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Actualités - CHRONOLOGIE

L'euro dans la douleur ... (photo)

Fête gâchée ou simple péripétie: le lancement historique de l’euro avec onze pays s’est fait dans la douleur ce week-end à Bruxelles, lors d’un sommet dominé par la querelle sur la nomination du premier président de la Banque centrale européenne (BCE). Les chefs d’Etat et de gouvernement des quinze pays de l’UE, venus sabler le champagne pour fêter la naissance de l’euro, ont dû en fait livrer une bataille acharnée de plus de onze heures avant de se mettre d’accord sur la BCE (LIRE P. 12 ET 13 NOS DEPECHES DETAILLEES). La présidence de la banque, chargée de la gestion de l’euro, reviendra finalement au Néerlandais Wim Duisenberg mais seulement pour un mandat de quatre ans au lieu des huit prévus à l’origine. C’est seulement dimanche matin à 00h42 locales (22h42 GMT samedi) que la décision solennelle de lancer l’euro le 1er janvier 1999 avec onze pays a pu être annoncée. La photo de famille des quinze dirigeants européens, visiblement fatigués par d’interminables discussions bilatérales, a eu lieu vers 2 heures du matin alors qu’elle était initialement prévue en début d’après-midi. Comme prévu, onze pays seront donc les fondateurs de l’euro au 1er janvier prochain: l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Finlande, l’Irlande et l’Autriche. Mais cette décision, qui restera dans l’Histoire, a été éclipsée par le marchandage sur la banque centrale, nouveau psychodrame européen dans la difficile marche vers la monnaie unique. La France s’est opposée aux Pays-Bas et à l’Allemagne pendant plus de dix heures d’intenses tractations. Sous la pression de Paris, le Néerlandais Wim Duisenberg, 62 ans, a finalement accepté d’écourter son mandat, de huit à quatre ans, afin de permettre à son concurrent français Jean-Claude Trichet, 55 ans, actuel gouverneur de la Banque de France, de prendre sa succession. Les dirigeants européens ont reconnu que l’accord historique s’était fait dans la douleur mais se sont empressés d’insister sur le caractère de «simple péripétie» de l’événement. «Les articles que vous écrivez aujourd’hui sont des chiffons de papier. Que vous y croyez ou non, c’est aujourd’hui un jour historique. C’est un fait, l’euro est là», a lancé le chancelier allemand Helmut Kohl à une presse allemande hostile qui lui reprochait d’avoir accepté un «compromis boiteux» sur la présidence de la BCE. Un signal clair aux marchés «Que se serait-il passé si j’avais dit: «il n’y a pas d’accord». Cela aurait été terrible», s’est justifié Helmut Kohl, le visage décomposé, visiblement irrité par la batterie de questions critiques des journalistes allemands. Le président français Jacques Chirac a choisi de prendre la chose du bon côté: «Il est frappant de constater que les choses, tout à fait essentielles comme une réforme monétaire historique, se font tranquillement et que les questions que l’on considérait comme des questions de détail posent toutes sortes de problèmes». «C’est la vie!», a-t-il ajouté. En sa qualité de président en exercice de l’UE, le Britannique Tony Blair a relativisé la querelle pour la présidence de la BCE. «Pour un moment aussi historique, onze heures ce n’est pas grand chose», a-t-il dit. Pour rassurer les marchés financiers dès lundi, les Quinze ont pris une décision technique très importante: les taux de change bilatéraux entre les onze monnaies de l’euro correspondront exactement le 1er janvier aux actuels cours pivots au sein du Système monétaire européen (SME). Répercussions sur les monnaies européennes Leur annonce dès maintenant a pour but de lancer un signal clair aux marchés que toute spéculation pendant les huit mois avant l’avènement de l’euro serait inutile et surtout coûteuse. Malgré l’empoignade sur la présidence de la BCE, les monnaies membres de l’euro devraient peu bouger lundi sur les marchés des changes estiment des analystes financiers, selon les premières indications. Reste à savoir quel sera le comportement de ces monnaies, en particulier du Deutsche mark par rapport au dollar. Une hausse du DM par rapport à la devise américaine serait interprété comme un signe de confiance et une baisse assez forte comme un signe de méfiance envers l’euro, explique-t-on à Bruxelles. Le lancement de l’euro crée l’une des zones économiques les plus puissantes du monde, avec ses 291 millions d’habitants. Les onze pays de la future zone euro représentent 20% des exportations mondiales devant les Etats-Unis (16%) et le Japon (7%), avec un confortable excédent commercial.
Fête gâchée ou simple péripétie: le lancement historique de l’euro avec onze pays s’est fait dans la douleur ce week-end à Bruxelles, lors d’un sommet dominé par la querelle sur la nomination du premier président de la Banque centrale européenne (BCE). Les chefs d’Etat et de gouvernement des quinze pays de l’UE, venus sabler le champagne pour fêter la naissance de...