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Actualités - OPINION

Opinion Et l'orientation agricole ?

C’est avec plaisir que les agriculteurs ont appris la signature d’un accord franco-libanais de coopération dans le domaine agricole. Cette tradition, aussi vieille que le Mandat, avait déjà assuré de brillantes réalisations à partir de 1948, dont le fleuron restera l’Institut de recherche agronomique libanais devenu, en son temps, l’un des plus importants de la Méditerranée. Cependant les échos relatifs au dernier accord franco-libanais laissent l’observateur pensif, en attendant une lecture plus approfondie. Cet accord semble en effet suivre le style adopté depuis quelque temps en matière agricole. Il se réduit à des interventions ponctuelles d’une portée fort limitée et qui, dans certains cas précis, ont porté préjudice à la réputation de la coopération technique française au Liban. Pourtant la rencontre entre les deux ministres de l’Agriculture survient à un moment crucial pour ce secteur en France. Certains principes de la loi française d’orientation agricole, dont la promulgation est incessante, pourraient être d’un grand bénéfice pour le Liban. Le ministre Fakhoury en a-t-il profité lors de sa visite à Paris?. La France, pays phare en matière de développement agricole, entend définir un nouveau statut pour ses agriculteurs. La nouvelle loi vise à organiser la «triple fonction» des agriculteurs d’aujourd’hui: économique, sociale et environnementale. Qu’en est-il au Liban? Le monde rural, et principalement agricole, n’a cessé, depuis les migrations professionnelles qui ont accompagné le boom économique pétrolier des années 60-80, de s’appauvrir en matière de bras et de cerveaux agricoles. Les résultat, en 1998, est une production agricole libanaise à rendements faibles et de qualité médiocre. Par ailleurs l’affaiblissement des producteurs de matières premières face à la transformation et à la distribution, appauvrit les agriculteurs, et accentue leur désir de se reclasser dans d’autres activités. Or l’équilibre du Liban exige une répartition harmonieuse des forces vives du pays, tant sectorielle que géographique. Pourtant, rien ne semble envisagé à ce niveau par les pouvoirs publics. Au même titre que la nouvelle loi française d’orientation agricole, nous avions depuis plus de 15 ans déjà, souligné les fonctions de l’agriculture libanaise aux niveaux de la société, de l’économie et de l’environnement. Nous y avions ajouté depuis bientôt 4 ans, une fonction relative à la sécurité alimentaire. Si cet aspect ne semble pas essentiel en France, pays excédentaire, il revêt un caractère vital pour le Liban, qui importe près de 80% de ses besoins alimentaires. Or le gouvernement libanais de la reconstruction n’a pas jusqu’ici envisagé ces 4 fonctions, ni dans des réflexions, ni dans des considérations et encore moins dans des lois d’orientation. En fait, une telle loi n’existe simplement pas au Liban. Dans ces conditions, aucun plan digne de ce nom n’existe en matière de développement de l’agriculture libanaise. De ce fait, les négociations qui ont lieu entre les responsables libanais et leurs homologues des pays amis, telle la France, se cantonnent dans des aspects ponctuels à l’intérêt fort limité et aux résultats douteux. Ni les négociateurs libanais sont à même de présenter et de défendre des dossiers solides, ni les amis du Liban sont à même de cibler les domaines d’un intérêt mutuel. Loin de tout jugement de valeur sur les derniers accords franco-libanais en matière de coopération agricole, le ministre de l’Agriculture aurait beaucoup à profiter de l’étude approfondie de la nouvelle loi française d’orientation agricole et pourrait prendre de la graine dans l’intérêt des agriculteurs libanais.
C’est avec plaisir que les agriculteurs ont appris la signature d’un accord franco-libanais de coopération dans le domaine agricole. Cette tradition, aussi vieille que le Mandat, avait déjà assuré de brillantes réalisations à partir de 1948, dont le fleuron restera l’Institut de recherche agronomique libanais devenu, en son temps, l’un des plus importants de la...