Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Grave crise politique en Iran après l'arrestation du maire de Téhéran

L’arrestation spectaculaire du maire de Téhéran Gholamhossein Karbastchi a déclenché une crise sans précédent au sein du régime iranien entre le pouvoir judiciaire, bastion conservateur, et le gouvernement à dominante modérée du président Mohammad Khatami. Le Conseil des ministres a ouvertement dénoncé une «tentative d’affaiblissement» du gouvernement de M. Khatami par les conservateurs vaincus lors de l’élection présidentielle de mai 1997. M. Karbastchi, une personnalité-clé dans la victoire électorale l’an dernier du président Khatami face à son rival conservateur Ali Akbar Nategh-Nouri, président du Parlement, est inculpé dans le cadre d’une vaste enquête sur des accusations de corruption au sein de la municipalité. Selon le journal gouvernemental «Iran», le procès de M. Karbastchi et ses collaborateurs aura lieu dans une vingtaine de jours devant un tribunal d’exception chargé des délits commis par les fonctionnaires de l’Etat. La crise ouverte entre le gouvernement, proche de la mairie, et le pouvoir judiciaire confirme une nouvelle fois la lutte farouche qui oppose les conservateurs d’une part et une alliance de la gauche radicale et des modérés de l’autre. Plusieurs personnalités proches du maire ont ouvertement accusé la justice de mener une «campagne politique» visant en fait, sous couvert de lutte contre la corruption, le chef de l’Etat et ses partisans. «La faction vaincue aux dernières élections veut se venger», a déclaré Mme Faézeh Hachémi, député modérée et fille de l’ancien président Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani. «Le délit de M. Karbastchi est d’avoir participé activement à la campagne électorale pour les législatives de 1996 et les présidentielles de mai dernier», a estimé Mme Hachémi. Inexpérience Le Conseil des ministres, réuni dimanche sous la présidence du chef de l’Etat, a dénoncé «avec étonnement» l’arrestation «arbitraire» du maire qualifié de personnalité «éminente». Le porte-parole du gouvernement, Ataollah Mohadjerani, a mis en garde contre les «effets négatifs» de cette arrestation «sur l’efficacité et la confiance en soi d’autres responsables gouvernementaux». M. Mohadjerani a toutefois semblé chercher une porte de sortie à la crise en mettant cette arrestation sur le compte de «l’inexpérience» du juge chargé du dossier. La justice ainsi que les principaux membres de la majorité parlementaire conservatrice ont répliqué en affirmant que cette action judiciaire n’avait «rien de politique». «La justice va statuer en toute impartialité et sans prise de position politique sur les délits attribués à M. Karbastchi», a déclaré l’hodjatoleslam Mohsseni Ejei, président d’un tribunal chargé de juger les fonctionnaires. «Karbastchi a rendu beaucoup de services mais il a commis aussi des délits», a affirmé Mohammad-Reza Bahonar, membre influent de la majorité conservatrice au sein du bureau de l’Assemblée. Plusieurs journaux modérés proches du maire de Téhéran, dont le journal à grand tirage de la municipalité, «Hamchahri» (Le Citoyen), ont lancé une campagne de défense du maire en publiant dès dimanche des pages entières de déclarations favorables à M. Karbastchi, détenu depuis samedi à la fameuse prison Evine, au nord de Téhéran. M. Karbastchi, nommé à la tête de la municipalité depuis 1989, s’est distingué par une politique de grands travaux d’aménagement urbain dans cette mégalopole de près de 10 millions d’habitants. Sa politique ouverte en matière culturelle, dans la limite des possibilités du régime, lui a fréquemment attiré les foudres de l’aile la plus conservatrice du clergé. (AFP-Reuters)
L’arrestation spectaculaire du maire de Téhéran Gholamhossein Karbastchi a déclenché une crise sans précédent au sein du régime iranien entre le pouvoir judiciaire, bastion conservateur, et le gouvernement à dominante modérée du président Mohammad Khatami. Le Conseil des ministres a ouvertement dénoncé une «tentative d’affaiblissement» du gouvernement de M. Khatami...