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Actualités - CHRONOLOGIE

La plus longue journée de l'histoire de l'Irlande du Nord s'est achevée sur un accord Ulster : le courage a triomphé, mais la paix reste à construire (photo)

Un accord de paix destiné à mettre fin à 29 ans de conflit entre protestants et catholiques d’Irlande du Nord a été conclu vendredi soir à Belfast à l’issue de plus de 32 heures de négociations ininterrompues. La formule avait toutes les apparences de la paix des braves, en cela qu’elle semblait n’avoir fait ni vainqueurs ni vaincus, à entendre les premières réactions des partis impliqués. Tous enchantés. «Je suis ravi d’annoncer que les deux gouvernements (de Grande-Bretagne et d’Irlande) et les partis politiques d’Irlande du Nord ont conclu un accord», a déclaré au château de Stormont, proche de Belfast, l’ancien sénateur américain George Mitchell, président des pourparlers qui a inlassablement œuvré au rapprochement. «Le courage a triomphé», a peu après commenté le premier ministre britannique Tony Blair. Il a hérité des avancées de ses trois prédécesseurs conservateurs, mais le règlement n’en représente pas moins pour lui une victoire personnelle, tant il a fait du dossier nord-irlandais l’une des priorités de sa politique intérieure. M. Blair a passé les dernières 30 heures dans l’enceinte de Stormont, n’interrompant ses tractations avec les partis que pour prendre des douches ou de brefs interludes de repos, pendant lesquels il était relayé par son ministre à l’Irlande du Nord, Mo Mowlam. Le leader du premier parti de la province, l’unioniste protestant David Trimble (UUP), aura jusqu’au dernier moment imposé un régime de douche écossaise fait de concessions et de revendications nouvelles pour l’emporter sur les points cruciaux aux yeux de sa communauté. Il obtient ainsi que le désarmement des paramilitaires soit exigé à partir de juin. Ainsi qu’une garantie que ses ennemis du Sinn Fein, l’aile politique de l’IRA, ne pourront siéger comme ses égaux au sein du cabinet d’un gouvernement local, tant que l’IRA en cessez-le-feu n’aura pas renoncé à son arsenal. Pas de poignée de main David Trimble a indiqué qu’il ne serait prêt à parler face à face avec Gerry Adams, le leader du Sinn Fein (aile politique de l’IRA), et ses proches qu’une fois qu’«ils auront démontré leur engagement démocratique». Autrement dit, une fois que l’armée républicaine irlandaise aura rendu ses armes. «Je serais prêt à lui serrer la main, c’est lui qui ne veut pas», a dit de son côté Gerry Adams, dont le parti affirme n’avoir jamais — au cours des six derniers mois — été admis à un entretien bilatéral avec l’UUP. L’absence de poignée de main immédiate entre MM. Trimble et Adams a justifié l’accueil prudent réservé à la percée par nombre des acteurs de la scène nord-irlandaise, échaudés par une succession d’accords morts-nés, de règlement sans lendemain tout au long de 29 ans de troubles qui ont fait plus de 3.200 morts. Ils savent que la paix sur le papier devra dans les mois qui viennent se concrétiser dans les faits, triompher des ultras des deux camps déterminés à poursuivre la violence et réconcilier deux communautés antagonistes. Les nationalistes modérés du SDLP et les républicains ont eux aussi obtenu satisfaction: l’accord donne à la province une autonomie politique, sous la forme d’une assemblée élue à la proportionnelle, associant les catholiques minoritaires et les protestants majoritaires d’où sera issu un exécutif faisant place à tous les partis élus à l’assemblée. C’est là la garantie d’un partage du pouvoir entre les communautés, de nature à éloigner le spectre d’une domination des protestants majoritaires aux yeux des catholiques nationalistes, qui gardent le souvenir douloureux du Parlement de Stormont, instrument de l’arbitraire protestant dissous en 1972 au milieu de troubles sanglants. Il est également prévu que Dublin soit doté, pour la première fois, d’un droit de regard sur les affaires du Nord au sein d’un Conseil des ministres envoyés par Belfast et Dublin. L’accord a été scellé plus de 17 heures après l’heure limite initialement fixée par Londres et Dublin pour trouver une entente, jeudi à minuit.
Un accord de paix destiné à mettre fin à 29 ans de conflit entre protestants et catholiques d’Irlande du Nord a été conclu vendredi soir à Belfast à l’issue de plus de 32 heures de négociations ininterrompues. La formule avait toutes les apparences de la paix des braves, en cela qu’elle semblait n’avoir fait ni vainqueurs ni vaincus, à entendre les premières...