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Actualités - CHRONOLOGIE

Le gouvernement turc au coeur d'un cyclone politique Le parlement va enquêter sur la fortune de Yilmaz Agitation après la condamnation du maire islamiste d'Istanbul (photo)

Le gouvernement turc se retrouve au cœur d’un véritable cyclone politique déclenché par deux affaires, sans relation entre elles, selon toute apparence, mais dont la convergence menace son existence même. L’Assemblée nationale, en effet, a décidé d’ouvrir une enquête sur la fortune personnelle du premier ministre Mesut Yilmaz. D’autre part, la condamnation du maire d’Istanbul à dix mois de prison paraît avoir donné le signal d’un mouvement appelé à prendre de l’ampleur et une manifestation de masse s’est déroulée dans la journée de mercredi pour protester contre le verdict d’une Cour de sûreté de l’Etat. Il s’agit de la première démonstration de force des islamistes depuis le début de la campagne contre le fondamentalisme musulman lancée l’année dernière à l’instigation de l’armée. Les partisans du maire, M. Recep Tayyip Erdogan, dont le nombre — selon diverses estimations contradictoires — était de 5.000 à 10.000, ont afflué vers la mairie, dans la partie européenne de la grande métropole turque, à l’annonce qu’il tiendrait une conférence de presse. «Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les croyants nos soldats», scandaient notamment les manifestants, reprenant la phrase de M. Erdogan, prononcée l’an dernier dans un discours et qui lui a valu sa condamnation. Ses avocats ont fait appel. Si la Cour de cassation confirme ce jugement, M. Erdogan, 44 ans, héritier présomptif de l’ex-premier ministre Necmettin Erbakan à la tête du mouvement islamiste turc, devra aller en prison, sera déchu de son mandat de maire et ne pourra plus se présenter à des élections. «L’ombre de la politique est tombée sur la justice», a déclaré M. Erdogan dans sa conférence de presse, relayée par haut-parleurs, à la foule rassemblée devant la mairie. «Je respecte la justice mais je ne peux pas respecter les décisions erronées de la justice», a-t-il ajouté, réclamant la liberté de pensée et d’expression en Turquie. La manifestation de mercredi était la première du genre depuis le début de la campagne contre les islamistes qui avait culminé avec la dissolution du parti islamiste de la Prospérité (Refah), en janvier dernier, rebaptisé parti de la Vertu (Fazilet). En mars, une série de mesures destinées à affaiblir l’intégrisme religieux avaient été prises, incluant notamment un strict contrôle des constructions de mosquées et de plus lourdes punitions pour les contrevenants aux règles vestimentaires dans la fonction publique. Sur un autre plan, l’avenir du gouvernement se trouve compromis avec la décision prise, contre toute attente, par le Parlement d’ouvrir une enquête sur la fortune personnelle de M. Yilmaz. Les députés d’un parti social-démocrate, qui soutient d’habitude le Cabinet minoritaire de M. Yilmaz, ont cette fois voté une motion de l’opposition demandant l’ouverture de l’enquête. En conséquence, une commission parlementaire sera constituée pour enquêter sur la fortune de M. Yilmaz, a annoncé le président de la séance, Yasin Hatipoglu. L’origine de cette fortune est «inconnue», selon l’opposition qui souhaite établir si elle résulte d’actes de corruption ou non. Si le rapport de la commission accuse M. Yilmaz de corruption et si l’assemblée plénière approuve ce rapport, il sera déféré devant la Cour constitutionnelle. Selon la Constitution, tout parlementaire condamné par cette Cour est interdit de politique définitivement. «Ce sera un plaisir pour moi d’être l’objet d’une enquête; tout dirigeant politique doit rendre des comptes», a déclaré M. Yilmaz après le vote. C’est la première fois qu’il fait l’objet d’une telle enquête. C’est également la première fois que le parti républicain du Peuple (CHP) de Deniz Baykal, qui soutient le gouvernement de l’extérieur, agit contre M. Yilmaz, 51 ans, qui est au pouvoir depuis juin 1997.
Le gouvernement turc se retrouve au cœur d’un véritable cyclone politique déclenché par deux affaires, sans relation entre elles, selon toute apparence, mais dont la convergence menace son existence même. L’Assemblée nationale, en effet, a décidé d’ouvrir une enquête sur la fortune personnelle du premier ministre Mesut Yilmaz. D’autre part, la condamnation du maire...