallait le juger, celle enfin et surtout du ministre-technocrate qui réfléchit déjà au prochain moyen de te plumer. Fonctionnaires repus, citoyens cornus, pays fichu… Quel rebut!
Depuis 48 heures, chaque Libanais — je veux parler de l’individu normal qui travaille — accomplit envers son autre frère libanais — là, je veux parler du parasite qui glande — une action charitable permanente, destinée à soulager ce dernier de la fatigue que lui procure le fait d’encaisser son salaire tout en restant à la maison. Depuis 48 heures donc, dans chaque...