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Actualités - ANALYSE

Changement de style au niveau du pouvoir Désormais le régime assume aussi la responsabilité

D’entrée de jeu, le président Lahoud a sermonné le nouveau gouvernement: l’échec, lui a-t-il lancé lors de sa toute première réunion, est strictement prohibé. Il va donc falloir réussir «pour répondre aux espérances des Libanais…» Mais cet ordre, le général se le donne aussi à lui-même. Car il entend assumer, il l’a dit, pleinement sa part de responsabilité en cas de déconvenue. En d’autres termes, en revendiquant une responsabilité dont la Constitution le dispense, le chef de l’État modifie le système. Et en fait un régime présidentiel. À cette nuance près qu’il subsiste un gouvernement et que des revers affecteraient l’ensemble des mécanismes actifs de l’État, qui, dans sa conception pratique, ne forme plus qu’un seul tout. Ce qui, on le sait, était loin d’être le cas sous le précédent régime. Dans l’optique des néo-loyalistes, il est temps de faire cesser cette absurdité qui veut que le président ne soit pas responsable, alors même qu’il est souvent l’initiateur des actes du gouvernement, qu’en tout cas, il participe à ses travaux et signe les décrets. Dès lors la responsabilité se trouve à leur sens répartie entre tous les membres d’un pouvoir qui forme une équipe unie. Cela permet, entre autres avantages, une meilleure cohésion, donc plus d’efficience. Et met un terme aux querelles intestines entre dirigeants qui ont tant porté préjudice au pays. Logique imparable et réconfortante Une logique imparable et réconfortante. À cette nuance près que, sauf improbable révision de la Constitution, ce n’est pas le président de la République qui répond des actes du pouvoir devant l’Assemblée nationale, mais le gouvernement, solidairement ou même ministre par ministre. On ne verra donc plus, comme par le passé, disent les néo-loyalistes, le régime se targuer de réussites et imputer les échecs «aux autres». Tout le monde se fera applaudir ou dénigrer en bloc. Il n’y aura plus de «charcuterie au détail» selon l’expression chère au président Chafic Wazzan et tout se traitera en gros. Le hic, soit dit en passant, c’est que dans un char de l’État aux éléments si bien soudés on ne trouverait plus de roue de secours, en cas de dérapage… Sur le plan concret l’implication accentuée de la présidence de la République se traduit par une dynamisation des services dont elle dispose. À ce propos, certains ont cru pouvoir parler de «gouvernement de l’ombre» ou de «nouveau dualisme», par référence au chéhabisme. Mais les néo-loyalistes répliquent que «la structuration de la direction générale de la présidence de la République a toujours existé sur le papier et si elle n’avait pas connu de concrétisation c’était à cause de la guerre puis de ses retombées». On a donc défini le champ d’action de chaque département relevant de cette direction, pour que le chef de l’État puisse suivre de près tous les dossiers publics, politiques, financiers, sociaux, économiques, sécuritaires, médiatiques, administratifs ou judiciaires. Les départements concernés cessent d'être vides de personnel et de sens. Le bureau des études, par exemple, va regrouper des experts qui passeront au scanner les différents rapports remis par les ministres ou les ministères à la présidence de la République. Et qui effectueront eux-mêmes des études sur nombre de sujets d’intérêt public. Pour minimiser les risques de prise de décision sans véritable connaissance de cause. De son côté, le bureau de réclamations ne se contentera pas d’engranger les plaintes des citoyens, mais s’efforcera d’en assurer le suivi auprès des administrations concernées. Le service médias voudra pour sa part ajouter aux informations diffusées en direction de la presse des analyses. Le département du budget et des finances s’occupera comme son nom l’indique de la loi de finances, de son application et du traitement du déficit budgétaire. Et ainsi de suite pour les autres directions comme les affaires sociales, les affaires économiques, les affaires pédagogiques ou les questions technologiques.
D’entrée de jeu, le président Lahoud a sermonné le nouveau gouvernement: l’échec, lui a-t-il lancé lors de sa toute première réunion, est strictement prohibé. Il va donc falloir réussir «pour répondre aux espérances des Libanais…» Mais cet ordre, le général se le donne aussi à lui-même. Car il entend assumer, il l’a dit, pleinement sa part de responsabilité en...