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Actualités - REPORTAGE

"Monsieur Lovestar et son voisin de palier La vivace complexité des rapports humains... (photos)

Le «Théâtre Monnot» présente, jusqu’au 25 avril, à 20h30 tous les soirs, «Monsieur Lovestar et son voisin de palier» d’Eduardo Manet, mise en scène de Patrick Haggiag. Les deux comédiens, Alain Trétout et Jean-Claude Fernandez, s’y livrent une joute oratoire qui dégénère en pugilat avant d’aboutir au récit mutuel de leurs blessures... Au centre de la scène, une table en plexiglas, haute et large. Sur le devant, à même les planches, une télévision. A gauche, sur une table basse, une sculpture dite danoise et une photo dans un cadre. Le décor est bordé de tissus brodés. Le rideau se lève sur Monsieur Lovestar, vêtu d’une longue tunique minorange, affalé par terre, à exécuter des tractions, aujourd’hui on dit «push up». Sur l’écran de télévision tourné vers la salle, le même Lovestar donne une conférence sur T.S. Eliott. L’éminent professeur se relève, se sert un plein verre de vin et s’attable devant son souper... Alors qu’il est là à s’écouter et à manger son dessert, une coupe de fraises, Salcedo fait son entrée. En sweatshirt et baskets, il rentre chez lui après son heure quotidienne de jogging. Constatant que la porte de l’appartement de Lovestar est entrouverte, il s’y engouffre. Salcedo le Portugais vient demander à l’expert en langues de lui traduire une lettre d’amour qu’il veut envoyer à la femme qu’il aime et qui l’a quitté. Mais le professeur de linguistique comparée refuse, estimant une telle besogne indigne de son talent. Ni l’argent ni la violence ne le feront changer d’avis. Cependant, le Portugais finit par s’attabler en face de Lovestar, pour partager son repas et son vin. Et alors qu’il ressasse son histoire, racontant inlassablement les circonstances de son drame amoureux, le traducteur, lui, se dégelant enfin, entame le douloureux récit de la double trahison dont il a été victime. Lâché par son ami que la mort a fauché et qu’il n’a pas su réconforter au moment atroce de l’agonie... Il en vient à envier Salcedo. Les répliques se téléscopent et le spectateur assiste à un jeu de ping-pong où chaque balle rendue dévoile un pan de la personnalité des protagonistes; met à nu la fêlure que chacun tente de cacher... Salcedo vient d’un milieu modeste, ne boit pas, a un magasin de dépannage (électricité, plomberie...) et fait du jogging. Il mène une vie qu’il veut exemplaire à tous points de vue. Il a l’entêtement des gens simples convaincus de leur bon droit. Il ira jusqu’à menacer Lovestar d’un revolver pour obtenir sa collaboration. A l’inverse, Lovestar a la suffisance du milieu riche dont il est issu; et la fatuité d’un sot convaincu de son importance... Il est lâche face à la vie, couard face à la menace de mort. La détresse qu’il exprime c’est à la fois la peur de la mort et la culpabilité d’être encore en vie... Lovestar et son voisin de palier explorent avec vivacité dans ce dialogue-duel la complexité des relations humaines et du rapport à soi. Le texte d’Eduardo Manet utilise à merveille les richesses de la langue pour exprimer les subtilités de la nature humaine. Ses menues hideurs que seules transcendent les émotions. Et une solide tendresse.
Le «Théâtre Monnot» présente, jusqu’au 25 avril, à 20h30 tous les soirs, «Monsieur Lovestar et son voisin de palier» d’Eduardo Manet, mise en scène de Patrick Haggiag. Les deux comédiens, Alain Trétout et Jean-Claude Fernandez, s’y livrent une joute oratoire qui dégénère en pugilat avant d’aboutir au récit mutuel de leurs blessures... Au centre de la scène, une...