L'espérance du jour qui vient

par Charles HÉLOU Le bonheur ne cessera pas de susciter l’envie et la haine; les richesses ne cesseront pas de déchaîner les convoitises, – et c’est toujours qu’il faut défendre les champs paternels contre les maraudeurs. Les illusions du pacifisme – et de tant d’années de désarmement à outrance – s’écroulent au bruit du canon. Entre la paix sans honneur et le recours aux armes, chacun a dû choisir. Dans la guerre recommencée, voici pourtant un répit, une nuit de recueillement, où les cris des hommes et les tumultes intérieurs sont dominés par la parole de Dieu. Voici l’heure où, malgré les tristesses, les angoisses et les déceptions qui paraissent les plus cruelles, jaillit une merveilleuse, une incompréhensible, une étonnante espérance. Selon le poète Péguy : – «L’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne «Moi-même «Ça c’est étonnant «Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin... «Il faut que ma grâce soit d’une force incroyable...» C’est l’inlassable espérance qui donne un sens à tout : à la vie, à l’amour, à l’effort, au sacrifice. Sans elle, des millions d’êtres, une multitude de souffrances et toutes les fidélités demeureraient d’indéchiffrables énigmes. Dans les périodes comme celle que nous traversons, où les ténèbres risquent de tout submerger, que deviendrait le monde sans cette flamme, cette lumière et cette chaleur? Dans l’an qui vient, nous ne trouverons que ce que nous apportons : nos dispositions intérieures, notre courage ou nos fléchissements. Cela seul compte en définitive. Que chacun, s’il veut connaître ce que lui réserve l’avenir, fasse un examen de conscience au lieu de scruter les astres. Que répète saint Jean bouche d’or : «Où est la victoire, ô mort, où est ton aiguillon?»