Iran : Khameneï tend la main à Khatami

Le guide de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé mardi qu’il entretenait de «bonnes relations» avec le président Mohammad Khatami et qu’il soutenait son approche d’une «société civile» islamique. M. Khamenei, premier personnage du régime, s’exprimait lors d’une visite-surprise à l’Université de Téhéran, théâtre d’une vive tension entre les courants conservateur et modéré. Souriant et détendu, le guide de la République, dont se réclame le courant conservateur, a appelé les étudiants à surmonter leurs divergences et à ne pas recourir à la violence pour trancher leur débat politique. «Je connais M. Khatami depuis 40 ans, du temps où je connaissais son père (un éminent religieux). Bien sûr, je suis son aîné de cinq ou six ans», a indiqué M. Khamenei, 59 ans, en réponse aux étudiants. Assis à même le sol parmi les étudiants à la mosquée du campus universitaire, M. Khamenei a affirmé qu’il croyait à la société civile que le président réformateur tente de promouvoir en Iran. «Nous sommes prêts à nous sacrifier pour un telle société», a-t-il dit, cité par le quotidien «Kayhan», en référence au système social mis en place dans la ville sainte de Médine, en Arabie, du temps du prophète Mahomet. L’élection il y a un an de M. Khatami, un religieux modéré, a provoqué une escalade dans l’affrontement entre réformateurs et conservateurs, ces derniers estimant que les réformes libérales prônées par le gouvernement mettent en péril le système politico-théocratique issu de la révolution de 1979. A la question de savoir s’il approuvait le recours à la violence par les militants du camp dur contre leurs adversaires, M. Khamenei a affirmé que «cela relevait de la compétence du gouvernement et non des citoyens. En cas de besoin, le gouvernement interviendra». Plaidant pour le dialogue, il a appelé les protagonistes à «se parler». «Dans tous les pays du monde, les groupes politiques aux affinités les plus différentes s’assoient autour d’une table et se parlent. Il est insensé que dans nos universités, les gens qui croient dans les valeurs islamiques et révolutionnaires soient incapables de discuter», a-t-il dit. Il a ajouté qu’il ne cherchait pas à «faire prévaloir son point de vue sur diverses questions, qui peuvent être résolues par la voie légale». «Moi aussi, je suis obligé de respecter la loi», a poursuivi le guide de la République, qui était acclamé alors qu’il visitait des salles de classe où il a eu des conversations avec des étudiants et des professeurs, selon des séquences de sa visite à l’université diffusées par la télévision d’Etat. Il s’agit de la deuxième rencontre de l’ayatollah Khamenei avec des jeunes Iraniens depuis le mois dernier. Depuis sa prise de fonctions en août dernier, le président Khatami a pour sa part noué le contact avec la population, notamment à travers des visites-surprise dans diverses institutions. (AFP)