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Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que Hraoui hausse le ton face aux détracteurs du projet de mariage civil Le sommet de la réconciliation se tiendrait lundi à Lattaquié

Les célébrations du Vendredi Saint, hier, dans la ferveur et le recueillement, n’ont pu éclipser totalement le profond et grave malaise qui sévit au niveau des plus hautes sphères de l’Etat. Elles ont, au contraire, fourni l’occasion d’exacerber davantage les tiraillements internes et de faire monter d’un cran la tension entre les pôles du pouvoir. Au terme de l’office de la mise au tombeau du Christ auquel il a assisté à Zahlé, le président Elias Hraoui est revenu à la charge au sujet de son projet de mariage civil facultatif, en haussant nettement le ton à ce propos. Prenant la parole à l’issue de la cérémonie religieuse, le chef de l’Etat a affirmé sans détour qu’il ne permettra pas que Beyrouth ou toute autre région du pays soit transformée en un «second Hama» (VOIR PAGE 3). Le président Hraoui faisait ainsi allusion à la vive réaction provoquée par le projet de mariage civil dans les milieux de Dar el-Fatwa. Des rassemblements populaires, des sit-in et des marches pacifiques avaient été organisés dans certains quartiers de Beyrouth-Ouest, à l’initiative de Dar el-Fatwa et de plusieurs organisations fondamentalistes sunnites, qui entendaient protester contre toute velléité d’imposer le mariage civil, fût-il facultatif. C’est sans doute en réaction à ces manifestations que le président Hraoui a évoqué le précédent de Hama (la ville syrienne où les «Frères musulmans» étaient solidement implantés et qui était passée par la suite sous le contrôle du pouvoir central de Damas à la suite de l’intervention de l’armée syrienne). L’allusion du chef de l’Etat pourrait également avoir été provoquée par les propos d’un parlementaire qui a souligné récemment, pour mettre en évidence son rejet du mariage civil, qu’il était «musulman avant d’être libanais». Ces propos ont été vivement dénoncés par le président Hraoui dans une déclaration à la presse. En tout état de cause, la déclaration faite par le chef de l’Etat hier à Zahlé a provoqué un malaise certain dans les milieux proches du chef du gouvernement Rafic Hariri qui se sont déclarés «surpris» par «la subite escalade verbale» à laquelle s’est livré, à leurs yeux, le président de la République. C’est dans ce climat particulièrement fiévreux et tendu que devrait se tenir sous peu un nouveau sommet élargi libano-syrien à Lattaquié, en présence du président Hraoui, de son homologue syrien Hafez el-Assad, du chef du Législatif Nabih Berry et de M. Hariri. Cette rencontre pourrait avoir lieu lundi prochain (ou dans tous les cas de figure, avant le prochain Conseil des ministres appelé à se réunir, mercredi, au palais de Baabda). Les dirigeants actuels ayant été conditionnés de manière à ne pas pouvoir surmonter les difficultés internes dans le cadre du système et des institutions en place, ce énième sommet élargi devrait permettre sinon d’aplanir les divergences entre les pôles de la «troïka», du moins d’apaiser quelque peu la tension apparue entre eux. Le prétexte sur ce plan est tout trouvé: Beyrouth et Damas se doivent de faire preuve de «vigilance» pour affronter la nouvelle donne régionale née de l’initiative d’Israël de retirer ses troupes du Liban-Sud en contrepartie d’arrangements de sécurité et de garanties fermes fournies au sujet de l’avenir des membres de «l’Armée du Liban-Sud» et des habitants de la «zone de sécurité». C’est donc au nom de ces impératifs d’ordre régional que les pôles de la troïka décideront vraisemblablement de mettre une sourdine (une fois de plus) à leurs tiraillements et à leurs divergences, à l’instigation de Damas. Reste à savoir sur quelles bases les problèmes de fond seront réglés, concernant notamment deux dossiers épineux: l’affaire du mariage civil facultatif (et le refus de M. Hariri de signer le projet en question pour le transmettre au Parlement, comme le réclame le chef de l’Etat), ainsi que la question de la nouvelle échelle des salaires dans le secteur public (les sources de M. Berry accusent le gouvernement de vouloir reporter l’approbation de ce projet jusqu’à l’élection présidentielle). Quel que soit l’aboutissement de ce nouveau «sommet de la réconciliation», l’impression qui prévaut dans certains cercles loyalistes est que les rapports entre les pôles de la troïka demeureront tendus jusqu’à l’échéance de l’élection présidentielle, prévue en principe en novembre prochain. D’ici là, les Libanais devront prendre leur mal en patience et supporter les sautes d’humeur et les manœuvres politiciennes de leurs dirigeants. Car cette énième trêve pourrait fort bien, comme les précédentes, durer ce que durent les roses...
Les célébrations du Vendredi Saint, hier, dans la ferveur et le recueillement, n’ont pu éclipser totalement le profond et grave malaise qui sévit au niveau des plus hautes sphères de l’Etat. Elles ont, au contraire, fourni l’occasion d’exacerber davantage les tiraillements internes et de faire monter d’un cran la tension entre les pôles du pouvoir. Au terme de...