L'Autorité accable le Hamas L'artificier du mouvement a été tué par son propre chef, annonce un dirigeant palestinien

L’Autorité palestinienne a affirmé hier que le chef militaire du Hamas en Cisjordanie avait lui-même tué l’artificier du mouvement intégriste Mohieddine Sharif à cause d’une lutte pour le pouvoir. Un responsable palestinien, qui s’exprimait à Ramallah (Cisjordanie) sous couvert de l’anonymat, a précisé qu’Adel Awadallah, chef militaire du Hamas en Cisjordanie, avait tué Sharif par balles à cause d’une «lutte pour le contrôle du réseau en Cisjordanie» de la branche armée du Hamas, Ezzeddine al-Kassam. Un dirigeant politique du Hamas à Gaza, M. Abdel-Aziz Rantissi, ainsi que le groupe Ezzeddine al-Kassam, ont démenti que leur organisation soit impliquée dans la mort de Sharif, responsable d’attentats qui ont coûté la vie à une centaine d’Israéliens, et en ont rejeté la responsabilité sur Israël. La police palestinienne avait annoncé auparavant avoir arrêté lundi cinq membres du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), proches de Sharif et d’Awadallah, accusés d’être impliqués dans le meurtre. Dans une première réaction, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est félicité de l’arrestation de ces cinq Palestiniens, la qualifiant de «développement positif». «Cela démontre la véracité de ce que nous avions dit, à savoir qu’Israël n’est pas impliqué» dans cet assassinat, a dit M. Netanyahu. «Ce dont l’Autorité palestinienne doit faire la preuve maintenant, c’est qu’elle s’est engagée dans la guerre, systématique, sérieuse et profonde contre les terroristes et leur infrastructure», a-t-il ajouté. Le ministre israélien de la Défense, Yitzhak Mordehaï, s’est, quant à lui, félicité de ces arrestations. «Cela confirme qu’Israël n’est pas impliqué, quoique nous ne regrettions pas que Sharif soit tué», a-t-il souligné. Le responsable palestinien à Ramallah a, en outre, indiqué qu’Adel Awadallah avait réussi à échapper au coup de filet policier et que la police palestinienne avait lancé une chasse à l’homme pour l’arrêter. Il a précisé que Ghassan Adassi, 19 ans, un militant du Hamas qui vivait avec Sharif et avait été arrêté dans les heures ayant suivi la découverte du corps, avait désigné Adel Awadallah comme le meurtrier, avouant avoir été présent quand ce dernier a abattu Sharif. La mort de Mohieddine Sharif, 32 ans, dont le corps, percé de trois balles, a été retrouvé après une explosion près de Ramallah, en zone sous contrôle palestinien de la Cisjordanie, le 29 mars, avait provoqué un regain de tension en Israël et dans les territoires de Cisjordanie et Gaza. Des milliers de Palestiniens avaient crié vengeance jeudi en enterrant Sharif à Ramallah et la branche armée du Hamas a conseillé à Israël de «préparer les cercueils» pour des victimes d’attentats, dans un tract distribué à l’occasion des funérailles. Dans un communiqué, le groupe Ezzeddine al-Kassam a affirmé qu’«avec l’assassinat de Mohieddine Sharif, la bataille a pris une nouvelle dimension» et qu’il frapperait désormais «des intérêts juifs partout dans le monde». Ces menaces ont été prises au sérieux par les responsables de la sécurité israélienne. Sharif se trouvait en tête de la liste des Palestiniens les plus recherchés par le Service de sécurité intérieure israélien (Shin Beth). Des centaines de policiers et de militaires ont été déployés à Jérusalem alors que la surveillance des marchés, des centres commerciaux et des gares routières a été renforcée. Les services israéliens avaient tué en janvier 1996 le prédécesseur de Sharif, Yéhya Ayache, dans la bande de Gaza. Ce meurtre, qui avait été à demi-mot revendiqué par Israël, avait suscité une vague d’attentats de représailles qui ont fait 58 tués début 1996 en Israël. (AFP)