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Actualités - REPORTAGE

Eduardo Manet : cubain de naissance, francais d'état-civil, libanais de coeur (photo)

Eduardo Manet est prolixe, sa production littéraire, théâtrale et cinématographique est importante. Né à Cuba, il est citoyen français depuis 1979. Auteur dramatique, Manet a écrit une quinzaine de pièces traduites en 23 langues. «Les Nonnes» a été créé au Théâtre de poche Montparnasse au milieu des années soixante et continue à être joué dans différentes salles à travers le monde; «Eux» et «Le jour où Mary Shelley rencontra Charlotte Brontë» ont été présentés à l’Odéon par la Comédie française; «Le Borgne» a été joué à l’Athénée avec Michel Galabru; «Un balcon sur les Andes» a été coproduit par l’Odéon et le Nouveau théâtre de Nice; «Maheu le boucher» a eu le Prix Avignon Off 1987... Egalement romancier, Eduardo Manet a été nominé trois fois au Goncourt et a obtenu le Prix Interallié pour sa «Rhapsodie cubaine» en 1996, et le Prix Goncourt des Lycéens pour «L’île du lézard vert» en 1993. Eduardo Manet et le Liban c’est une vieille histoire d’amour: de 1969 à 1971, il anime des stages d’initiation à la dramaturgie à l’USJ. Ses pièces sont à l’affiche du Festival de Baalbeck, du Théâtre de Beyrouth et du Théâtre d’expression française (TEF) dirigé par Alain Plisson... Joint au téléphone, il a souligné qu’il restait «en contact avec les amis libanais qui sont de passage ou qui vivent à Paris. Je suis avec intérêt ce qui se passe au Liban et à Cuba. Je suis dans la même situation par rapport aux deux pays: cela fait longtemps que je n’y suis pas retourné, mais je me renseigne régulièrement sur les deux, c’est comme si j’y étais tout le temps, par l’esprit». Eduardo Manet a poursuivi en précisant que «chaque personne a un pays d’origine et un pays de cœur. Cuba est mon pays d’origine, je réside en France pour différents motifs, mais le Liban a toujours été, pour des raisons mystérieuses, le pays de mon rêve...» Joué dans de nombreux pays, traduit dans plus de vingt langues, il se dit «touché que mes textes soient traduits dans des langues aussi différentes que le polonais ou les langues asiatiques». Il trouve, en revanche étrange que «Les Nonnes», mis en scène pour la première fois en 1969, continue à être monté dans différentes salles et figure dans de nombreuses anthologies. «C’est une vraie joie pour un écrivain de voir un de ses textes poursuivre son chemin, comme un enfant qui continue de grandir, qui vit sa propre vie. C’est paradoxale: ce texte que vous avez écrit qui vous appartient et que d’autres se sont appropriés, l’ont aidé à mûrir...» Passage obligé «Monsieur Lovestar et son voisin de palier» est la dernière née des pièces d’Eduardo Manet. Elle a été jouée pour la première fois, il y a trois ans, en mars 1995, par la compagnie Latitude 45 (fondée en 1993 par Alain Trétout et Jean-Claude Fernandez, les deux interprètes de la pièce) à Montpellier, au centre culturel du Languedoc. Depuis, elle est partie en tournée. Elle est maintenant à Beyrouth, au Monnot, puis passera l’été à Londres... Eduardo Manet se préfère-t-il dramaturge ou romancier? «Ce sont des moyens d’expression complètement différents», estime cet amoureux des mots. «Au théâtre, il faut trouver comment dire les choses à travers un dialogue. L’acteur est un moyen de transmission entre l’auteur et le public. Le roman me permet de développer plus mes idées, mes descriptions...» Un prix littéraire change-t-il la vie d’un écrivain? «Pas du tout. C’est la reconnaissance d’un travail. Il y en a qui écrivent dans le but de l’obtenir. Moi je préfère l’oublier et écrire ce que j’ai envie d’écrire, au moment où j’en ai envie. J’ai eu autant d’appels de solidarité quand je n’ai pas eu le Goncourt que des félicitations quand j’ai eu les autres prix. C’est cela qui est important». Ecrivain francophone à part entière, Manet ne néglige pas pour autant sa langue maternelle, l’espagnol. «J’écris encore souvent des textes en espagnol, pour ne pas perdre le contact avec ma langue natale...» Eduardo Manet se dit également intéressé par le cinéma. Réalisateur et scénariste à l’Institut du cinéma cubain pendant les années soixante, il y a signé quatre longs métrages et six courts métrages. «J’ai fait un seul film en France, pour la chaîne publique Antenne 2. J’adore le cinéma. Petit à petit on fait appel à moi...». Quant à la mise en scène, à laquelle il n’a pas tâté depuis de nombreuses années, Manet dit «vouloir m’y remettre. Je voudrais arrêter un temps l’écriture et me consacrer à la mise en scène. Je voudrais préparer «Les bonnes» de Jean Genet». Il aurait voulu accompagner les acteurs de «Lovestar» au Liban, mais des raisons professionnelles l’en ont empêché. «Un roman à remettre à la mi-mai sinon il risque de ne pas être publié pour la rentrée prochaine; une pièce demandée par la Comédie française à livrer avant la fin du mois de mai; et un film à terminer... Tout cela m’impose un travail énorme». Et il ajoute: «La dernière fois que je suis venu au Liban pour dix jours, j’y suis resté deux mois... C’est dire la fascination qu’exerce sur moi votre pays». Un message au public libanais? «Une accolade à la cubaine et deux baisers à la française, sur les joues», dit-il dans un rire, avant de retourner à son écriture...
Eduardo Manet est prolixe, sa production littéraire, théâtrale et cinématographique est importante. Né à Cuba, il est citoyen français depuis 1979. Auteur dramatique, Manet a écrit une quinzaine de pièces traduites en 23 langues. «Les Nonnes» a été créé au Théâtre de poche Montparnasse au milieu des années soixante et continue à être joué dans différentes salles...