Pas d'accord avec les USA pour la libération de Wang Dan , selon Pékin

La Chine et les Etats-Unis n’ont passé aucun accord concernant la libération pour raisons médicales du dissident Wang Dan, envoyé dimanche aux Etats-Unis, a assuré mardi à Pékin le ministère des Affaires étrangères. «Chaque année, plus de 10.000 prisonniers chinois bénéficient d’une libération sur parole pour raisons médicales. Il n’est donc pas question d’un accord entre la Chine et les Etats-Unis» à propos de la libération de Wang Dan, a déclaré le porte-parole du ministère, Zhu Bangzao, au cours d’un point de presse. La libération dimanche de Wang Dan, principal dirigeant des manifestations de Tiananmen en 1989, intervient deux mois avant la première visite en Chine du président américain Bill Clinton, et de nombreux observateurs estiment qu’elle s’inscrit dans le cadre d’un échange de bons procédés entre Pékin et Washington. Selon M. Zhu, «comme Wang Dan a certaines maladies, nos services judiciaires l’ont autorisé à se rendre à l’étranger pour suivre un traitement médical. Cette question relève de la juridiction des services judiciaires chinois». M. Zhu a refusé de commenter les conclusions des médecins américains qui ont trouvé Wang Dan, 29 ans, «en très bonne forme» après son hospitalisation à Detroit dès son arrivée dimanche sur le sol américain. «Je ne sais pas quel genre d’examen médical il a subi aux Etats-Unis», a déclaré le porte-parole. «S’il va mieux après sa sortie de prison, c’est sa propre affaire», a-t-il ajouté. Libre mais pas détendu A Detroit, Wang Dan a déclaré que son exil aux Etats-Unis lui pesait déjà et qu’il espérait revenir chez lui. «Je suis libre maintenant, mais je ne me sens pas détendu», a-t-il dit dans un communiqué traduit du chinois et lu à la presse par Xiao Qiang, directeur de l’association Human Rights in China. Les médecins de l’hôpital Henry Ford, à Détroit, où Wang a été admis dès son arrivée aux Etats-Unis dimanche, venaient de le déclarer en bonne santé. L’ancien dirigeant de la révolte étudiante de la place Tiananmen en 1989 ne souffre pas de tumeur cancéreuse au cerveau, comme ses nombreuses migraines le laissaient craindre. «Les migraines sont plus probablement dues à des problèmes de vue», a déclaré le Dr Robert Hyzy qui a surpervisé les soins prodigués au dissident. Wang s’est vu offrir une paire de lentilles ainsi qu’un traitement pour sa toux chronique, probablement due à une forme d’asthme. Après ses examens, Wang a passé la journée à recevoir des amis venus lui rendre visite ou à téléphoner, notamment à Wei Jingsheng, le dissident considéré comme le père du mouvement démocratique en Chine, qui a été libéré dans les mêmes conditions que lui en novembre et soigné dans le même hôpital américain. (AFP, Reuters)